Chapitre 19

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- Tu ne déjeunes pas ? me questionna Isaac, assis à table.

Je tournai lentement la tête vers lui, répondant d'un signe négatif de la tête, puis reportai mon regard sur elle.

Irina

Elle était assise en bout de table. Depuis que j'avais été enfermée dans cette cellule et qu'elle m'avait observée subir des violences sans réagir, une haine grandissante envers elle prenait place en moi. Je la considérais comme complice de mes souffrances, une complice passive, indifférente à ma douleur. J'étais persuadée qu'elle aurait pu agir, mais elle avait choisi de rester spectatrice.

Irina sembla remarquer mon regard fixé sur elle, et un éclair de confusion passa dans ses yeux. Elle plissa légèrement les yeux, tentant de comprendre pourquoi j'avais choisi de tourner mon attention vers elle.

J'étais sous tension, épuisée par une nuit presque blanche. 

Les effets du manque de drogue se manifestaient cruellement, mes jambes tremblaient légèrement sous la table. Chaque fibre de mon être criait pour une dose salvatrice qui pouvait apaiser temporairement cette douleur persistante.

Je saisis le couteau posé à côté de mon assiette, cherchant machinalement un exutoire pour le tourbillon d'émotions qui me submergeait. 

Isaac, plongé dans une conversation avec Yuri, évoquait une mission qui avait dramatiquement mal tourné. Des membres de leur clan avaient été tués lors d'une tentative de récupération d'une cargaison d'armes.

-Je suis sûr que c'est ce fils de pute de Vassili. Depuis qu'on a tué son fils, il a décidé de nous éliminer un par un, cracha Yuri, exprimant sa colère d'une voix rauque.

Le nom de Vassili avait déjà résonné dans mes oreilles. C'était l'homme qui s'était présenté à Clive et à moi lors de la soirée à laquelle j'avais assisté. Clive lui avait reproché d'avoir tué six de ses hommes, générant une dette sanglante et une tension palpable entre les deux parties.

- Je sais, lundi dernier, on a reçu la tête d'Earl et de sa femme dans une boîte en carton. Il ne va pas s'arrêter, au contraire, il va essayer de massacrer tous nos proches pour qu'on réagisse, déclara Isaac d'une voix grave, laissant planer l'ombre inquiétante de la vengeance.

Earl ? 

Mon couteau tomba sur mon assiette, produisant un bruit sourd qui attira instantanément tous les regards vers moi, comme si ce simple geste exprimait mon choc et mon incompréhension face à cette nouvelle cruelle.

- Earl, le Earl que je connaissais, est mort ? demandai-je, tentant de saisir la réalité brutale qui se dessinait devant moi.

Yuri hocha la tête, confirmant le destin tragique d'Earl.

- Oui, il est mort.

Un frisson me parcourut, un étrange mélange d'émotions tourbillonnant en moi. Je ne ressentais pas de tristesse pour Earl, compte tenu de son implication dans mon enlèvement, mais plutôt une perplexité face à la fragilité de la vie dans ce monde.

Je me demandais comment Clive avait réagi à la nouvelle. Je ne connaissais pas grand-chose de leurs relation, mais il m'avait semblé plutôt proche d'Earl. 

Est-ce que la nouvelle de sa mort l'avait atteint, ou était-il vraiment un monstre sans cœur, immunisé face à la douleur de la perte humaine ?

Je me levai sans un mot et quittai la table, laissant Yuri et Isaac poursuivre leur discussion. En sortant de la cuisine, je décidai de marcher un peu autour du chalet. Ma chambre était devenue insupportable, un miroir de mon état intérieur chaotique, de mon désespoir palpable et de ma souffrance endurante.

Au bord du videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant