Chapitre 29

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Hélios

Les choses ont beaucoup changé depuis qu'Effy est sortie de sa carapace. Malgré son cœur cabossé elle a accepté la main que je lui tendais et m'a laissé la sortir de son existence sombre, sans même se rendre compte qu'elle me sortait elle aussi de la mienne. Depuis deux semaines je vis dans une bulle où la couronne n'existe plus. Il paraît que ce sont des choses simples de la vie, mais jamais je n'avais passé de moment pareil. Enfermé dans cette petite chambre à regarder des films en noir et blanc, des heures à tenter de réaliser un puzzle de chatons ridicules et ces balades nocturnes au bord de la plage à se contenter d'écouter les vagues s'échouer. Jamais personne ne m'avait fait vivre des instants aussi simples et aussi vrais. Á chaque occasion que j'avais je flirtais avec la limite du raisonnable en ne réussissant jamais à m'empêcher de rentrer dans un jeu de séduction. Un jour j'ai demandé à ma mère si je pouvais lui emprunter sa jument et j'avais amené Effy faire une balade. J'aurais aimé que cette soirée reste figée dans le temps. Le couché de soleil, la houle qui caressait le sable chaud, le bruit de respiration des chevaux lancés au galop, les cheveux d'Effy volant au vent et son sourire. Un sourire que je ne connaissais pas encore. Un sourire vrai. Elle avait eu envie de m'embrasser. Je l'ai deviné à la manière dont son souffle s'est emballé quand Gamine, la jument isabelle de ma mère, lui avait envoyé un coup de tête qui l'avait poussé dans mes bras. Elle avait alors relevé son visage et ses lèvres s'étaient retrouvées très proches des miennes. J'aurais pu tenter quelque chose. Mais elle a baissé les yeux et j'ai compris que c'était trop tôt. Elle finira par lever le voile qu'elle s'est posé dessus. Je ne sais que trop bien à quel point il est dur de se livrer aux gens quand on a pour habitude de rester replié sur soi-même. Je ne veux pas la brusquer. Je ne peux pas parce que faire ça la pousserait à remettre ce costume que je déteste tant. Et surtout ça mettrait fin à tous ces moments magiques. J'ai toujours été un solitaire, je n'aime pas les gens. Mais elle je l'aime bien, je l'aime beaucoup. J'aurais pu me contenter de juste coucher avec elle mais plus je passe du temps à ses côtés plus j'en veux, jusqu'à arriver à un stade où je ne peux plus m'en passer. J'ouvre les yeux le matin et la première chose que je fais en me réveillant c'est lui envoyer un message pour lui proposer de passer la journée avec moi. Et à la fin de chaque journée je me couche en désirant encore plus la revoir le lendemain.

Je lutte pour ne pas trop m'attacher mais en la voyant se déhancher en petite culotte dans sa chambre sur un tube d'ACDC je me dis que c'est probablement foutu. Ses courbes m'hypnotisent. Elle a les cheveux relevés dans un chignon mal fait et un masque à l'argile verte qui lui recouvre le visage, mais bon sang ce qu'elle est sexy !Sa brosse à cheveux en guise de micro elle ondule contre Omar comme s'il était une barre de pole dance et moi je reste là, avachi sur mon fauteuil, la bouche grande ouverte comme un personnage de cartoon. Ses petites fesses rebondies se secouent juste sous mon nez. Je me retiens de les fesser. Elle fait le show en chantant à tue-tête. Je ne résiste pas à l'envie de me lever quand de son index elle me fait signe de la rejoindre. Omar est surexcité et nous le fait comprendre en montant le volume de l'enceinte. Les mains d'Effy se glissent autour de ma nuque et avec un regard provocateur elle se frotte contre moi. Je deviens fou. Mes doigts se glissent dans ses cheveux emmêlés et les agrippent avec ferveur. Son regard change alors. Elle n'a plus envie de danser n'importe comment, elle veut charmer. Et elle le fait très bien. Ses mains descendent dans les poches arrières de mon jean et sa poitrine se presse contre mon torse. Elle veut jouer, je le vois dans ses yeux. Ça tombe bien, je commençais à en avoir marre de garder les mains dans mes poches. Sa culotte rose a été une invitation dès lors qu'elle est sortie de la salle de bain. Je compte bien l'honorer. J'agrippe ses fesses froides entre mes mains chaudes. Elle étouffe un cri que je ne serais si c'était de surprise ou de plaisir. Omar hue son nom et même sous l'argile verte j'arrive à voir les joues d'Effy rougir.

-Allez bébé donne tout ce que t'as ! scande-t-il.

Elle est gênée et se desserre. Je la regarde avec un air de défi et elle se tourne vers son ami qui lui fait un sourire pervers. Alors, on se dégonfle ?

Non, ce n'est pas son genre. Elle se redresse et me scanne de ses yeux brûlants . Je déglutis en me préparant au pire ... ou au meilleure. Sûre d'elle, elle s'avance et sans que je ne comprenne comment elle me fait basculer en arrière. Je me retrouve projeté sur la chaise de bureau qui roule jusqu'à taper contre le mur. Tel une lionne en chasse elle se rapproche lentement en défaisant son chignon. Ses cheveux bouclés tombent en cascade sur ses épaules. Elle s'avance et se retrouve à un mètre de moi. Ses fesses moulées dans sa culotte rose bonbon se mettent à se trémousser juste sous mes yeux. Omar crie encore plus fort et moi je me retiens de les mordre. J'attrape les poignets du siège et enfonce mes ongles dedans pour parvenir à me contenir.

C'est pour ça qu'elle joue comme ça. Elle sait qu'avec Omar dans la pièce elle peut faire tapis en étant sûre que je me couche. Elle est maligne ...

Son corps se tortille face à moi en descendant de plus en plus bas. Au moment où son visage se retrouve à hauteur de mon entre-jambe la musique s'arrête. Effy se relève alors et ses grands yeux se plantent dans les miens.

-I'm on the Highway to the hell, chantonne-t-elle en faisant glisser sa langue sur ses lèvres.

Je ne sais pas si c'est la route de l'enfer, mais ce qui est sûre c'est que je me suis engagé dessus à pleine vitesse.

*

-Tu es vraiment sûr que ça ne fait pas un peu trop ? je demande à Omar en découvrant mon reflet dans le miroir.

Il se place derrière moi et à la façon dont il brandit fièrement son pinceau je sais qu'il est satisfait de son travail.

-Non c'est vraiment parfait ! répond-il fier de lui.

Effy essaie de rire en silence sur son lit mais je l'ai repéré à travers le miroir.

-Je te vois toi là-bas !

Elle lève les mains en l'air avec son air innocent. Je regarde mon reflet à nouveau en me disant une nouvelle fois qu'Omar en a trop fait. Je ressemble à un panda, un vrai panda ! Il ne manque plus que les oreilles et la tige de bambou et on m'enfermera à coup sûr dans un zoo. Je n'ai jamais eu peur du ridicule mais bon quand même ! Qui a envie de se laisser séduire par un panda ?

Effy se relève et vient se placer derrière moi pour admirer l'œuvre d'Omar de plus prêt.

-Qu'est-ce que tu en penses ? lui demande-t-il.

-Au moins personne ne le reconnaîtra, répond-elle sur un ton dubitatif.

Nos regards se croisent à travers le miroir et elle explose de rire.

D'accord, c'est super de l'entendre rire comme ça mais on était vraiment obligé d'en arriver là ?

J'étais emballé quand elle m'avait proposé de l'accompagner dans un festival. Mais je m'attendais plus à nos corps en sueur collés l'un contre l'autre au milieu d'une masse de fêtards.

Pas à ressembler à un animal en voie d'extinction !

Je suis tellement ridicule à côté d'elle. Elle ressemble à un personnage de conte de fée avec sa tresse ornée de fleurs et ses tournesols aux coins des yeux. La belle et la bête !

-Allez Votre Altesse vous êtes craquant en panda, dit-elle en déposant un baiser sur ma joue.

Je rougis sous mon maquillage blanc.

Aucune fille n'avait jamais réussi à me faire rougir avant elle. Ça me perturbe et des fois ça me fait même peur. Mais c'est plus fort que moi. Ses yeux me charment et je continue de jouer sans prendre en considération ce qui est en train de se passer. Mais soyons franc, les règles ont changées : le premier qui tombe amoureux a perdu.

Nos âmes tourmentéesWhere stories live. Discover now