- Chapitre 39 -

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Décembre

Le temps était affreusement froid. Nous n'avions pas atteint de telles températures depuis des années, et la neige stagnait sur les trottoirs comme de petits nuages gris.

Roquet avait grandi. Après des moments houleux entre nous, je m'étais finalement habitué à sa présence chez moi. J'avais bien entendu, essuyé quelques plâtres, et il avait de son côté, tremblé plus d'une fois face à mes remontrances. Mais aujourd'hui, c'était terminé. Il était toujours aussi petit et touffu, mais il faisait ses besoins lors de nos longues promenades et plus derrière les rideaux ou dans le lit. Et dernièrement, je faisais de plus longues balades malgré le froid.

En réalité, j'étais devenu complètement gaga de cette stupide bestiole ! Je lui avais acheté une laisse assez longue pour les promenades, et qui lui permettait de disposer d'assez de liberté pour renifler ce qu'il voulait et faire ses besoins à l'abri des regards indiscrets. Avec le froid, j'avais fait l'acquisition de plusieurs petits vêtements en laine qui le protégeaient des températures négatives. Je sais, sa fourrure était certainement suffisante, mais vous devez comprendre qu'un ensemble en laine beige avec des motifs à losanges bordeau ne pouvait pas rester dans cette vitrine. Roquet devait absolument pouvoir se pavaner avec durant nos longues marches hivernales.

Je me souviens encore lorsque Rob était venu chez moi, quelques jours seulement après l'arrivée de roquet...

— Salut, Tim.

— Salut. Entre !

Rob passa dans l'espace restreint que j'avais laissé à sa disposition pour entrer. Je ne voulais pas ouvrir trop grand la porte, afin que Roquet ne s'imagine pas que c'était l'heure de la balade. Mon meilleur ami fronça les sourcils et se glissa dans mon appartement pour se déchausser. La mini boule de poils trottina jusqu'à lui et renifla le bout de ses chaussettes.

— C'est quoi, ce machin ?!

— C'est... c'est Roquet, admis-je un peu embarrassé en me grattant la nuque.

Rob releva le regard vers moi, éberlué.

— Quoi, tu as acheté un clebs ?! Tu te sentais si seul que ça ?! me taquina-t-il.

Mon regard s'attarda sur le chiot qui tournait autour de lui en remuant gaiement la queue, et je sentis la mélancolie m'envahir. J'avais passé huit jours sans sentir mon état dépressif me jouer des tours. Mais évoquer la présence de Roquet me faisait remonter des souvenirs que j'aurais préféré voir enfouis à tout jamais.

— Non, ce n'est pas exactement ce qu'il s'est produit...

Je passai une main nerveuse dans mes cheveux, et me dirigeai vers la cuisine.

— Café noir ?

— S'il te plaît... mais ne change pas de sujet...

Je m'arrêtai la main sur la machine et insérai la dosette en écoutant le bruit du café couler dans la tasse. Puis j'observai à travers la fenêtre les passants déambuler. Je sentis la présence de Rob avant qu'il ne parle, comme une aura qui stagne à mes côtés.

— Tu m'expliques ?

— Je... C'est Noah... avouai-je en me tournant face à lui pour lui tendre sa tasse.

Rob resta figé en me regardant, estomaqué. Je restai le bras en suspend, à lui tendre sa tasse tandis qu'il ne parvenait pas à bouger.

— Rob...

L'Envol du PapillonWhere stories live. Discover now