Chapitre 8

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Ian


Un grognement agacé s'extirpe du fond de ma gorge. J'attrape avec vigueur le talkie-walkie qui ne cesse de grésiller.

— Quoi, encore ?

— Ouh là, ça ne va pas, petit Ianinou ?

— Arrête avec ce surnom débile. Qui est-ce qui ne fonctionne pas aujourd'hui ?

Un soupir me parvient, écho au mien.

— Adisha. Je n'arrive plus à capter son signal.

— Pourquoi il faut toujours que tu viennes me demander mon aide ? Tu as une équipe avec toi, qu'en pensent-ils ?

Je pivote sur mon siège. Chan a une telle passion pour les paraboles – ce que j'ai toujours trouvé étrange, mais soit – qu'il leur donne des surnoms. Après presque un an passé ici, j'ai fini par retenir tout leur petit nom.

— Eh bien... Ils sont encore trop occupés avec la station radar. Et ça me fait passer du temps avec mon meilleur pote ?

Il me pose cette question rhétorique pour m'embêter. Il sait que je ne résisterai pas à cet appel. Ma poitrine se comprime légèrement et je secoue la tête.

Mes émotions auront raisons de moi, un jour.

— J'arrive. Mais pour la peine, je veux ton dessert, ce soir.

Un pouffe résonne dans le combiné de l'appareil. Je suis peut-être énervé aujourd'hui à cause de la nuit dernière, mais ce n'est pas une raison pour que ma journée soit totalement ruinée.

J'éteins l'appareil et m'extirpe vers l'extérieur avant de croiser l'étrangère qui dort de l'autre côté du couloir.

Oui, je vais la surnommer ainsi maintenant. Elle n'a que ce qu'elle mérite à me prendre de haut. De quel droit elle s'est permise de me dire que mon travail n'était pas compétent, n'était pas important ?

Quand on touche à ma passion, il n'y a plus de retour en arrière. Elle n'est pourtant pas la première à me lancer cette critique en pleine figure. Avec le temps, j'ai fini par me renforcer devant ce type de remarque.

À croire que ce sont toujours les rêveurs de ce monde qui sont jugés.

Je n'attends pas une minute de plus pour sortir. Le soleil entame son coucher, teintant le ciel de magnifiques nuances orangées et violacées. Je déboutonne ma blouse blanche lorsque j'arrive à la hauteur de Chan. Il descend de son petit escalier métallique portable et me salue.

— Alors. Adisha, hein ?

Il réinstalle ses lunettes et pose ses deux pieds au sol. De la poussière ocre s'échappe de sous ses semelles tandis que le vent fouette ses cheveux.

Une des paraboles satellitaires se dresse devant nous. Elle fait au moins trois fois la taille d'un homme moyen. Ce qui la rend plus impressionnante encore que ses données. Une autre merveille instrumentale, avec le télescope, qui nous permet de faire apparaître les objets célestes par le spectre complet de la lumière. Ces paraboles nous permettent également de surveiller les mouvements de chaleurs et les éventuels objets passants près de nous.

Une simple précaution. Nous ne sommes à l'abri de rien, les dinosaures l'ont bien compris.

Chan et moi travaillons dessus une bonne partie de la soirée. Entre calibrages et resserrages de boulons, la nuit tombe pendant que je réajuste sa position à l'aide d'une application télécommandable sur la tablette de Chan.

Les étoiles dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant