Chapitre 30

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Elena



Je décapuchonne mon stylo, ferme ma valise, la fait rouler doucement jusqu'à la porte pour ne pas réveiller Ian et m'arrête, la main sur la poignée de mon studio.

C'est terminé.

Je détaille ma chambre pour la dernière fois. Ce cocon qui a été le mien pendant un long mois. J'ai l'impression d'y en avoir passé plusieurs. Chaque souvenir restera gravé dans ma mémoire.

J'inspire et ferme doucement la porte. Ce n'est plus la peine d'avoir mal, d'être nostalgique. Toutes les belles choses ont une fin.

Oui, allez, Elena. Ce ne sera pas si dur, tu verras.

Une fois rentrée chez moi, une fois dans les bras de mon père, tout ne sera plus que souvenir et le trou dans ma poitrine se refermera tout seul.

Je dépose la lettre que j'ai écrite à Ian sur son clavier d'ordinateur et me mord la lèvre pour retenir les larmes qui montent. C'est cruel, j'en ai bien conscience. Mais je ne pourrais pas supporter de voir son cœur se briser dans son regard. C'est déjà assez dur.

Il comprendra.

Bien que j'en sois intérieurement peu convaincue, je fais tout de même demi-tour et sors par la porte bétonnée.

Oui, même toi tu me manqueras fichue porte.

Les roues de ma valise crissent contre les petits cailloux du terrain. La voiture que la NASA a fait monter pour moi est déjà là. Le chauffeur hoche la tête pour me saluer.

J'ai l'impression d'avancer tel un robot automate, sans aucune émotion. Une sorte de brise glacée souffle en moi. Je me sens vide. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose.

— Madame Dawson, bonjour.

— Bonjour, réponds-je faiblement.

Ma gorge est comprimée. Aussi froide espère-je être, j'ai beaucoup de mal à contrôler la douleur sourde qui m'étreint.

Je lui tends mes bagages qu'il s'empresse de ranger dans le coffre de son gros véhicule noir. J'ai la sensation d'avoir un organe vitale qui pèse une tonne. Je pose une main sur ma poitrine avant de pénétrer dans la voiture. Le siège est aussi moelleux qu'il y a un mois. Les souvenirs de mon premier jour me reviennent brutalement en mémoire tandis que j'attache ma ceinture.

La première fois que j'ai traversé la cour, le premier regard que j'ai échangé avec Ian et son embrassade plus que déplacée. Un léger rire me secoue en me rappelant ma rencontre avec lui. Je suis folle.

Les larmes que je retenais ne tardent plus à faire leur apparition.

Je porte rapidement un mouchoir à mes yeux pour les essuyer pendant que le chauffeur s'installe et démarre le moteur.

— Je vous conduit à l'aéroport, nous en aurons pour quelques minutes. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas, m'informe-t-il avec un accent prononcé.

J'acquiesce et le remercie lorsque la voiture se met à vrombir.

Elle à peine le temps de rouler trois secondes que le chauffeur pile. Des cris résonnent à l'extérieur. Je fronce les sourcils et vérifie derrière nous. Mon cœur bondit violemment lorsque je découvre Ian courir derrière le véhicule.

Boum. Boum. Boum. Boum.

Mais qu'est-ce qu'il fait ?!

Le chauffeur me lance un regard depuis le rétroviseur.

Les étoiles dans tes yeuxWhere stories live. Discover now