Chapitre 6

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Elena


La nuit tombe dehors. Je m'apprête à quitter le bureau pour aller manger dans ma chambre lorsque la porte d'entrée s'ouvre. Ian rentre enfin. Je pince les lèvres, nerveuse. Comme si j'avais peur de me retrouver en face de lui. Pourquoi ? Sans doute parce que notre dernière conversation s'est terminée sur une tension que je n'ai su définir.

Je déglutis et le salue d'un bref mouvement de tête. Il me répond avec un large sourire et se frotte les mains l'une contre l'autre.

— Il fait peut-être chaud la journée, mais ça caille le soir, m'informe-t-il.

— La parabole se porte mieux ?

— Oh oui ! Ce n'était qu'un souci d'ajustement de cible. Je dois encore faire mon petit rapport sur mon ordinateur, mais tout est OK. J'ai sauvé la situation !

Il est si enthousiaste. Et pas du tout prétentieux. Je lève les yeux vers les étoiles, un mince étirement sur les lèvres.

— Bien sûr. Notre sauveur.

Ian se fige un instant avant d'éclater de rire. Quoi ? Qu'est-ce que j'ai bien pu dire de si amusant ? Pour une fois que je suis allée dans son sens.

— Quoi ? bougonné-je.

Il secoue la tête. Son sourire est de plus en plus lumineux – ou c'est l'éclairage qui a lui aussi un problème d'ajustement ?

— Rien. Bonne nuit, Elena.

Je...

— Bonne nuit, Ian.

Boum

Nous échangeons un sourire complice et simple.

Boum

Il n'a fait aucune réflexion sur ce midi, comme si j'avais imaginé cette lueur profonde et mélancolique dans son regard.

Il me passe à côté sans un mot de plus. Le couloir étant étroit, son parfum vient caresser mes narines. Une odeur tout à fait atypique que je n'avais jamais sentie avant. Un mélange que je ne saurais décrire, mais que... J'apprécie.

Boum

Je deviens folle.

***

— Elena ? s'écrie Angélique, ma collègue française à la NASA.

Elle remonte ses lunettes carrés sur son petit nez devant l'écran.

— Salut Angélique. Comment tu vas ?

— Ouah ! Super ! Je suis trop contente de pouvoir te parler par vidéo. Mais ne traînons pas, je ne dois pas rester trop longtemps dans le labo pendant la pause des ingé'. Ils pourraient me prendre en flagrant délit !

Je secoue la tête en riant.

— Ce n'est pas non plus interdit de me parler, tu sais. Je ne suis pas en prison, rectifié-je pour elle – et moi-même.

Elle acquiesce et commence à manger sa salade d'épinards tout en me racontant les derniers potins de l'équipe. Angélique est un peu comme une amie. Nous avons été très proches dès notre entrée à la NASA et nous avons eu beaucoup de chance de nous retrouver dans la même équipe. Même si son domaine est plus technique que le mien, nous avons toujours eu une bonne entende sur les projets que nous avons réalisés ensemble.

— Et comment avance le projet QuasarX ?

Elle mâchonne sa bouchée et grimace.

— En fait, assez mal. Ils essaient de nous trouver un intermédiaire étranger pour nous aider à avancer en ton absence, mais il n'a pas... ta vision procédurale du projet et c'est compliqué.

Les étoiles dans tes yeuxWhere stories live. Discover now