Chapitre 45

16 2 0
                                    

Effy

Depuis que j'ai ramené Hélios il y a trois jours, j'ai l'impression que mon cœur s'est déchiré en deux parties distinctes. L'une est euphorique et me fait perdre les pédales tandis que l'autre tremble de peur en freinant des quatre fers. Mais à chaque fois que je ferme les yeux Hélios se dessine sur mes paupières. Et quand je les ouvre à nouveau, je le vois encore. Il est toujours là, avec ses cheveux brillants, son regard envoûtant, sa fossette au menton et sa poupée Barbie collée en permanence à ses baskets.

La famille Hidalgo avait été invité par le Roi à passer une partie des vacances au palais et Blondie se faisait un plaisir de suivre Hélios dans les moindres recoins du château. Elle est là quand il prend le petit déjeuner dans le salon, quand il joue aux échecs avec sa sœur dans le jardin, quand il lit seul dans la bibliothèque. Elle était toujours là ! Et j'ai beau tout essayer pour faire en sorte que ce ne soit pas le cas, je n'arrive pas à m'empêcher d'être jalouse.

Mais aujourd'hui il est seul. Seul et torse nu en train de bronzer au bord de la piscine. Je frotte le même carreau depuis plus de dix minutes sans réussir à décoller les yeux de son corps parfaitement dessiné.

-Effy !

Et merde Dolorès !

-Je peux savoir ce que tu étais en train de faire ?

Le chiffon serré entre les mains je tente de lui faire comprendre que je suis simplement en train de nettoyer les vitres mais mes joues brûlées par la honte ne trahissent personne.

-Rassemble tes affaires, le Roi veut te voir dans son bureau.

Ce n'est pas la première fois qu'elle doit me faire une remontrance mais jamais elle n'avait prit la peine de me dénoncer. Mon corps tout entier me crie de ne pas la suivre, pourtant je suis obligée de le faire.

*

Je suis Dolorès à travers les grands couloirs dans un silence de mort. J'ai un tas de questions à lui poser. Des questions dont les réponses me font encore plus peur que la grande porte en bois massif devant laquelle on vient de s'arrêter.

La seule fois où j'ai aperçu le Roi en chair et en os c'était au bal masqué. Il était de loin et je n'avais rien pu distinguer de plus qu'un costume sombre et un visage fermé. Accompagné de la Reine, ils étaient les seuls à ne pas porter de masque et à ne pas s'être joint à la valse. Malgré la distance ses yeux étaient parvenus à laisser une cicatrice sur mes épaules alors que je virevoltais dans les bras de son fils. Dolorès toque trois fois et mes mains deviennent moites. Une voix rauque nous demande d'entrer. La porte s'entrouvre et elle avance la première.

-Mademoiselle Moreno est là Votre Majesté.

-Très bien laissez-nous je vous prie, répond le Roi en levant à peine les yeux.

J'implore Dolorès avec un regard de chien battu mais elle ne se laisse pas attendrir et quitte la pièce. La porte se referme et le Roi lève enfin les yeux. Si Hélios exerce une force magnétique à chaque fois qu'il entre dans une pièce, son père lui la balaie en un regard. Cet homme est terrifiant malgré sa corpulence qui n'est pas des plus imposantes et ses cheveux grisonnants. J'approche du grand bureau les mains encore plus moites et la gorge serrée.

-Asseyez-vous Mademoiselle Moreno.

Sa voix est calme mais j'ai l'impression qu'il est en train de me hurler dessus. Je lui obéis sans le quitter des yeux. Mais son regard gris se plante dans le mien et je ne trouve plus le courage de tenir plus longtemps.

-Je comprends ce qui plaît tant à mon fils, vous avez des yeux magnifiques.

-Pourquoi je suis ici ?

Nos âmes tourmentéesWhere stories live. Discover now