Nos âmes tourmentées

Chapitre 37

Effy

Pour moi les rêves sont des messages que l'on nous envoie dans notre sommeil. Celui que j'ai fait cette nuit restera à jamais gravé en moi. Tout était parfait. Le bruit des vagues, la brise du vent, les bras d'Hélios, son souffle dans mon cou, tout était vraiment parfait. Jusqu'à ce qu'une goutte de vin ne vienne altérer le goût de ce doux songe. Un raz-de-marée a envahi la plage et a tout envoyé valser sur son passage, y compris nous. On a essayé de garder nos mains serrées dans ce mélange de paradis et d'enfer mais elles ont fini par se détacher. Hélios a disparu dans la marée et moi je me suis noyée. En ouvrant les yeux j'ai eu l'impression d'avoir les poumons remplis d'eau. Je me suis relevée en sursaut et j'ai poussé un cri.

Ma mère est rentrée en trombe dans la chambre et seulement à cet instant j'ai réalisé que tout ça n'était qu'un cauchemar. Pourtant tout semblait tellement réel. La violence de l'impact, mes doigts écorchés qui tentaient par tous les moyens de s'accrocher à ceux d'Hélios, l'eau qui s'introduisait dans mon corps...

-Ça va chérie ? s'inquiète ma mère en posant une main sur mon épaule.

Je cligne des yeux plusieurs fois avant de réussir à prononcer quelque chose.

-J'ai fais un cauchemar.

-Tu veux en parler ?

C'est une bonne question.

Est-ce que je dois en parler avec ma mère ? Elle sait que j'ai passé beaucoup de temps avec le prince d'Espagne mais ce qu'elle ne sait pas et ce que je ne savais pas non plus avant hier, c'est que j'en suis probablement tombée amoureuse.

-Est-ce que ce rêve a un rapport avec Hélios ?

J'hésite encore. Pourtant j'aimerais me livrer à cœur ouvert. Elle pose sa main sur la mienne et son sourire me convint.

-Je crois que je l'aime.

Elle ne répond rien et se contente de me caresser les cheveux avec un sourire en coin.

-Tu le savais ?

-Tu as la voix tellement amoureuse quand tu parles de lui, c'était difficile à rater.

Je rougis.

-Tu n'es pas furieuse ?

-Pourquoi je devrais l'être ?

-Parce que je vais nous attirer énormément d'ennuis.

Elle ne sourit plus et prend alors son air des jours de grandes leçons de morale.

-Les gens qu'on aime on ne les choisit pas Effy, on les rencontre par hasard. Peu importe ce que cette rencontre engendrera. Elle mérite que tu t'arrêtes dessus et que tu prennes le temps de découvrir tout ce qu'elle a à t'apporter.

-Ça me fout la trouille.

-Je sais ma chérie. Mais on ne se libère pas d'une chose en l'évitant, il faut la traverser. Et même si l'arrivée n'est pas celle que tu espérais tu verras que ça en valait quand même la peine.