Chapitre 10

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On se jugeait dans le silence.

Clive s'avança dans ma chambre, décrivant un cercle autour de moi tel un prédateur évaluant sa proie.

Puis, il vint s'installer à l'extrémité du lit, créant délibérément une distance entre nous

Ses yeux scrutateurs analysaient chaque détail de mon visage, de mon corps, ainsi que de ma tenue.

Le silence oppressant fut brisé par sa voix grave.

- « Comment as-tu trouvé le village ? Mya a été de bonne compagnie ?"

Il savait donc que j'avais passé ma matinée au village en compagnie de Mya.

J'avais la sensation que chaque question qu'il posait, il détenait forcément la réponse. Son regard scrutateur semblait percer à travers moi, comme s'il lisait mes pensées les plus intimes.

Je l'observais.

Il portait une polaire noire et un jogging gris, des mèches légères de cheveux retombaient sur son visage.

Sa présence emplissait la pièce d'une aura oppressante.

Il me demandait ce que je pensais de ce village ?

C'était horrible.

Certaines personnes étaient là de force, les enfants que j'avais vus ce matin n'avaient sûrement jamais vu le monde extérieur.

Et puis, tous ces hommes armés qui se baladaient comme si de rien n'était, créant une atmosphère oppressante.

Je me levai du lit, cherchant les mots justes pour exprimer mon ressenti.

Ce village semble... cloisonné, comme s'il était figé dans le temps. Les gens y vivent, mais c'est comme s'ils étaient prisonniers de quelque chose. Les gardes armés donnent une ambiance... étrange, pour être honnête.

   

Clive m'observa avec un intérêt croissant, comme s'il attendait que j'ajoute quelque chose de plus.

- Je sais que... que des gens sont retenus de force ici. Pourquoi ne les laissez-vous pas partir ?Ma voix tremblait légèrement, trahissant ma peur

Un gloussement sinistre s'échappa de ses lèvres, remplissant la pièce d'une ambiance maléfique.

D'un mouvement fluide, il se leva, se plaçant devant moi avec une assurance presque démoniaque.

Ses yeux, vide d'émotions, me dominaient dans toute leur splendeur.

- Ils sont libres, tout comme toi. Tu peux essayer de sortir d'ici seule, tu n'es pas ma prisonnière. Maintenant que tu fais partie de la commission, tu as des ennemis. Alors, ma chère, essaie donc de fuir d'ici et tu verras. Tu te feras sûrement kidnapper, violer, puis torturer. On m'enverra probablement ton corps en pièces détachées. Dans le meilleur des cas, on te tuera directement, mais ce serait un cadeau de la part de nos ennemis.

Sa vision glaciale des choses me terrorisait, car à cause de lui, la menace de la mort planait à tout moment.
 
Il parlait de "nos ennemis", mais ce n'étaient pas les miens. Ces ennemis appartenaient à leur monde sombre et dépravé, un monde auquel je ne voulais pas appartenir.

Je n'étais pas faite pour cela.

Son regard impitoyable me transperçait comme une lame froide.

D'un geste presque délicat, il posa la paume de sa main sur mon visage, caressant ma joue avec une douceur qui contrastait étrangement avec l'atmosphère pesante de terreur.

Au bord du videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant