Chapitre 28

6.1K 311 30
                                    

« Ce n'est pas dans je ne sais quelle retraite que nous découvrirons : c'est sur la route, dans les villes, au milieu de la foule, chose parmi les choses, homme parmi les hommes » de Jean-Paul Sartre.

Je reste quelques instants devant la porte qui vient de se refermer sans rien faire. Puis, je prends la direction de la douche comme complétement vidée, comme si une partie de moi était partie avec Steph. La douche me brûle la peau, je le vois à sa couleur blanche qui tend à devenir rouge. Mais je n'ai pas mal, je ne sens pas cette chaleur.

En sortant de la douche, je me mets en tenue de nuit un débardeur et un pantalon de sport noir. Je regarde dans mon armoire à pharmacie pour voir si je n'ai pas un truc pour me faire dormir. Je n'ai pas envie de manger, juste de me coucher et d'attendre le lendemain. Je trouve alors du doliprane. J'en prends avec une gorgée d'eau.

Je passe dans ma chambre pour me mettre sous les draps. J'envoie rapidement un texto de bonne nuit à Steph. Je mets mon réveil pour six heures. Je ne vais pas en cours, mais je dois retrouver David à huit heures et demie au café qu'il y a un peu plus bas dans ma rue. Il faut que je finisse ma valise, que je n'ai pas commencée. J'ai encore beaucoup de chose à faire. Quand je mets mon portable en veille et le pose sur la table de nuit, il n'est que vingt heures, mais la fatigue me gagne rapidement.

J'ai passé une superbe après-midi, mais cela n'est pas assez pour oublier Emilien, pour qu'il ne soit plus dans mon esprit continuellement. A chaque fois que je fais quelque chose, je me demande ce qu'il dirait, s'il serait d'accord avec cela. Nous vivons quelque chose de fort et je suis en train de remettre tout en cause, un an de sa vie... Un an de ma vie... Paris va vraiment me faire du bien pour voir si je peux construire quelque chose sans lui, si je peux vivre sans lui. Il faut que je me concentre plus sur moi et voir comment je dois vivre cette relation, voire changer si j'en ai besoin et pour lui aussi. Il me faut aussi des forces pour affronter cela.

Je me rends compte que je ne lui ai rien dit pour Paris, il ne sait pas ce que je fais ce week-end. Je culpabilise un petit peu. J'ai du mal à imaginer s'il a besoin de me voir. Je me demande alors si je dois vraiment partir. Mais en même temps, j'ai déjà dit oui à David. Puis Emilien et moi nous nous laissons une semaine. Il va surement rentrer chez ses parents ce week-end, je me rassure. Je finis par m'endormir sur ces pensées.

Mon réveil me sort de mon sommeil. J'ai fait une nuit sans me réveiller. Je me sens plutôt en forme quand j'éteins la sonnerie. Je m'étire un peu dans tous les sens sous mes draps. Je finis par me lever. Je prépare un premier café, puis le bois dans la cuisine en regardant dehors. Il y a un grand soleil. Cela me donne encore plus d'énergie pour affronter cette nouvelle journée.

Je prends mon sac bleu, qui me sert de valise, au-dessus de ma porte d'entrée. Je me dirige vers la salle de bain pour mettre mes produits de beauté dans ma trousse de maquillage assortie au sac. Il ne faut rien que j'oublie pour que je puisse me préparer convenablement le matin. Je commence par mettre tout mon maquillage à savoir BB Crème, blush, ombre à paupière et tout ce qui va avec. Après, je mets ma crème, mon dentifrice, mon gel douche à la grenade que j'adore, ma brosse à dent et celle à cheveux, une boite de préservatifs, mon savon, un miroir et ma pince à épiler. Je mets le tout dans le sac avant d'aller prendre une douche.

Pendant ma douche, je me lave les cheveux avec un shampoing à la grenade, puis son après-shampoing qui va avec. Je me rase aussi les jambes, le maillot et les aisselles. Me sentir propre, me permets d'avoir plus confiance en moi. Et je vais en avoir besoin de la confiance en moi. Je sors de la douche et m'habille classiquement, c'est à dire chemise blanche et jean bleu foncé - mon préféré.

Je me dirige alors avec mon sac bleu dans ma chambre pour prendre des affaires de rechange. Je compte le nombre de jour pour prendre mes sous-vêtements, qui étaient tous assortit, puis le nombre de chemise. Je prends aussi un pyjama et un jean de rechange. Je mets en plus une robe de soirée noire que j'avais achetée il y a quelques mois, mais que je n'ai jamais portée, car d'après Emilien elle est trop courte. Je ne pense pas pareil. Elle m'arrive juste au-dessus du genou. Puis de toute façon, il ne serait pas là pour critiquer. Je rajoute deux petits gilets noirs et un manteau noir long avec une ceinture noire à la taille.

Je finis de me préparer en me coiffant. Je fais la vaisselle, range un peu tout ce qui traine, fait mon lit. Il est huit heure et quart. Je mets mon sac dans l'entrée et prends ma sacoche pour me diriger vers la porte. Je referme à clé avant de descendre. Je suis surprise, quand, en sortant, je tombe sur David.

- Salut ! Me lance-t-il avec un grand sourire.

Je lui réponds avec un large sourire. Il s'approche de moi pour me faire la bise. Je sens son après-rasage qui fait très homme virile. J'adore cette odeur. Il a dû se raser pas longtemps avant de me retrouver. Nous nous dirigeons vers le café un peu plus loin dans la rue.

En rentrant dans le café, un jeune homme blond nous dit bonjour du comptoir. Nous lui répondons à l'unisson. Le café n'est pas très grand, à l'ancienne avec des tapis aux murs. La lumière n'est pas très forte. Il y a des petites fenêtres sur le devant. Les tables sont plutôt éloignées les unes des autres. Il y a une ambiance plutôt chaude. David passe notre commande : pour lui un café court noir et pour moi un café aux noisettes. Nous nous installons au fond de la salle. Près de la vitre, il y a un autre client qui lit le journal en costume et au comptoir une personne plus âgée, qui ne regarde que sa tasse.

Après de simples banalités, il m'explique qu'aujourd'hui nous visiterons un peu en arrivant, que les Champs-Elysées et la tour Eiffel, c'est magnifique la nuit. Il me parle ensuite de notre emploi du temps « gruyère » comme il dit, de la semaine. Effectivement, nous avons beaucoup de pauses entre les conférences et les réunions, mais il a prévu de me faire visiter la capitale. J'en suis tout excitée. Il le voit d'ailleurs :

- Tu as hâte on dirait.

- Bien sûr. Je n'y suis jamais allée ! Lui dis-je avec un large sourire.

- J'en suis ravi. Puis cela va te faire connaitre du monde. Je suis ravi que tu acceptes de venir avec moi. C'est la première fois que j'y vais avec une sorte d'assistante comme l'on peut dire.

Nous rigolons sur nos premières fois à tous les deux. Après avoir commandé un deuxième café, nous relisons ce qu'il faut que je dise ou pas et mon discours d'introduction à une de ses conférences. Il m'explique que stresser ne sert pas à grand-chose, mais qu'il comprend que c'est difficile surtout pour une jeune étudiante aussi timide que moi. David est pour ce genre d'exercice afin que je prenne confiance en moi, même s'il doit me pousser un peu au début.

Je sais que David sera là et qu'il ne me laissera jamais seul. Puis s'il croit en moi, je ne peux que croire en moi en lui faisant confiance. Il faut juste que je trouve le courage pour le faire, peut-être dans le sourire de David, quand il me parle.

Nous prenons ensuite la direction de la faculté pour qu'il prenne ses affaires là-bas et que l'on mange un peu. Arrivés là-bas, le livreur, que David a appelé, est là pour nous livrer deux pizzas. Nous montons en disant bonjour à Monsieur Terier, qui se trouve dans les escaliers. Cela me perturbe encore de parler à des professeurs que j'ai en amphithéâtre, en cours.

Nous mangeons rapidement en parlant de tout et n'importe quoi. Ainsi, je découvre que l'on a les mêmes idées politiques, ses passions pour embêter les autres. Nous finissons de manger en prenant – encore – un café. Le juriste et le café, c'est une grande histoire d'amour.

Nous reprenons la direction de mon appartement en prenant le tramway sous un soleil très chaud. Arrivée devant la porte, j'ouvre en prenant rapidement mes affaires et referme à clé. En redescendant, je commence à lui dire en hésitant un peu :

- J'ai promis à Steph qu'elle pourrait m'emmener à la gare. Cela ne te gêne pas ?

- Non, pas de problème. C'est normal, c'est ta meilleure amie et elle te laisse avec un inconnu pour une petite semaine, dit-il en rigolant. On la retrouve où ?

J'envoie alors un texto à Steph. Elle me répond presque immédiatement qu'elle est à mon arrêt de tramway. Nous marchons rapidement vers là-bas pour la retrouver.


Liaison dangereuse 1. Plus qu'un prof...Where stories live. Discover now