Chapitre 33

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Mon regard dévia du pistolet que je tenais entre mes mains vers la cible placée devant moi. Les trous parsemaient le pourtour de la cible, mais aucun impact ne touchait le centre. 

J'enlevai mon casque de protection et me tournai vers Clive, observant le Beretta qu'il tenait entre ses mains. Comparé au sien, mon pistolet paraissait petit, à peine plus grand que la paume de ma main.

- Pourquoi je n'ai pas un pistolet comme le tien ? demandai-je, cherchant à comprendre la différence.

Il déchargea son pistolet d'un geste assuré et me répondit avec calme : 

- Tu as besoin d'un petit. Le dissimuler sera plus simple pour toi.

Je haussai un sourcil, perplexe face à sa réponse, et lui fis part de mon ressenti : 

-J'ai l'impression que mon pistolet est inoffensif.

Un sourire espiègle étira ses lèvres alors qu'il s'approchait de moi. Avec une précaution délibérée, il prit le pistolet de mes mains, veillant à ce que nos mains se touchent. Puis, d'un ton confiant, il lança :

-Je peux te tirer dessus si tu veux. Tu verras qu'une balle reste une balle. Seul l'endroit compte.

Je secouai la tête avec un léger sourire, déclinant poliment son offre. 

-Non, ça ira, répondis-je simplement.

Clive me rendit le pistolet avec un geste mesuré, sa voix empreinte d'une autorité tacite résonnant dans l'entrepôt presque vide. 

-Bien, nous en avons fini pour aujourd'hui. Je te libère. N'oublie pas notre rendez-vous ce soir. Si tu veux abandonner, tu peux toujours le faire.

Ses paroles, bien que calmes, portaient un poids indéniable, comme une invitation à assumer les conséquences de mes choix.

Je rangeai le pistolet dans la poche de mon léger blouson, sentant son poids de métal contre ma hanche comme un rappel constant de la nouvelle réalité à laquelle je devais m'adapter. 

Levant les yeux vers Clive, j'acquiesçai silencieusement, reconnaissant la nouvelle dynamique qui s'installait entre nous depuis notre accord implicite.

Quittant l'entrepôt, je traversai les couloirs du domaine, croisant le regard de plusieurs gardes qui semblaient indifférents à ma présence, témoins muets de la hiérarchie qui régnait sous l'autorité de Clive. 

Ignorant leurs regards, je me dirigeai vers le café du village, mon esprit encombré par les événements de la matinée.

Sous le soleil brûlant du midi, le domaine de Clive étincelait d'une lumière éblouissante, contrastant avec l'atmosphère glaciale qui avait longtemps prévalu entre lui et moi. 

Depuis notre accord, conclu il y a une semaine, notre relation avait subi une métamorphose radicale. Les humiliations et les insultes avaient cédé la place à un traitement étrangement courtois, presque respectueux. Cette transformation soudaine, bien que bienvenue, semait le trouble dans mon esprit déjà tourmenté.

Sortant mon téléphone pour vérifier l'heure, une vague de panique s'empara de moi en découvrant qu'il était déjà 12h45. Un flot d'excuses précipitées et de promesses de rattrapage s'élaborait dans mon esprit alors que je réalisais l'ampleur de mon retard pour mon déjeuner avec Lux.

J'arrivai rapidement au village et pénétrai dans le petit café, accueilli par l'odeur alléchante du café fraîchement moulu. 

Saluant le gérant d'un signe de tête amical, je passai ma commande : un toast au saumon. Mon regard balaya la salle à la recherche de Lux, que je repérai dans un coin, à l'abri des regards.

Au bord du videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant