- Chapitre 10 -

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Le long du quai, Andy traînait derrière lui son énorme valise.

— Magne-toi !

— Ça va, j'suis là ! Et arrête de gueuler, il va pas partir sans nous, ton train !!

— Ah oui ? Parce que tu crois que le conducteur va attendre le temps que sa majesté Andrew Pittman est bien installée dans son fauteuil ?

Il gloussa.

— Évidemment, Noah ! Je ne suis pas n'importe qui, figure-toi ! rétorqua-t-il fièrement.

— Oui, bah, si tu pouvais déblatérer moins de conneries et pousser sur tes petits pieds pour avancer, ça m'arrangerait !

Il me coula un regard mauvais.

— Je n'ai pas de petits pieds !

Je me hissai dans le wagon, mon sac de sport calé sur le dos, puis je me penchai pour récupérer sa valise. Andrew monta à ma suite, et nous nous installâmes à notre siège numéroté, lui du côté vitre et moi du côté couloir.

Le train démarra et j'observai un moment mon meilleur ami, le nez collé à la vitre, ses yeux bleus ne parvenant plus à suivre la vitesse à laquelle nous étions lancés.

— Andy...

— Hmm ?

Subitement, je demandai :

— Tu ne me remplaceras jamais, hein ?

Il se tourna vers moi, sa casquette blanche cachant en partie ses yeux.

— Mais Noah, pourquoi tu me dis ça ?

Je haussai les épaules.

— Je ne sais pas vraiment... mais j'ai la sensation que tu as besoin d'avoir des amis autour de toi. Tu le peux, tu sais... et tu n'es pas obligé de vouloir me les présenter pour que j'aille bien. Tu me suffis... tant que je ne perds pas ma place auprès de toi...

Les yeux de mon ami brillèrent soudainement, et il réprima un sourire triste.

— T'es foutrement chiant, mais irremplaçable, t'en fais pas pour ça !

Je lui souris en retour, et posai ma tête sur le dossier en fermant les yeux un instant.

— Noah ?

— Hmm ?

— Tu ne l'aimes pas, hein ?

J'ouvris les yeux pour les poser sur lui. Mon regard ne le quitta pas durant plusieurs secondes, et je secouai négativement la tête.

— Je m'en doutai un peu, à vrai dire... je suis désolé de t'avoir imposé ça.

— Ce n'est rien. Je crois que je ne suis pas fait pour être entouré de beaucoup de monde... je suis fait uniquement pour avoir un seul ami, plaisantai-je en fronçant le nez.

— Ce qui fait de la personne qui a l'honneur d'être à tes côtés quelqu'un d'exceptionnel, rétorqua-t-il, fier de lui.

— Tu ne rates jamais une occasion de t'envoyer des fleurs, dis-moi.

Il m'envoya un clin d'œil.

— Jamais !

Je fermai de nouveau les yeux en sentant le train accélérer. Nous étions lancés pour un voyage de plus de deux heures, et j'espérais bien pouvoir lire un peu. Dans mon sac, j'avais apporté le dernier ouvrage de WillAnn. Je l'avais longuement observé, mais je n'étais pas parvenu à le lire. Je n'en avais d'ailleurs pas encore parlé à Andrew non plus.

L'Envol du PapillonWhere stories live. Discover now