Chapitre 5

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Elena


Mes baskets éjectent la poussière du sol rougeoyant à mesure que je le martèle. J'écoute le son agressif du vent qui fouette mes oreilles. Ça me permet de ne pas penser, de rester concentrée. Si je me perds dans mes pensées, je crains de passer une nouvelle nuit blanche à fixer le plafond sans pouvoir faire taire mes voix intérieures. 

Je soupire en ralentissant ma course lorsque j'atteins le panneau, au bout de la route qui indique la zone interdite. Une manière de protéger les constructions de la NASA : les cacher au public. Du moins, certaines. 

Je ne cesse de repenser à ce que Ian m'a dit hier. Que c'était son paradis. Comment peut-on aimer travailler ici ? N'en a-t-il pas marre d'observer toujours les mêmes choses ? De rester coincé ici sans vie sociale ? J'en viens à me demander sérieusement depuis combien de temps il vit ici ? 

Je n'ai rien su répondre à ce qu'il m'a dit. Ma bouche est restée entrouverte, les mots bloqués dans ma gorge. Il s'est tourné comme si tout allait bien et s'est mis au travail sans un mot de plus de toute la journée. J'ai fait de même, en essayant de me familiariser avec tous les logiciels et les ordinateurs. J'ai feuilleté quelques manuels d'instructions. Pas que je ne sache pas utiliser un télescope, voyons. Je voulais être certaine qu'il ne s'agissait pas non plus d'un nouveau système de fonctionnement. 

J'ai tripoté les lunettes et vérifié que l'oculaire était nickel. J'ai senti le regard de Ian sur moi, à ce moment-là, et lui ai brièvement répondu d'un rapide coup d'œil. Il n'a pas dit le moindre mot, me laissant étudier les lieux avec silence et concentration. Chose étonnante, à moins que je me sois trompée à son sujet. 

Il m'observait comme si je touchais quelque chose de précieux et qu'il me surveillait. C'était un regard si sérieux que j'ai préféré retourner à mon poste ordinateur. 

Nous voilà déjà le troisième jour. 

Je vérifie l'heure sur ma montre connectée. Il ne doit pas encore être levé de ce que j'ai compris. Je n'ai pas entendu sa porte de chambre cette nuit, tandis que je scrutais mon plafond intact. Je suis allée me servir une tisane à 4 H du matin, dans ma petite cuisine intégrée à l'intérieur de mes appartements, et la lumière sous ma porte de chambre était encore allumée. 

Je me demande ce qu'il y a de si plaisant à bosser la nuit. 

Je reprends un peu mon souffle et m'étire avant de récupérer le chemin dans le sens inverse. J'ai décidé d'aller rendre visite aux scientifiques de maintenance pour me présenter. Afin de voir d'autres civilisations que mon collègue de prison. 

Oui. C'est une prison, je ne vois pas d'autre mot. 

Lorsque j'arrive au sommet, je me dirige vers les bâtiments de sécurité que mon plan m'indiquait. Je l'ai trouvé plié sur mon lit, le premier jour. Comme une sorte de carte au trésor du site. 

 Je croise deux hommes qui me saluent d'un simple mouvement de tête. Rien de plus ? 

D'accord, pourquoi pas. Je secoue la tête et poursuis ma démarche. Je toque une première fois avant d'entrer dans une pièce éclairée, avec des nombreux écrans empilés. Trois hommes se tournent vers moi, cette fois vêtus de vêtements de sécurité. L'un d'eux se lève à mon arrivée et m'offre un large sourire de bienvenue. Je lui serre la main en lui répondant de la même façon. Aussi surprenant soit-il à sa carrure baraquée et sa hauteur, il m'inspire tout de suite confiance.

— Bonjour, Madame Dawson ! Bienvenue au poste de sécurité, je suis l'agent Call. Que puis-je faire pour vous ? 

— Enchantée, agent Call. Je suis juste venue faire un tour pour rencontrer tout le monde. 

Les étoiles dans tes yeuxWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu