Chapitre 50

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Effy

Tina m'a proposé d'aller au restaurant de son père pour qu'on puisse manger un bout ensemble. J'ai à peine pris le temps de changer de tee-shirt et d'essuyer mes joues noires avec une lingette avant de la rejoindre en bas de l'immeuble. La présence d'Hélios était encore partout dans ma chambre et c'était un supplice de rester ici plus longtemps. Tina m'a récupéré dix minutes plus tard et j'ai dû enfiler un masque sur mon visage. J'ai fait semblant de sourire et quand elle m'a demandé ce qui m'arrivait pour l'appeler un vendredi soir. J'ai prétendu que j'avais juste envie de passer une soirée avec ma copine, comme au bon vieux temps.

Elle n'a pas fait une seule remarque du trajet malgré qu'elle me connaisse suffisamment pour savoir quand je ne vais pas bien. Mais cette dernière année a irrévocablement creusé un fossé entre nous deux. Alors on s'est contentées de rouler avec les vitres ouvertes, la musique à fond, une cigarette chacune entre les doigts,sans parler, juste en chantant. Ça m'a fait du bien, la nuit était tombée et les problèmes de la journée avaient disparu avec elle. Alberto nous avait installé à notre table habituelle et on avait commandé un burger et un milk-shake. Alors que je m'apprêtait à croquer dans une frite Tina a posé la fameuse question.

-Comment tu vas ? m'a t-elle demandé en posant ses yeux marrons sur moi.

-Bien, ça va très bien.

Elle sait que je mens, mais elle sait aussi qu'il ne faut pas insister quand c'est comme ça. Elle se remet à manger sans me reposer de question et reprend ses bavardages sur les derniers potins des Asturies. Savoir que Raoul sortait maintenant avec Léa et que Steven était partit en prison ne m'était pas d'une grande utilité, mais ça avait au moins le mérite de me changer les idées. Un client du restaurant interrompt notre discussion en glissant une pièce dans le juke box et la voix du King commence à raisonner dans le restaurant. Tina fait signe à son père de monter le volume. Elle se lève et fait le tour de la table avant de m'attraper le bras pour que je vienne danser avec elle. Je ne suis pas super motivée, mais entre le rock et moi c'est une longue histoire d'amour. Mes jambes finissent toujours par me conduire sur la piste et mon bassin se tortille sans même que je ne lui en donne l'ordre. Je finis par céder et en une minute je passe d'une coquille vide à la jeune femme de vingt ans pleine de vie que je devrais être. Les clients tentés par notre déhanché ne tardent pas à nous rejoindre et bientôt le restaurant d'Alberto se transforme en une boîte de nuit des années soixante. Les deux minutes trente de la musique passe à une vitesse incroyable et quand j'entends la sonnerie de mon téléphone retentir je me disque c'était bien trop court. Je fouille dans ma poche et trouve une pièce que je m'apprête à enfoncer dans le juke box mais la sonnerie de mon portable retentit à nouveau. Il est posé sur la table et même si je ne devrais pas je suis bien trop tentée de voir si la photo d'Hélios illumine mon écran. Je jette un coup d'œil et découvre celle d'Omar. Je suis de bonne humeur, j'ai envie qu'il se joigne à nous et qu'on fasse la fête comme à l'époque, alors je décroche.

-Salut toi !

-Effy ?

Sa voix me tétanise.

-Effy putain c'est la merde ! Hélios t'as cherché de partout et il est tombé sur Tyler..

Je n'écoute pas la suite. Mon cœur bat tellement fort que je n'entends plus Omar, ni Tina qui m'a rejoint. Elle me regarde curieuse mais je ne lui réponds rien, le téléphone toujours collé contre mon oreille. Elle commence à s'inquiéter et le récupère entre mes mains avant de marmonner quelque chose que je ne comprends pas. Ses lèvres bougent pendant plusieurs minutes et ce n'est que lorsqu'elle raccroche et qu'elle se met à me secouer l'épaule que je retrouve l'audition.

-Effy !

Je cligne des yeux plusieurs fois avant de répondre.

-Où il est ?

-Á l'hôpital.

-Oh mon Dieu !

-Non rassure-toi Omar m'a dit que ce n'était rien de grave, juste quelques os cassés. Mais dis moi c'est que tu es une sacrée cachottière toi !

Son sourire en coin m'agace. Je n'ai pas le temps pour les confidences entre filles, il faut que j'aille à l'hôpital, tout de suite.

-Tu peux m'emmener ?

-Rejoindre ton prince charmant ? Mais avec grand plaisir !

J'ai envie de la frapper. Mais je ne le fait pas parce que de une elle n'y est pour rien et de deux je suis bien trop inquiète pour Hélios pour m'attarder une minute de plus ici.

Nos âmes tourmentéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant