- Chapitre 14 -

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Lorsque je relevai le nez de mon ordinateur, j'étais plutôt satisfait de moi. Néanmoins, je remarquai qu'il était 20 heures passées, que je n'avais pas mangé et que mes joues étaient brûlantes. Un mal de crâne commençait à poindre et mon estomac se mit à gronder.

— Ah, te revoilà parmi nous.

Je levai les yeux en direction de Rob. Face à lui, Timothy était lové dans un fauteuil, les bras croisés, et ses dents martyrisaient ses lèvres en tirant sur les petites peaux. Il haussa un sourcil dans ma direction, et je lâchai d'une voix rauque :

— Quoi ?!

Rob éclata de rire, alors que ça ne semblait pas vraiment amuser WillAnn.

— On dirait que tu émerges d'une sieste, c'est adorable ! souffla mon tuteur en se levant de son siège. Tu as pu avancer ?

— Oui... j'ai presque terminé en réalité. Mais j... j'ai manqué quelque chose ?

— Rob a dû te demander au bas mot six fois s'il devait te ramener un déjeuner, et tu as dû mettre trois vents d'une force de neuf sur dix à la standardiste qui voulait savoir si tu désirais un café, soupira Timothy avec nonchalance.

— Samantha, crachai-je le regard noir.

— Pardon ?

— Elle s'appelle Samantha. Vous travaillez ici depuis des années et vous ne connaissez pas son nom ? Il me semble que vous la croisez plusieurs fois par jour, non ?

Timothy fut outré, si bien que je vis le bout de ses oreilles devenir écarlate sous la colère. Il se leva d'un bond, et me toisa amèrement.

— Je vois que le verbe n'est pas ton fort ni la réflexion d'ailleurs. Tu devrais relire la note que j'ai laissée dans ton livre, elle te sera nécessaire si tu comptes poursuivre ton stage ici, crois-moi.

Sur ces mots, il quitta la pièce en claquant la porte.

— Eh bien... on se croirait sur un ring de boxe avec vous ! s'exclama Rob en croisant les bras sur sa poitrine.

Je n'avais pas envie de rire, moi. J'étais de méchante humeur sans savoir pourquoi. L'excès de concentration, l'impression d'être pris pour un moins que rien de la part de madame Tanner, ou encore par WillAnn, qui, malgré mes efforts, ne semblait toujours pas m'apprécier. J'étais épuisé, nauséeux, mais j'avais faim.

— Bon, soupira Rob en récupérant sa veste sur le dossier de sa chaise. Ça te dit d'aller manger un morceau ?

— Pourquoi pas ? admis-je.

Prendre l'air au lieu de m'enfermer chez moi me ferait le plus grand bien. Je n'avais rien ingurgité de la journée à part mon petit-déjeuner qu'Esméralda m'avait forcé à avaler, et j'étais en bonne compagnie. Malgré moi, je commençais à trouver la présence de Rob agréable. Il était mystérieux, du moins assez pour que ça éveille ma curiosité. Nous longeâmes le couloir jusqu'à l'ascenseur, où nous retrouvâmes Timothy appuyant nerveusement sur le bouton d'appel.

— Il n'est pas nécessaire que tu casses le matériel, Tim. Sois patient.

L'attention de l'auteur resta figée sur les doubles portes en acier. Lorsque nous nous engouffrâmes dans le petit habitacle, Rob quémanda :

— On va bouffer, tu nous accompagnes ?

Un regard sournois s'abattit sur moi, et Timothy se redressa rapidement.

— Sans façon.

Les portes s'ouvrirent pour nous laisser passer, et il s'y glissa comme pour s'échapper à la prise de son ami.

L'Envol du PapillonWhere stories live. Discover now