Chapitre 11

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Le son régulier des gouttes de pluie contre la fenêtre se mêlait à l'atmosphère pesante de ma chambre.
 
Des jours entiers s'étaient écoulés sans que je ne quitte cet endroit.

Depuis l'épisode traumatisant dans le sous-sol, je refusais de faire face à qui que ce soit.

Les murs blancs semblaient se refermer sur moi, et l'obscurité persistante de ma chambre reflétait l'état sombre de mon esprit.

Je n'avais participé à aucun dîner, refusant de voir le monde extérieur.

Isaac, cependant, ne me laissait pas sombrer totalement dans l'isolement.

Il venait chaque jour avec mes repas, tentant de discuter, mais certains jours, je restais silencieuse, incapable de trouver les mots pour exprimer la tourmente qui régnait en moi.

Les nuits étaient les pires.

Le sommeil me fuyait, laissant place à des pensées obsédantes.

L'homme dans la cellule que j'avais tué,  je ne connaissais même pas son nom.

Son visage hantait mes rêves éveillés.

L'étiquette de meurtrière semblait coller à ma peau, indélébile, incapable de s'effacer.

La porte grinça, et Isaac fit son entrée, venant récupérer l'assiette qu'il m'avait apportée pour le repas de midi.

Il examina le contenu intouché, son expression enfantine contrariée.

- Ne t'affame pas. Je comprends que tu sois triste, mais ce n'est pas la solution à tout ça. Il faut que tu te battes", me dit-il, s'asseyant à mes côtés sur le lit.

Je n'étais pas triste.

Tristesse était un mot bien trop faible pour décrire l'état dans lequel je me trouvais.

Un tourbillon d'émotions négatives me submergeait, et je repensais à tout ce que j'avais vécu et à ce que je traversais actuellement.

L'idée que rien n'allait s'arranger tournait en boucle dans ma tête.

Je n'avais plus de goût à rien, plus d'espoir, plus rien.

L'envie de mettre fin à mes jours pour abréger mes souffrances prenait de plus en plus de place dans mes pensées tourmentées.

Me battre pour quoi ?" lui demandai-je d'une voix dépourvue d'émotion. "Mon sort est scellé. Je vais vivre ici en étant malheureuse toute ma vie."

Isaac hocha la tête négativement et me répondit d'une voix douce,

Si tu y mettais du tien, tu pourrais être heureuse ici, tu sais. Moi, je suis heureux ici."

Je me levai d'un coup, ahurie par ses propos, et lui hurlai dessus en m'approchant de lui,

- Si j'y mets du mien ? On m'a kidnappée, j'ai échappé à un viol, j'ai tué quelqu'un, j'ai pris un coup de couteau et tu me demandes d'y mettre du mien ???"

J'avais l'impression que le poids du monde s'abattait sur mes épaules, m'écrasant sous le fardeau de mes propres actions et de la situation dans laquelle j'étais plongée.

La chambre semblait se rétrécir, les murs se rapprochant de moi, m'emprisonnant dans un espace confiné avec mes pensées sombres.

Isaac, assis sur le lit, gardait son calme malgré ma colère déchaînée.

Son regard compatissant tentait de percer la carapace que j'avais érigée autour de moi.

Cependant, sa tentative de réconfort se heurtait à la muraille d'incompréhension et de douleur qui m'enveloppait.

Au bord du videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant