- Chapitre 4 -

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Le lendemain, j'avais mal au crâne, et la gorge sèche. Je me levai et vidai la bouteille d'eau au pied de mon lit, puis l'air déterminé, j'attrapai mon ordinateur portable et le posai sur mes genoux. Bien que mon estomac gronde déjà, j'ouvris la page du site de WillAnn, et relu les dernières informations, avant de cliquer sur le formulaire de contact.

Là, je coinçai ma langue entre mes dents pour n'omettre aucune faute de frappe ou d'orthographe. Je savais bien que l'auteur lui-même n'allait pas la lire, mais j'accordais une importance accrue à la façon dont j'avais de m'exprimer, et encore plus lorsqu'il s'agissait d'une maison d'édition.

Je tapai rapidement mon message qui se résumait à expliquer que je suivais WillAnn depuis ses débuts, que j'avais tous ses ouvrages, et que par malheur, je n'étais pas parvenu à acquérir le dernier roman sorti la veille. Je leur demandai s'il était possible de venir récupérer un exemplaire directement chez eux.

J'étais prêt à payer le double, le triple, voir la somme qu'ils me réclameraient pour ne pas avoir à patienter jusqu'au prochain tirage dans plusieurs semaines. Je signai, indiquant que j'étais un fan dévoué, et refermai mon ordinateur en espérant avoir gain de cause. Je n'avais plus vraiment de solution, à part écumer les sites de reventes et d'enchères.

Contre toute attente, les romans de WillAnn se trouvaient très peu sur le marché de l'occasion. La plupart des lecteurs conservaient leurs exemplaires, conscients de leurs valeurs, ou ils s'en débarrassaient à prix d'or, lors d'enchères extravagantes. J'aurais pu me permettre de participer à l'une d'elles, mais j'estimais que c'était sans doute excessif de tomber aussi bas. J'avais encore une once d'amour propre.

Je me levai et décidai d'accorder enfin de l'intérêt à mon estomac qui grondait depuis la veille. Je n'avais rien mangé hier, trop préoccupé. Et j'étais si déprimé que j'avais fait fi de tout ce que j'avais pu ressentir au cours des dernières heures, mon esprit uniquement focalisé sur WillAnn et son nouveau roman.

Durant la journée, je ne parvins pas à passer au-delà de ce sentiment de consternation. J'avais échoué, et je me retenais maintenant à la seule chose qui pouvait me sauver : supplier la maison d'édition. Parfois, j'avais la sensation qu'avoir un flash me ramenait à la réalité, et je constatais à quel point j'étais pitoyable et pathétique. J'espérais sincèrement que WillAnn ne verrait pas mon message, sans quoi je me serais terré dans un trou de souris.

J'avais avalé un reste de gratin de pâtes qui traînait dans l'autocuiseur, ainsi qu'une pomme et je m'étais attelé à mes révisions et mes dissertations sans grande conviction. À la fin de la journée, quelqu'un sonna à l'interphone et j'ignorai sa présence en enfilant mon casque sur mes oreilles. Mais quelques minutes plus tard, ma playlist s'interrompit, affichant le numéro d'Andrew sur mon écran. Je soupirai et roulai des yeux, avant de répondre d'un ton détaché :

— Oui ?

— Tu réponds jamais ?

— Je le fais en ce moment, non ?

— À l'interphone, abruti ! aboya Andy.

— Je ne suis pas chez moi.

— Tu mens, Noah. Tu ne sors jamais de chez toi ! Et j'ai appris hier que le dernier WillAnn était paru, si tu ne l'as pas terminé, ça ne saurait tarder... ou alors tu le relis ?

Je tirai sur les petites peaux de ma lèvre gercée, agacé de me faire rappeler à l'ordre par mon meilleur ami, que oui, j'aurais dû à l'heure actuelle posséder cet ouvrage.

J'adoptai un ton sec.

— Qu'est-ce que tu attends de moi ?

— Que tu m'ouvres ! Je veux me jeter dans ton canapé, le mien me fait mal au cul !

L'Envol du PapillonWhere stories live. Discover now