Chapitre 23

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Allongée, je fixais le plafond dans l'obscurité oppressante de la chambre, prisonnière de mes pensées torturées.

La tentative de trouver le sommeil était une lutte inutile, car chaque fois que mes paupières se fermaient, les images du meurtre brutal de ma mère, de mon père, de Noah, surgissaient en un tourbillon macabre. Les cris, les coups de feu, tout se rejouait inlassablement, transformant le refuge du sommeil en un cauchemar sans fin.

Les rares moments où j'avais réussi à m'endormir avaient été de courtes trêves, car chaque réveil était un retour brutal à la réalité. Des cris étouffés, des pleurs involontaires, avaient déchiré le silence de la nuit, faisant écho à la terreur persistante qui hantait mes pensées. Danny, fidèle à mon côté, avait veillé sans faillir, partageant silencieusement le fardeau de la douleur.

Vingt-quatre heures s'étaient écoulées depuis que j'avais perdu ma famille, et l'absence de nouvelles de Clive pesait comme une ancre sur mon âme déchirée. Il avait promis à Tate qu'il arriverait, mais chaque minute sans signe de lui était un supplice insoutenable.

Dix longues heures étaient nécessaires pour traverser la distance séparant le Montana du Colorado, mais dans l'attente fébrile, chaque seconde semblait s'étirer en une éternité.

Les aiguilles de l'horloge semblaient se mouvoir avec une lenteur délibérée, comme si le temps lui-même avait décidé de se venger en prolongeant ma torture. Chaque tic-tac rappelait la distance qui me séparait de Clive, et chaque battement de mon cœur résonnait avec l'écho d'une angoisse croissante.

Des éclats de rire, des murmures joyeux, s'échappaient de l'extérieur de ma chambre, infiltrant le silence étouffant qui régnait à l'intérieur. Les membres du club semblaient poursuivre leur existence, trouver des moments de joie et de légèreté, tandis que ma réalité était plongée dans les ténèbres.

La porte s'ouvrit brusquement, interrompant le silence oppressant de la chambre. 

Mon regard se dirigea instinctivement vers l'entrée, et je découvris Danny franchissant le seuil. Il referma la porte derrière lui, portant quelque chose d'emballé dans ses mains attentionnées.

Il s'avança vers moi avec une préoccupation évidente dans ses yeux.

- Je t'ai ramené un hot-dog pour le dîner. Ce serait bien que tu manges un peu, déclara-t-il d'une voix douce, manifestant sa volonté de prendre soin de moi

Je me redressai lentement, prenant conscience de ma propre faiblesse physique et émotionnelle. M'asseyant au bord du lit, je répondis à l'offre bien intentionnée de Danny en secouant la tête négativement

- Non, je n'ai pas d'appétit, murmurai-je d'une voix éteinte

Cependant, une question me tourmentait, et je la libérai dans l'air lourd de la chambre.

- Pourquoi Judy n'est-elle pas venue me voir ? Elle n'est pas là ?

La pointe d'anxiété dans ma voix reflétait ma vulnérabilité, et Danny, bien qu'initialement surpris par ma question, se ressaisit rapidement.

- Tate et Judy ne sont plus ensemble depuis deux mois. Judy a quitté le club, expliqua-t-il calmement.

Mes sourcils se froncèrent en signe d'incompréhension, et mes pensées se perdirent dans un labyrinthe de questions sans réponse. Judy et Tate, un couple qui semblait incassable, avaient mis fin à leur relation.

L'annonce de la rupture entre Judy et Tate m'avait frappée comme un coup sournois. Elle avait été l'une de mes amies les plus proches, et pourtant, jamais elle ne m'avait soufflé mot d'un éventuel conflit avec Tate. Leur séparation, survenue précisément il y a deux mois, coïncidait étrangement avec ma propre disparition.

Au bord du videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant