- Chapitre 26 -

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J'avais flâné dans les rues, les yeux rouges et le cœur en miette. Je ne voulais pas rentrer chez moi, m'attabler à mes dissertations et accepter qu'Andrew m'ait rayé de sa vie. Je devais trouver une solution, quelque chose qui le ferait changer d'avis. Me vint alors l'idée de solliciter Rob. Il était le seul qui connaissait un tant soit peu mon meilleur ami et qui aurait suffisamment d'influence pour lui faire entendre raison.

J'empruntai le métro jusqu'à son appartement et grimpai les marches, honteux de devoir lui demander un pareil sacrifice. Au moment où je frappai à la porte, la soirée était déjà bien entamée, et j'entendis du bruit provenant de l'intérieur. Des pas se rapprochèrent, et Rob ouvrit, stupéfait. Visiblement, il ne s'attendait pas à me voir débarquer. Je ne sais qui de nous deux fut le plus surpris, mais j'aurais payé cher pour découvrir mon expression lorsque j'aperçus la vieille Tanner installée dans son canapé, un verre de champagne à la main.

— Noah ?

— Je dérange... je n'aurais pas dû venir, excuse-moi.

Je reculai vers l'ascenseur, alors que sa main se tendait dans ma direction. Il effleura ma manche du bout des doigts, mais déjà, je m'engouffrai dans l'habitacle.

— Noah, attends !

Il tenta de s'interposer, mais les portes se refermèrent, nous laissant à peine le temps de nous dévisager. J'étais abasourdi de découvrir que mon ancien maître de stage devait entretenir une relation avec la directrice de Creat' The Begining, et lui affichait un trouble d'être impunément démasqué.

Je cogitai sans relâche, et quand je repris mes esprits, j'étais face à Timothy. Mes pas m'avaient mené jusqu'à lui, et j'avais frappé à sa porte sans même m'en rendre compte. Je m'empourprai en bégayant :

— Je, euh... pardon, j...

Il se décala pour me laisser passer.

— Entre.

Je soupirai d'embarras et la tête basse, pénétrai dans l'appartement.

— Est-ce que tu vas bien ? Tu as l'air chamboulé.

— Je... non, si, un peu.

Un rire goguenard lui échappa, et glissa la main dans ma nuque.

— Viens t'asseoir.

Je posai mon sac de cours et m'affalai dans le canapé. Je regardai tout autour de moi sans me lasser de différents tableaux qui ornaient les murs du salon. L'immense appartement de mes parents était dans les tons gris et blanc. Il y avait du marbre au sol, et tout paraissait brillant et aseptisé, sans vie. Chez Timothy j'étais au chaud. L'atmosphère était chaleureuse, peut-être le bois exotique, l'odeur de la cire ou encore celle des bougies à la vanille qui trônaient sur ses étagères. Je me sentais à la maison, comme si j'avais toujours vécu ici.

— Tiens.

Il me tendit une tasse de café que je saisis avec empressement, et en avalai plusieurs gorgées. Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais si assoiffé. Il posa une main délicate sur ma cuisse.

— Raconte-moi.

Est-ce que je devais lui rapporter que j'avais surpris Rob en compagnie de sa directrice ? Peut-être qu'il n'aurait pas été enchanté de l'apprendre. Peut-être même qu'il en aurait voulu à Rob. Madame Tanner était son éditrice, et je doute qu'il soit heureux de découvrir qu'elle s'envoyait en l'air avec elle.

— R-rien, je me suis disputé avec Andrew.

— Pourquoi ça ?

— Eh bien... tu te souviens que ce week-end, il y avait un évènement vraiment important pour lui ?

L'Envol du PapillonWhere stories live. Discover now