- Chapitre 36 -

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NeptuneHouse était la plus grande maison d'édition de New York. Ils m'avaient donné rendez-vous dans leurs locaux, et j'avais finalement accepté. Timothy m'avait convaincu de m'accompagner, et de m'aider à gérer ça autant qu'il le pourrait tout en respectant ma décision. J'étais ressorti avec un contrat que je devais étudier afin de savoir si je désirais travailler avec eux ou patienter encore quelques années.

Devant ma réticence, Timothy s'était agacé et une nouvelle dispute avait éclaté. Je ne les comptais plus, dernièrement. Nous passions notre temps à nous hurler dessus, avant que l'un de nous deux ne cède et que tout ça ne finisse dans une étreinte enflammée de passion. Si la passion nous enivrait, elle était destructrice.

Cette fois n'avait pas échappé à la tradition. La dispute avait éclaté dans son atelier. Il s'y retranchait de plus en plus souvent. Et à nouveau, il avait coupé court à la discussion pour peindre. Mais ma colère avait tout surpassé et j'avais méchamment saisi son bras pour l'empêcher de poursuivre sa toile.

Timothy, plus impétueux que d'ordinaire, m'avait repoussé contre le mur pour m'embrasser fiévreusement, tandis que ses mains me déshabillaient avec empressement.

Il tira sur ma lèvre avec ses dents et j'enroulai mes jambes autour de sa taille avant qu'il ne me dépose sur son bureau jonché d'une multitude de pots qui se renversèrent sous la brutalité de notre étreinte. Mon corps soumis à l'affection qu'il me portait fut recouvert de taches bigarrées. Mes cuisses et mes fesses d'abord, puis ses mains me prodiguèrent autant de caresses que de baisers imprégnés de couleurs. Faire l'amour avec Timothy ressemblait à une fresque de peintures, remplie de teintes étalées çà et là.

Quand le calme s'imposa, je repris ma respiration. M'unir à lui était épuisant, mais si bon. Je chérissais ses courbes lorsqu'elles s'emmêlaient aux miennes. J'affectionnais que nous ne formions plus qu'un, enlacés passionnément, la buée recouvrant la fenêtre de son petit atelier et nos gémissements mourant sur nos lèvres entrouvertes. J'adorais l'odeur de sa peau, de sa sueur durant l'amour, le bruit de nos bassins cognant l'un contre l'autre, et sa douceur.

Enroulé dans un drap blanc moucheté de peinture tout autant que nos corps, je laissai ma tête reposer sur son épaule et sa main glisser tendrement dans mes cheveux.

— Je suis désolé d'avoir envoyé tes poèmes sans ton accord... je voulais que le monde puisse se rendre compte à quel point tu es merveilleux, Noah.

J'embrassai le bout de ses doigts bleu et vert.

— Tu es mon ange gardien, tu le sais ? soupirai-je.

— Non, je ne suis que le messager... le conducteur qui fera de toi un homme avec un grand H.

— Pourquoi est-ce que tu tiens tellement à ce que je réussisse ? Est-ce que tu m'aimerais moins si je n'étais pas doué, ou si je ne suivais pas une carrière littéraire ? Si je n'étais qu'un employé de bureau ou quelqu'un à l'avenir professionnel insignifiant ?

Il roula sur le flanc pour me contempler. Son pouce caressa ma lèvre et il déposa des traînées de couleurs sur mon nez et sous mes yeux. Puis il se redressa et attrapa un tube de peinture bleu et en fit couler un peu sur le bout de ses doigts. Lentement, il les laissa errer le long de ma joue, jusque dans mon cou, puis sur mon torse. Je frémis sous sa main, mon regard brillant d'amour pour lui.

— Tu es un papillon... je t'aimerai, qui que tu deviennes.

— Un papillon ?

— Oui... mais tu ne t'es pas encore envolé...

Je fronçai les sourcils, pas tout à fait certain de comprendre ce qu'il voulait dire. Ses prunelles ocre étincelantes et remplies d'admiration me consumèrent. Des flammes dansaient dans ses yeux, et c'était comme si pour la première fois, j'avais accès à tout ce qu'il ressentait pour moi.

L'Envol du PapillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant