Chapitre 45

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« Aimer, c'est pouvoir penser tout haut avec un autre être humain. Confier ce qui passe par la tête, c'est comme arracher le voile sur sa nudité et ses états. L'intimité ne se discerne pas de l'extrême franchise. C'est l'indécence même » de Pascal Quignard.

Je suis paralysée par la peur. Je m'arrête net au milieu du quai. David se retourne d'un coup et me regarde, mais mon regard ne décroche pas d'Emilien. Je n'arrive plus à respirer. Que fait-il là ? Je lâche mon sac sur le sol. Comment a-t-il su ? Ma vie redevient peu à peu ce qu'elle était avant.


Emilien s'approche à grand pas pour ramasser mon sac. Il me prend la main. David s'interpose alors avant qu'il n'ait pu me parler. Il se met devant moi comme pour me protéger de cette personne, d'Emilien. Steph reste en retrait en me lançant un regard noir, puis elle fait de même à David. Mais que s'est-il passé ?

- Monsieur Dreyer, puis-je récupérer ma copine ? Dit Emilien avec une voix calme et posée.

- Bonjour tout d'abord. Et votre copine ? Le questionne David en posant nos sacs au sol. Je crois qu'elle aimerait rentrer chez elle...

- Chez elle, c'est chez moi. Elle rentre avec moi, coupe-t-il.

Je repris mon sac que je mets contre ma poitrine comme pour me protéger. Steph s'approche de moi pendant que David et Emilien se disputent. Les arguments sont de plus en plus subjectifs. Aucun d'eux ne m'a demandé mon avis. David veut que je vienne chez lui et Emilien chez lui. Chez ce dernier, je ne veux plus jamais y mettre les pieds, mais normalement nous sommes encore en couple. Chez David, je serai heureuse, enfin il faut que j'y croie et que l'on fasse des efforts. J'ai l'impression d'assister à un combat de coq.

- Ça va ? Dit timidement Steph en me caressant l'avant-bras droit. Il ne t'a rien fait ?

Je la regarde comme si je ne comprends pas ce qu'elle veut dire. Je vois dans son regard de l'inquiétude et de la panique. Quand elle est comme cela, il lui arrive de péter un câble et d'être de piquer une colère monstre. Cela est une mauvaise idée au milieu d'une gare. Je ne comprends pas pourquoi elle est comme cela. Il y a une atmosphère bizarre entre nous deux, comme tendue. J'ai une sensation bizarre, comme si elle était remontée contre moi, comme si elle jouait à la petite maman.

- C'est toi qui avais dit à Emilien ? Je demande doucement.

- Oh mais bien sur... Il m'a tout raconté.

Je ne sais pas ce qu'a dit Emilien, mais je sens qu'il a menti à Steph pour qu'elle lui fasse confiance. J'ai envie de pleurer, de m'enfuir. Mais je ne peux pas faire cela à ma meilleure amie.

- David t'a fait du mal. Je sais que c'est dur. Mais l'on va t'aider à surmonter cela avec Emilien. C'est finalement un homme bien.

Je suis sous le choc, elle défend Emilien alors qu'avant mon voyage à Paris, c'est tout le contraire. Elle se battait constamment contre lui. Je ne sais pas ce qui s'est passé avec Steph et Emilien. Mais rien de tout cela ne me rassure. J'ai l'impression d'être passée à côté de beaucoup de chose. Je n'ai aucun moyen de me défendre. Je suis totalement sans défense. Je ne peux pas convaincre Steph, elle est têtue.

Je prends lors une grande respiration. Je lance mon sac par terre. Je contourne les deux hommes et Steph avant de m'enfuir en courant. Je sors de la gare en slalomant autour des personnes sur le quai, puis dans le hall.

Je prends la direction du fleuve en courant, sans m'arrêter. Je ne veux pas voir la vérité en face. J'aurai voulu rester éternellement dans la bulle Paris. Je ne veux pas revenir à la réalité. Mais je n'aie nul par où aller, plus de chez moi.

Liaison dangereuse 1. Plus qu'un prof...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant