L'Envol du Papillon

- Chapitre 13 -

— Salut, Rob...

Sa voix me glaça les os. Je tremblai d'avance de devoir endurer ça et affichai un sourire crispé sur mon visage.

— Salut, Tim !

— Il doit y avoir un problème avec ta commande, il y a beaucoup trop de nourriture pour deux !

— Parce qu'on n'est pas deux.

Depuis la salle à manger, j'entendis le silence faire écho à la voix de Rob. Puis rapidement, l'atmosphère s'alourdit.

— Comment ça, tu as invité quelqu'un ?

— Oui... il y a Noah et son ami Andrew.

— Quoi ?!

— Timothy, il faut que tu te détendes... vraiment ! C'est un dîner banal avec des nouilles et le nouveau stagiaire... essaye de t'ouvrir, je t'en prie...

— Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, Rob ! Tu sais que je déteste quand il y a trop de monde, que j'exècre devoir sociabiliser... j'aime être seul !

— Eh bien, fais un effort. Ils sont déjà là.

J'avalai ma salive en regardant Andrew d'un œil inquiet. Lui paraissait détendu et jouait avec un pendule de Newton, sur un buffet au fond de la pièce.

— Tim est arrivé ! s'exclama Rob en posant le sac de nourriture au milieu de la table. Je vais chercher des assiettes, installez-vous !

— J'vais t'aider, attends !

Andrew lui emboîta le pas et je me retrouvai seul face à WillAnn. Mon cœur battait à tout rompre et mes paumes étaient moites. Je priais pour qu'il ne me tende pas sa main, mais il n'avait pas l'air d'être friand de contact physique, tout comme moi.

— Bonsoir, souffla-t-il.

— Bonsoir... répondis-je timidement.

C'était étonnant de le voir dans cette tenue. Il avait certainement été pris au dépourvu, imaginant passer une soirée avec son meilleur ami devant un film à manger des nouilles en rotant sa bière. Mais non, il devait se farcir le roquet. Bon Dieu, je ne cessai de penser à ce sobriquet qu'il m'avait attribué dans le couloir et je ne pouvais m'empêcher de me sentir vexé. Timothy portait un pantalon de toile gris, des baskets et une chemise blanche. Un pull en mohair noir était noué autour de ses épaules. Sa tenue était décontractée, mais il l'endossait avec une classe incroyable. Je lui souris un instant, mais il ne me répondit pas, préférant me fixer intensément de son regard ocre, ce qui accroissait considérablement mon embarras.

— Tu aimes la nourriture chinoise ? finit-il par me demander en déballant les barquettes du sac plastique.

— Je préfère les hamburgers, mais j'aime ça, oui. Et vous ?

— Oui.

OK, la conversation n'allait pas être facile.

Andrew et Rob déboulèrent en riant. Andy portait les assiettes et les baguettes tandis que Rob se chargeait des boissons. Nous nous installâmes ; moi à côté d'Andrew, WillAnn en face et Rob à sa droite. Chacun piocha dans les barquettes et je dus avouer que manger me fit un bien fou.

— Alors Noah, prêt pour la semaine prochaine ? me lança Rob.

— Oui, euh... justement, j'aurais aimé qu'on discute de mes attributions, de mes horaires, enfin, ce genre de choses.

— Je comprends, dit-il en mâchant. Tu vas surtout être mon assistant, donc il te suffira de réaliser des tâches simples, comme répondre à des courriers ou me seconder en réunion. Tes horaires seront difficiles à déterminer... si tu souhaites avoir un planning fixe on le fera, mais je pense que l'investissement est important... si tu te donnes vraiment tu pourras apprendre plus rapidement... il ne faut pas hésiter à rester plus longtemps le soir pour travailler.