Chapitre 7 : Rosalia

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Nous sommes vendredi, la semaine est passée vite. Je n'ai pas reparlé à Enzo, on ne se calcule pas au sein du lycée. Ce type est tellement arrogant c'est dingue. Je lui ai envoyé ma partie, monsieur n'a rien eu à redire. Et ouais mon pote moi aussi je suis bonne en histoire. J'attends qu'il m'envoie sa partie. J'avoue que j'ai fait les choses en avance mais il me fait un peu flipper je ne vais pas mentir.

Il pleut aujourd'hui, je ne peux pas manger dehors, je me rends donc au self. Enfin c'est plus un restaurant qu'un self. C'est un grand cuisiner qui prépare les repas, les tables sont en bois et les fauteuils remboursés des lustres pendent au plafond. Je m'y rends seule, Nour fait le Ramadan et est restée à la bibliothèque pour bosser. J'ai épuisé le solde de repas pour le mois.

Le maire de Dismal a été généreux envers nous mais sa générosité a des limites je ne peux pas payer la cantine car j'ai dépassé le nombre de repas autorisé par mois. Je soupire, je n'ai pas pensé à ramener à manger avec moi, j'ai juste une pomme au fond de mon sac. Tant pis, je vais faire avec. J'avance dans le self, c'est assez cliché mais c'est une épreuve quand nous ne sommes pas populaire de manger ici. Chaque table est occupée en fonction de la popularité des occupants. 

La meilleure table se trouve au fond en face de la fenêtre et est occupée par les dernières années les plus connus et enviés. Bien sûr Enzo est avec eux, avec d'autres membres de l'équipe de foot. La table des beaux gosses comme on l'appelle avec Nour. A côté il y a la table des cheerladers, parfois ils mangent tous ensemble. Mais pas aujourd'hui. Puis la table des génies de l'informatique, puis des artistes et des gothiques qui sont aussi ici populaires, ce qui compte c'est l'argent. Moins tu as d'argent moins tu es populaire, donc imaginez la place que j'occupe. Je soupire, je vois des élèves se lever derrière la table des populaires, je me dépêche de m'asseoir avant que d'autres élèves ne prennent la place. Il n'y a que des terminales à cette heure ci donc le self est moins rempli. Je m'installe sur la table en bois lustré et sur le fauteuil gris confortable, je sors ma pauvre pomme de mon sac et met mes écouteurs.

Je ne peux m'empêcher de les observer, certaines des filles ont rejoint la table des footballeurs. Enzo sourit à Karen une fille magnifique de ma classe, mon estomac se tord de jalousie. Qu'est ce que j'aimerais être comme eux, faire partie de leur monde. Me faire respecter, enfin sentir que je suis à ma place, ma sentir intégrée dans un groupe. Je les observe, leurs vêtements bien repassés, leurs chaussures et accessoires à des milliers de $, Le maquillage et les cheveux parfait des filles de mon âge. Je sens ma gorge me brûler, comme si les larmes allaient couler, je ravale la boule que j'ai dans la gorge. J'entends leurs rires, je me mords la lèvre, gênée par ce sentiment de jalousie qui me prend. Enzo est en face de moi, Karen lui chuchote quelque chose à l'oreille, il sourit, puis baisse la tête je croise son regard. Je baisse la tête instinctivement. Mince, je crois qu'il m'a vu l'observer. Nous ne sommes pas reparler depuis la dernière fois en classe. Je sors un livre de mon sac et reste concentrée dessus. Je sens qu'on me regarde mais je refuse de lever la tête pas peur de croiser son regard. Je mange ma pomme, musique dans les oreilles.

« Rosalia?! »

J'entends quelqu'un crier mon prénom, j'enlève mon écouteur et me tourne vers la voix qui m'a appelé. C'est Viktor, nous étions dans le même collège, c'est un pauvre comme moi. Sauf qu'il ne l'a jamais assumé, il a complètement retourné sa veste une fois arrivé ici. Il a fait comme si nous ne connaissions pas et est devenu leur toutou, pour avoir une place à leur table. Sauf que ce qu'il ne comprend pas c'est qu'il ne sera jamais respecté par eux, il ne sera jamais leur égal. Ils l'utilisent parfois pour faire leurs devoirs, aller chercher des choses j'imagine aussi se moquer de lui dans leurs soirées. Mais au moins il a une place à leur table. Jamais je me vendrai de la sorte, je préfère être à ma place, même si ma vie est un enfer ici. Il n'y a rien de plus important que la dignité. Il tient un plateau entre ses mains, mon ventre se tord de faim.

Bianchi Empire Tome 1 حيث تعيش القصص. اكتشف الآن