Chapitre 20

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Colorado, États-Unis


J'avais roulé toute la journée sans m'arrêter, fuyant l'État du Montana comme si la fureur de Clive était un spectre insatiable à mes trousses. 

Convaincue qu'il me traquerait sans relâche, j'avais parcouru la distance qui me séparait du Colorado en dix heures de route interminables. Enfin de retour chez moi, je pouvais presque sentir le soulagement dans l'air montagneux du Colorado.

Au fil du trajet, j'avais fait plusieurs haltes dans des motels anonymes, m'arrêtant pour vérifier les informations, scrutant chaque écran de télévision pour m'assurer que mon visage n'était plus affiché en tête des recherches.

Rien. 

Les autorités semblaient avoir suspendu les recherches, du moins je n'apparaissais plus à la télévision.

Cependant, la paix apparente de mon retour chez moi était ternie par l'ombre persistante de la paranoïa. Chaque bruit de moteur dans le lointain faisait monter en moi une tension incontrôlable, et la moindre rencontre avec un regard inconnu alimentait mes pensées anxieuses.

Un panneau annonça Breckenridge, ma ville natale. J'avais longuement hésité à revenir ici, déchirée entre l'envie de retrouver un lieu familier et la peur des souvenirs et des possibles répercussions. 

Dans le tourbillon d'incertitudes, mes parents représentaient le seul repère que je pouvais encore saisir, même si nos relations étaient actuellement tendues. Malgré cela, un murmure intérieur insistait, hurlant que c'était vers chez eux que je devais me diriger.

Alors que je m'approchais de Breckenridge, l'anxiété s'intensifiait. Les pensées tournoyaient dans ma tête. 

Serait-ce une erreur de me rendre chez mes parents ? Comment réagiraient-ils en me voyant après tout ce qui s'était passé ?

La question cruciale continuait de hanter mes pensées : seraient-ils en mesure de m'accepter malgré les accusations qui pesaient sur moi, ou me rejetteraient-ils, peut-être même me dénonceraient-ils aux autorités ?

Je me garai doucement devant leur maison. Depuis l'extérieur, je contemplais la demeure familiale. Les lumières étaient allumées, une lueur chaleureuse filtrant à travers les rideaux. Mon regard glissa vers le poste radio, affichant vingt heures trente. Ils devaient sûrement avoir fini de manger.

Une grande inspiration gonfla ma poitrine alors que je sortais de la voiture, les clés que m'avait confiées Aace en main. Chaque pas vers l'entrée était chargé d'une tension palpable. Les marches du perron s'élevèrent doucement sous mes pieds, et je me retrouvai devant la porte d'entrée.

Je me demandai une dernière fois si c'était le bon choix. Les doutes et les craintes tournoyaient dans ma tête, mais au-delà de tout, il y avait ce besoin intrinsèque de retrouver un semblant de normalité, de réconfort.

Ma main glissa sur la sonnette, et le simple geste d'attendre sembla transformer les secondes en une éternité. L'incertitude planait dans l'air alors que la porte s'ouvrait finalement devant moi.

Et puis, il était là. 

Mon petit frère, Noah. 

Le simple fait de le voir fit monter les larmes à mes yeux. Dans un instant empreint de surprise et de joie, Noah fit quelques pas en arrière, les yeux écarquillés. Puis, sans avertissement, il se jeta dans mes bras.

Noah me serra de toutes ses forces, comme s'il avait peur que je ne sois qu'une illusion prête à s'évaporer. Ses bras autour de moi étaient une étreinte familière, un lien qui transcendait les mots. Les larmes coulaient librement, mélange de chagrin, de soulagement et d'un amour longtemps contenu.

Au bord du videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant