Chapitre 41

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Effy

Á la différence de Cendrillon j'ai eu le droit à un vieux taxi qui sentait des pieds. Tant pis pour le carrosse, moi je rentre avec le prince. On a gardé nos masques, on s'est tenu à une distance respectable et on ne s'est ni parlé, ni regardé de tout le trajet. Mais en franchissant les portes vitrées de l'immeuble Son Altesse n'a plus eu envie être sage. On a pas encore monté deux marches que déjà son corps chaud plaque le mien contre la rembarre de l'escalier. Je pousse un cri mais il l'aspire dans un baiser fougueux. Ses mains calleuses se glissent dans mes cheveux, sa poitrine se colle contre la mienne et je devine à ses coups de langue qu'il ne contrôle plus rien. C'est un baiser maladroit, rapide et trop pressé mais je le laisse faire et glisse mes mains derrière sa nuque. Ma langue se met à jouer avec la sienne et au bout d'un moment on trouve un terrain d'entente. Ce baiser nerveux se transforme en quelque chose d'avide où ni lui ni moi n'arrivons à nous repaître l'un de l'autre. Mon cerveau s'embrouille et mon corps est à deux doigts de tomber en léthargie. Une porte claque et le bruit me sort de mon hypnose.

-On ne peut pas faire ça ici, je parviens à prononcer à bout de souffle.

Hélios colle son front contre le mien et son haleine me donne des vapeurs. Il sent le scotch et l'eau de Cologne, ce fameux mélange qui m'a déjà fait perdre tout sens logique. Il défait lentement le ruban qui maintenait mon masque en place. Celui-ci tombe et j'ai comme la sensation de me retrouver nue. Mes joues sont en feu. Ça le fait rire, sa mâchoire se met à vibrer. J'aimerais lui dire qu'à cet instant je ne peux pas vivre dans le passé tellement il me maintient dans le présent. Mais le futur me fait encore peur et je veux me garder un échappatoire avant d'oser lui avouer ce que j'ai sur le cœur. Je me libère de ses bras et il se passe une main sur le visage en retirant son masque à son tour. Je sais qu'il est à bout. Je le sais parce que je le suis aussi. Mais ce qui est en train de nous submerger ne doit pas exploser dans cette cage d'escalier. Je monte trois marches et me tourne vers lui.

-Si vous voulez bien me suivre dans ma tour.

Un sourire béat se dessine sur son visage et ses iris d'encres 'enflamment. Il se mord la lèvre et alors je devine que lorsque l'on descendra ces marches nous ne serons plus les mêmes qu'en les montant.

*

On est rentré nos chaussures à la main et on a marché sur la pointe des pieds en plaquant une main sur nos bouches pour étouffer nos rires. La porte de ma chambre a grincé et on s'est glissé à l'intérieur. Elle s'est refermée et j'ai compris qu'Hélios ne voulait plus jouer à des jeux d'enfant. Ses bras m'ont emprisonné et ont déposé mon corps frêle sur le bureau. Un pot de crayon s'est renversé et je n'ai pas pu m'empêcher de le réprimander enlevant mon index en l'air. Il l'a aspiré dans sa bouche et a fait rouler sa langue autour.

Tant pis pour le bruit. Il vient de répandre une vague de chaleur dans mon corps qui me fait tout oublier autour de nous. Je deviens irrationnelle et déchire les boutons de sa chemise avant de poser mes mains sur son torse chaud. Mes doigts glissent sur sa peau nue et toutes mes peurs s'effacent. Je me laisse aspirer par ses abdominaux saillants. Tout ce qui compte à cet instant c'est ce qui est entrain de se passer entre lui et moi. Il arrache le corset de ma robe qui vaut plus que ce que je ne pourrai jamais m'offrir et je l'aide en tirant davantage sur mon décolleté. Ses doigts parcourent la dentelle de mon déshabillé et finissent par attraper le lacet qui se détend lentement. Je fais alors glisser sa chemise sur ses larges épaules et il se met à frissonner. Il tremble de la tête aux pieds, alors que sa peau est brûlante. Ses yeux deviennent vitreux et il perd peu à peu tout instinct humain. Ma robe glisse à mes pieds et sans que je n'ai rien le temps de faire, je me retrouve presque nue enroulée autour de lui. Il me dépose sur le lit et se hisse sur moi. Sa bouche laisse des baisers humides sur ma joue et descend lentement le long de ma gorge. J'étouffe un cri quand sans prévenir ses dents se referment sur l'un de mes tétons. Je sens un désir animal. Il veut prendre possession de mon corps et je le laisse faire. Sa langue dessine une ligne du creux de mes seins jusqu'à mon nombril en déclenchant un feu ardent entre mes cuisses. Son menton rêche se pose sur le triangle de mon string. Je gémis et il relève les yeux vers moi avec un sourire pervers. Je n'arrive pas à répliquer à ses affronts. Mon corps est en manque et se tortille dans l'attente qu'il me file ma dose. Mais Hélios sait qu'il a l'avantage et il veut tester mes limites. Son souffle chaud caresse mon intimité à travers le tissu et mon corps y répond instantanément. Mon bassin se cambre, mon entre jambe s'humidifie.

-Hélios..

Je l'implore.

Je n'avais jamais imploré personne, pas même pour de la drogue. Mais cet homme est plus addictif que n'importe quelle poudre. Et comme toutes ces merdes il est vicieux et il aime jouer avec mes nerfs. Ses dents emprisonnent l'élastique et elles le font descendre sur mes cuisses dans une lenteur insoutenable. J'aimerais le faire moi-même pour mettre un terme à cette attente insupportable, mais je n'y arrive pas. Ce soir je suis avec le Hélios qui fait s'incliner n'importe qui sur son passage, y compris moi. Il se débarrasse enfin du morceau de tissu et je soupire de soulagement. Mais le pire reste encore à venir. Sa langue se balade de mon mollet à mon genoux en remontant vers l'intérieur de mes cuisses. Il aura bientôt léché chaque centimètre de mon corps. Mon corps qui se tend encore plus quand il arrive sur le pli de mon aine. Sa langue monte et descend inlassablement en laissant la tempête me ballotter dans tous les sens. Puis enfin sa bouche m'aspire et alors je monte sur un canot de sauvetage. Il décrit des cercles rigoureux. J'ai l'impression d'être secouée par les vagues.
Tout ça va se terminer dans un naufrage.

Mon cœur s'emballe et mon corps s'embrase en explosant dans sa bouche. Je suis obligée de plaquer une main sur la mienne pour faire taire mes cris. Hélios embrasse mon pubis et remonte sur mon ventre jusqu'au creux de mes seins. Quand ses yeux rencontrent les miens je me noie dedans et me laisse couler au fond de ces eaux sombres. Il me demande un préservatif que je récupère avec grand mal dans ma table de chevet et après s'être dépêché de l'enfiler il s'enfonce enfin en moi. Je me cramponne à lui en labourant son dos avec mes ongles. Ses coups de reins s'intensifient. Ma bouche se colle sur la sienne, mes mains s'agrippent à ses cheveux et nos respirations s'emballent. On finit par être obligés de décoller nos lèvres pour reprendre de l'air. Ce vide creuse une plaie béante dans mon cœur. Ma tête s'enfouit dans son cou et mon bassin se colle davantage contre le sien et alors que je m'apprête à exploser une nouvelle fois, il emprisonne mes joues entre ses doigts.

-Regarde-moi Effy, je veux te voir jouir.



Ses yeux noirs me traversent et je me laisse engloutir. Les muscles d'Hélios se contractent en même temps que les miens et alors que l'orgasme nous submerge, nos âmes elles s'entremêlent.

Nos âmes tourmentéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant