Chapitre 25

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Ian



— « Tout ce que l'on rêve est fiction, et tout ce que l'on accomplit est science, toute l'histoire de l'humanité n'est rien d'autre que de la science-fiction. »

Un grognement sourd me répond. Mon sourire amusé me trahi.

— Ray Bradbury.

— Hum...

Elena se dépêtre avec ses épais cheveux noirs pour tourner son visage dans ma direction. L'oreiller se plis sous son poids. Je m'approche et embrasse ses lèvres étirées.

— Rassure-moi, tu connais au moins Fahrenheit 451 ?

— C'est quoi ? Un labo ?

Non ? Vraiment ?

Je suis certain de percevoir une fissure dans mon cœur, tel un miroir qui s'ébrécherait. Elle me fait mal là. Comment ne peut-elle pas au moins connaître un des classiques de la science-fiction ?

Je m'esclaffe pour masquer mon effroi.

— Non, c'est un roman de science-fiction qu'il a écrit. Un de ses plus populaires, d'ailleurs.

— Et ça parle de quoi ?

À la fin de la journée, elle aura entièrement brisé mon cœur. Les lèvres pincées, je réponds :

— C'est une sorte de dystopie qui nous dépeint un futur très sombre et totalitaire. Quand tu regardes certaines nations, on n'est pas loin de la fiction. Même si ça reste dans les extrêmes.

— Hum...

Je secoue la tête tandis qu'elle referme les yeux, peu intéressée par ce que je lui raconte. À mon tour, je me réinstalle pour l'observer dormir paisiblement. Je ne me lasserai jamais de cette vision. Ses cils qui papillonnent, comme si, même pendant son sommeil, elle ne pouvait pas s'empêcher de tout calculer à la seconde près. Elle a ce petit tic quand quelque chose ne va pas dans son sens. Je l'avais déjà remarqué, mais c'est étrangement plus visible ces derniers temps. Le début de son sourcil gauche qui retombe vers le bas et le début de son sourcil droit qui se dresse vers le haut. Comme si elle débattait avec ses différentes personnalités sur le bon choix.

J'adore ces petites choses que je remarque chez elle. Ça la rend unique à mes yeux, ça fait battre mon cœur encore plus fort.

Mon doigt caresse sa joue, repoussant doucement une mèche collée à sa lèvre. Elle lèche celle-ci en sentant un manque et marmonne un petit bruit. Une délicieuse chaleur envahit ma poitrine et mon ventre. Je suis tellement attaché à elle. Non plus une collègue, une amie, elle est devenue presque un pilier pour moi. Elle me comprend comme personne tout en me rejetant par moment sans qu'elle ne s'en rende compte. Savoir que je bouscule ses barrières me remplit de bonheur. J'ai l'impression d'avoir aussi de l'importance pour elle et il n'y a pas meilleur sentiment que de se savoir aimé en retour.

Parce qu'en un sens, elle a aussi bousculé ma vie.

Une trentaine de minutes plus tard, nous échangeons notre passage à la douche. Enfin ! Échanger est un bien grand mot, puisque je la rejoins pour l'aider à se rincer, tout en glissant quelques baisers par-ci par-là. La chair de poule dévale mes bras à chaque fois que je l'entends gémir. Un son particulièrement agréable.

Et dire qu'il y a une semaine, elle était prête à m'étriper pour avoir simplement osé poser mes doigts sur les siens et mes lèvres sur les siennes. Bon, j'avais peut-être exagéré, c'est vrai.

Les étoiles dans tes yeuxWhere stories live. Discover now