- Chapitre 12 -

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Je me réveillai le jour suivant avec un affreux mal de crâne. Je m'étais couché tôt. Trop tôt, et mon corps me le faisait payer. Là où des millions de gens étaient épuisés de se lever aux aurores, moi, mon corps détestait que je me couche avant minuit. Quand c'était le cas, comme ce matin, j'avais un horrible mal de tête durant des heures, que rien ne soulageait. Je m'extirpai du lit en soupirant douloureusement, et me dirigeai vers la cuisine pour boire un grand verre d'eau fraîche. Puis avec la lenteur d'un paresseux, je m'habillai, m'y reprenant plusieurs fois parce que je peinai à trouver l'endroit et l'envers de mes vêtements. J'étais dans le brouillard, comme aveuglé, handicapé. Je grognai et attrapai mon sac que j'avais laissé dans l'entrée, puis j'enfilai mes chaussures et sortis de mon appartement. À la fac, ce ne fut pas mieux, jusqu'à ce qu'arrive l'heure du déjeuner et que j'avale un cachet pour la tête. Puis je rejoignis Andrew dans l'une des cafeterias de Columbia. Il avait fait le déplacement jusqu'au campus pour manger avec moi, je ne pouvais pas lui poser un lapin, bien que l'envie de retrouver mon lit soit très forte.

— Salut, Andy, dis-je en m'installant à sa table.

Il triturait sa nourriture, envoyant valser les rares morceaux de poulet de droite à gauche dans son assiette.

— Ça ne va pas ? demandai-je, soucieux.

Il haussa les épaules sans relever la tête, et lorsque je m'attardai plus franchement sur son visage, je vis qu'il avait les yeux rouges, et que sa bouche était tordue vers le bas.

— Andy...

— Je me déteste parfois, tu sais.

— Pourquoi ?

— J'ai déçu ma grand-mère...

— Mais pour quelle raison ?

— Elle m'a confié une équipe hier.

— Mais c'est super, ça !

— Non. Je savais que je n'étais pas prêt pour ça. C'était trop tôt... mais je sais pourquoi elle l'a fait.

— Pourquoi ?

— Parce que je ne suis pas attentif ces jours-ci. On est beaucoup sortis... j'ai dîné avec la bande presque tous les soirs, on a eu notre week-end à New Haven, et je suis arrivé en retard à la pâtisserie deux fois de suite. Alors, elle a voulu me tester... mais je me suis ramassé, Noah. En beauté !

J'arquai les sourcils vers le bas, lorsque je remarquai sa peine. Il renifla et ses yeux se gorgèrent de larmes qui se figèrent au ras de ses cils. Dans un geste bienveillant, je posai ma main sur la sienne.

— Je déteste la décevoir... je suis le seul qu'il lui reste, tu comprends ? Si je ne peux pas reprendre Pastry, alors personne ne le pourra.

— Andy, tu as été distrait, mais tu connais le métier, je suis certain que tu vas t'améliorer et lui prouver qu'elle peut compter sur toi !

— Mais comment ? rétorqua-t-il quelque peu sèchement.

Je soupirai, avant de trouver une idée qui, peut-être, pourrait l'aider.

— Et si tu réalisais un gâteau ? Un rien que pour elle, un de ta conception !

— Quoi ?

— Invente une pâtisserie ! Une qui n'existe pas et qui la rendrait fière !

— Écoute, Noah, dit-il dans un souffle fatigué et à bout de nerfs, je sais que tu veux m'aider, mais tu te rends pas compte... créer une pâtisserie, ça prend des mois, des années avant d'obtenir quelque chose de parfait !!

L'Envol du PapillonWhere stories live. Discover now