- Chapitre 27 -

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On dansait.

Premier point. Mais surtout, Andrew avait omis de me prévenir que ce n'était pas de petites giclées de mousse délicats dans lesquels on aurait pu s'esclaffer. NON. C'était une piscine de mousse incroyablement dense et profonde dans laquelle je fus négligemment jeté la tête la première par Harvey. Je tentais de me raisonner en me remémorant les explications d'Andy. Harvey était déçu que je sois réel. Il voulait sa place auprès de lui, et la mienne, par la même occasion. Je ne pouvais que le rejoindre. Andy était un meilleur ami formidable, et j'aurais souhaité à tout le monde d'en posséder un aussi extraordinaire. Cependant, je n'étais pas prêt à céder ma place. Harvey n'avait qu'à se trouver son propre meilleur ami.

Nous étions presque mi-septembre, et l'anniversaire d'Avery approchait. Andy m'avait fait part sur le chemin qui nous menait à cette fantastique soirée, de l'envergure de l'évènement. La bande avait prévu de réquisitionner une sorte de manoir à Riverhead Longisland. Il y avait pas mal d'activités d'organisées durant le week-end comme de la pêche, des films, des jeux vidéo, des parties de billard, et un tas de trucs à faire entre amis. Évidemment, Andy m'avait innocemment glissé que j'étais convié, ce qui signifiait que je devais être présent si je ne voulais pas encore qu'on se dispute.

Nous avions rejoint Avery, Benson, Harvey et Rob devant un night-club. Un panneau était accroché sur la façade, indiquait « Soirée mousse ». J'étais nerveux. Je détestais toujours ce type d'endroit, la musique bien trop forte, les lumières aveuglantes et l'ambiance délétère. Mais j'avais promis de fournir des efforts, même si je rêvais de me terrer dans les bras de Timothy à discuter de littérature. J'avais abordé certains auteurs en cours et je mourais d'envie d'en débattre avec lui. Seulement pour ça, je devais me dérider et passer une soirée comme un jeune homme de mon âge, pour ensuite gagner le droit d'agir en animal et de m'enfermer durant deux jours.

— Salut, Noah !

Je serrai la main énergique et robuste que Rob me tendait, l'accompagnant d'un rictus narquois.

— Monsieur McClain...

— Arrête ça, on n'est plus dans le cadre tuteur-stagiaire dorénavant !

— Ça signifie que je suis libre de te regarder vomir sans avoir à te frotter le dos, et que je vais pouvoir assister à ta déchéance en ayant la possibilité de tout raconter à Timothy ?

Le sourire qui avait pris naissance sur ses lèvres s'évanouit.

— Oh, tu vois toujours Tim ?

— Je, euh... non. Enfin, on s'envoie des mails... il m'a souhaité une bonne rentrée.

— Et il t'a offert cette croûte ! ajouta Andrew, un verre de téquila à la main.

— Ce n'est pas une croûte !

— Je sais, je t'embête !

— Quelle croûte ?

— Une toile... il m'a... il m'a offert une toile pour mon anniversaire...

Rob écarquilla les yeux.

— Eh bien... tu es dans ses petits papiers, crois-moi... parce que je n'ai rien eu de tel depuis toutes ces années, moi.

Je me contentai de sourire et suivis la bande sur les banquettes rondes. Tout le monde commanda à boire, sauf moi. Je préférais encore me dessécher comme un vieux pruneau plutôt que de payer trente dollars pour un verre d'eau ! La musique résonnait dans ma poitrine comme si on y avait installé une enceinte, et les lumières devaient sans doute altérer ma cornée. J'allais être aveugle en sortant de là, et je ne pourrais plus jamais lire une seule ligne parce que j'avais accepté de me rendre dans un lieu vulgaire et trivial avec mon meilleur ami. J'espère que vous êtes conscients de l'amour que je porte à Andrew-adorateur-de-Satan-Pittman car en cet instant, je le hais de m'avoir traîné ici alors que j'abhorre ce genre d'endroits.

L'Envol du PapillonWhere stories live. Discover now