- Chapitre 2 -

165 16 3
                                    

Je me déplaçai de façon léthargique jusqu'à la cuisine, ne lâchant pour rien au monde l'ouvrage passionnant que je dévorai depuis déjà plusieurs heures.

J'étais rentré de mes cours un peu plus tôt vers 16 h, et j'avais décidé sur un coup de tête de relire un de mes livres de prédilection : Mark et la quête du diamant rouge. Ça pouvait paraître bête et enfantin, mais j'affectionnais énormément les romans d'aventures, et cette collection était de loin ma préférée. Mieux, je dirais ; j'étais totalement fan de Mark depuis mon plus jeune âge. Il revenait dans plusieurs récits, vivre des péripéties toujours plus éloquentes.

Je possédais la collection complète et j'attendais avec impatience la sortie d'une nouvelle histoire de mon écrivain favori. Je me demandais ce que l'auteur derrière la plume allait inventer cette fois pour pousser le héros dans d'autres tribulations.

J'ouvris le réfrigérateur pour attraper une canette de Pepsi. C'était la seule boisson que j'affectionnais avec le café. Ça me permettait de rester éveillé, et de pouvoir lire plus longtemps.

Mes yeux ne quittèrent pas les pages de mon livre lorsque j'ôtai l'opercule. J'avalai une gorgée et retournai me caler dans le fauteuil en cuir noir usé près de la fenêtre, puis déposai un plaid sur mes genoux. Il n'y avait rien de meilleur comme sensation ni aucun lieu plus reposant que ce fauteuil qui était devenu avec les années, mon petit cocon de tranquillité.

Mes parents avaient maintes fois lutté pour le remplacer, mais j'avais toujours farouchement défendu ce bien qui m'appartenait depuis mes 7 ans. J'y écoulais d'innombrables heures, et c'était l'endroit où mon esprit s'évadait. Bien installé, j'avais traversé les océans, et rejoint l'Égypte pour une chasse au trésor au milieu de pharaons et des tombeaux anciens. J'avais aussi voyagé jusqu'au Far West pour assister à un combat entre les Indiens et les cow-boys. J'y avais passé d'agréables moments à imaginer Mark se pendre à une liane au milieu de la jungle équatoriale à fuir les prédateurs, de multiples artefacts amassés pour sa collection personnelle.

Cet homme était un Nathan Drake, une Lara Croft, un Indiana Jones, et en soi, il n'y avait rien de très original à ses histoires. Cependant, elles avaient touché quelque chose en moi, dans la façon dont elles étaient narrées et mises en scène. L'auteur me fascinait, comme s'il nous plantait le décor, et nous prenait la main pour accompagner Mark à travers le monde. Ces histoires me plaisaient certainement parce que j'étais un inconditionnel rêveur. J'avais besoin d'aventure, de voyage, mais aussi d'un héros doté de qualités humaines. Mark était archéologue, il avait la trentaine, un franc parlé et du répondant. Mais il était également altruiste, et n'hésitait jamais à venir en aide aux innocents, mettant en péril sa lutte contre ses adversaires, ou même sa propre réussite. Il était humble, avec un fort caractère protecteur envers ses conquêtes, et c'était un grand romantique. L'auteur avait su créer la recette pour inclure dans chacune de ses histoires, assez d'aventure, d'amour et de suspens pour me tenir en haleine à coup sûr.

Vers 2 h du matin, mes yeux commencèrent à me piquer sérieusement. Je relevai le nez de mon livre et me massai la nuque en me redressant. J'avais de grosses douleurs dans les cervicales et dans le bas du dos, mais c'était comme une drogue, une fois que j'entamais un livre, je pouvais difficilement m'arrêter. Je plissai les yeux et déchiffrai l'heure sur l'affichage digital du four : 2 h 17.

J'avais une dissertation à rendre pour dans deux semaines et je n'avais encore rien commencé. Je soupirai et me levai en sentant mon ventre gronder. J'avais omis de manger. Voilà où ma passion me menait. J'en négligeais les essentiels de la vie comme me nourrir. Andrew disait souvent qu'un jour, j'oublierais de respirer.

Je posai mon livre sur le comptoir de la cuisine et ouvris les placards à la recherche de quelque chose à grignoter. Soudain, je remarquai un sachet de chips barbecue dans le fond de l'un d'eux. Je jetai un regard à mon bouquin en faisant la moue, puis j'optai pour la solution de facilité. Celle qui me semblait également la plus agréable.

L'Envol du PapillonKde žijí příběhy. Začni objevovat