Chapitre 23

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Elena



Je m'extirpe de ma chambre, après la bonne heure de silence que je me suis accordée. Lorsque je retourne à l'observatoire, je le retrouve sans surprise assis devant la lunette du télescope. La nuit vient juste de tomber et je ne m'en étais même pas rendue compte.

J'ai réussi à ne pas pleurer, à rester forte malgré la douleur. Depuis ma discussion avec Ian sur la nappe de pique-nique, j'ai réalisé que ça faisait deux ans que j'étais dans le déni. Maintenant que je commence à comprendre la réalité de la mort, le vide dans ma poitrine est encore plus grand.

J'essaie de rester courageuse, il n'aurait pas voulu me voir triste.

Quand j'atteins le deuxième siège à côté de Ian, je m'installe et lui lance un petit sourire.

— Ça va ? demande-t-il, une pointe d'inquiétude dans la voix.

Je hoche la tête pour toute réponse.

— Bon... Puisque nous avons terminé notre journée de travail. Est-ce que ça te dirait d'observer les planètes du crépuscule ?

Mes lèvres s'étirent un peu plus joyeusement.

— Laisse-moi deviner... Hum... Vénus et Mars ?

— Aie. Vous me décevez madame Dawson. C'est Vénus et Jupiter, en ce moment.

Il plisse les yeux pour se moquer de moi.

Petit arrogant !

Je lui tapote l'épaule en riant. Mon corps se réchauffe en sa présence. On ne se connaît depuis quoi ? Trois semaines ? Et il sait déjà comment réussir à me faire rire. Soit, il a un don pour déceler les autres, soit on est bien plus complémentaire que ce que je croyais.

Il dépose un rapide baiser sur ma joue et me tend la lunette.

— Allez, Elena. Laisse-toi baigner par la magie de l'espace, chuchote-t-il à mon oreille.

La sensualité dans le ton de sa voix grave me fait vibrer. Je déglutis pour masquer le sursaut dans ma poitrine et m'approche de l'oculaire. J'ajuste la position du télescope jusqu'à tomber sur une magnifique boule lumineuse et jaunâtre.

La belle Vénus, la planète la plus brillante du système solaire, que beaucoup confondent avec l'étoile du Berger – tout aussi lumineuse néanmoins, mais qui est une étoile et non une planète.

Mon sourire ne se détache plus de mon visage. À mesure que j'ajuste la netteté de la lunette, un certain réconfort m'enveloppe, telle une couverture douillette. C'est la puissance de la passion, la puissance de cette fameuse magie de l'Univers dont Ian parle tout le temps. La beauté des astres et des objets spatiaux n'ont aucune valeur.

Retrouver le plaisir d'apprécier cette beauté me comble d'un bonheur inqualifiable.

Je ris de bon cœur en passant la vue à Ian.

— Oh... Magnifique, s'exclame-t-il en enroulant son bras libre autour de mes hanches.

Je me blottis contre lui, d'un naturel évident. Il nous ramène aux constellations tandis que la nuit avance dans le temps. Cette nuit sombre qui résulte du mouvement rotationnel de la Terre sur elle-même. Contrairement à ce que certains pensent, le soleil ne se couche pas. En fait, il ne bouge jamais, c'est nous qui pivotons sur l'axe de notre belle planète bleu.

— Petit Quizz improvisé, chère Elena.

Son sourire en coin fait battre mon cœur un peu plus fort.

Les étoiles dans tes yeuxWhere stories live. Discover now