Nos âmes tourmentées

Chapitre 11

Hélios

-J'ai encore gagné ! annonce fièrement Éléonore.

Mais comment elle fait ? Cette petite n'a que huit ans et c'est déjà l'une des adversaires les plus redoutables qui m'ait été donné d'affronter aux échecs. Enfoncé dans mon fauteuil, je me frotte le crâne en me demandant quel est son secret.

-Tu veux retenter ta chance ? demande-t-elle malicieusement.

Son goût de la compétition m'amuse énormément. Je remets les pions en place quand je l'aperçois, Miss singulière ... Elle est en train de laver les grandes vitres de la véranda et de là où elle est elle ne peut pas me voir. Je profite de pouvoir de l'observer à ma guise en me perdant dans mes fantasmes.

-Hélios allô la Terre !

C'est la voix stridente d'Éléonore qui met fin à mes scénarios indécents, quel dommage !

-Pardon Lenny. J'ai un truc à faire, on remet ça à plus tard ?

Elle est déçue et je m'en veux de voir ses petits yeux gris aussi tristes. Mais c'est plus fort que moi, je suis obligé de partir. Je dépose un baiser sur la joue de ma petite sœur qui finit quand même par sourire.

Effy est toujours occupée à laver ses carreaux quand j'arrive dans la véranda. J'avance à pas de loup en espérant qu'elle ne me verra pas arriver. Ce qui ne risque pas de se passer vu le volume de la musique qui sort de ses écouteurs. J'arrive à me placer juste derrière sans qu'elle ne me remarque. Mes mains se posent sur le creux de ses reins et je la pince doucement. Dans un sursaut elle se retourne le souffle court.

-T'es malade ! J'aurais pu faire un arrêt cardiaque !

La peur dans sa voix me fait rire et ça semble l'énerver.

-Qu'est-ce que tu me veux encore ?

-Tu as réfléchi ?

-Ça frise le harcèlement à ce stade.

Elle n'a pas vraiment tort.

-Tu n'as qu'à dire oui au moins tu seras débarrassée de moi.

-Pourquoi j'ai l'impression que c'est un mensonge.

Elle esquisse un sourire en coin et je mets à rire nerveusement.

-Tu ne me fais pas confiance ?

-Jusqu'ici tu ne m'as pas vraiment donné de raison de le faire.

Son ton est arrogant depuis qu'elle a découvert qui j'étais réellement mais au lieu de me faire fuir ça ne fait que grandir l'intérêt que je lui porte.

-Allez dit oui, tu ne le regretteras pas.

Elle roule des yeux et resserre les bras sur sa poitrine.

-C'est d'accord ! Mais je tiens à ce que tu saches que je me suis renseignée sur toi et j'ai découvert ta réputation de coureur de jupon. Si tu crois une seconde que tu parviendras à me mettre dans ton lit tu te mets le doigt dans l'œil. Je ne suis pas comme toutes ces filles débiles !

-Eh bien pour une fois on est d'accord.

-Tu as bien compris ce que j'ai dit?

-Oui j'ai bien compris mais je veux que tu saches quelque chose à ton tour.

-Je t'écoute.

Toujours cet air supérieur, sa tête haute et ses bras serrés. J'ai envie de faire un peu trembler l'armure. Je me rapproche d'elle et resserre l'écart entre nos corps. Sa respiration s'accélère mais elle ne lâche rien. C'est quand ma bouche se colle au creux de son oreille que son corps commence à vaciller.

-Je n'ai pas l'intention de te mettre dans mon lit, j'ai prévu que tu y viennes toute seule.

Son rire cristallin résonne dans mon oreille. Elle ne tremble plus ou du moins pas à cause du pouvoir que j'exerce sur elle. Non elle est morte de rire.

-Il va te falloir un peu plus que de la galanterie et du mystère pour ça.

Elle me met au défi ? Elle ne sait pas que c'est le genre de chose qui éveille mon goût de la compétition à son maximum.

Attention Hélios va sortir les crocs ...