- Épilogue -

119 12 4
                                    


La pluie accompagnait les larmes qui dévalaient mes joues. J'étais humilié d'entendre mes plus intimes pensées mises à nu.

— Presque dix ans, Timothy... souffla-t-il après avoir reposé la dernière lettre sur la table entre nous. Tu lui as écrit pendant tellement d'années !

— J'ai d'abord essayé de le faire revenir vers toi... avouai-je en reniflant. Et puis je me suis laissé prendre au jeu. Lorsque tu es parti, je n'avais plus personne à qui me confier. Andrew n'avait jamais répondu à aucune de mes lettres, alors... alors je me suis dit que je pouvais bien continuer de parler, si c'était à sens unique.

J'étais honteux d'imaginer que ces lettres puissent avoir été lues par Noah. Pourtant, j'étais également soulagé. Je n'avais plus rien à cacher de ce que j'éprouvais, tout était là, devant lui. Il avait toutes les cartes en main, et quelle que soit sa décision, je n'étais plus en mesure de changer quoi que ce soit.

— Est-ce que ça t'a fait du bien ?

— Oui... je crois que j'ai fini par prendre plaisir à donner un sens à ce que je ressentais... je suis désolé que tu sois tombé dessus, je pensais qu'elles n'arrivaient pas, qu'elles étaient perdues, ou même qu'Andrew les avait jetées. Jamais je n'aurais pensé qu'il les aurait conservées si longtemps.

Noah arqua les sourcils vers le bas, et se mordit la lèvre. Il passa une main dans ses cheveux longs, et tapa du bout des doigts sur la table.

— J'ai autre chose, avoua-t-il.

Il sortit de son sac, une nouvelle lettre qu'il posa entre nous. Je la reconnus aisément une fois encore, et ma salive se coinça dans ma gorge.

— Écoute, j'ai écrit ça il y a des années, Noah, j-

— Je l'ai lu.

— J'imagine, oui.

— Je l'ai lu il y a deux semaines.

J'arquai les sourcils vers le bas et mon estomac se noua d'angoisse et de frustration. Jamais il n'avait daigné lire ma lettre de rupture. Celle dans laquelle je me livrais à lui comme jamais je ne l'avais fait.

— Je regrette de ne pas l'avoir fait avant... mais je n'y parvenais pas. Et ensuite... ensuite, tu sais... la vie a perduré, le quotidien a repris... fracassant d'ennui et de morosité.

Sa voix était chevrotante, et je perçus quelques larmes se figer au coin de ses yeux. Sa lèvre inférieure trembla et il prit une grande inspiration qui l'aida à reprendre contenance. J'aurais voulu me lever pour l'enlacer. Lui assurer que tout irait bien, qu'il avait fait le plus dur et qu'il n'avait plus qu'à profiter de tous ses efforts. Mais Noah ne semblait pas voir les choses de la même manière que moi.

— Timothy... tu... tes lettres, elles sont d'une beauté saisissante. Je...

Il s'arrêter un instant pour les parcourir des yeux et en effleurer le bout de ses doigts.

— Si tu as les lettres... c'est qu'Andrew te les a donnés ?

Le sang afflua sur ses joues pâles, et il baissa les yeux.

— Oui... après la dédicace, je... je ne sais pas, dit-il confus en ancrant son regard dans le mien. J'ai ressenti le besoin de reprendre contact avec lui. Il ne m'a pas rejeté malgré les années qui nous ont séparées.

— Je suis heureux que vous soyez de nouveau amis, admis-je en calant mes mains entre mes cuisses.

— Oh, ce n'est pas encore une grande amitié... on reprend contact doucement. En réalité, je l'ai revue quelques fois. Nous avons beaucoup discuté du passé, de... de nous, enfin de notre amitié et de la façon dont ça s'est terminé... et on... on a parlé de toi et moi.

L'Envol du PapillonWo Geschichten leben. Entdecke jetzt