Chapitre 6 - Altercation

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Le temps ne m'a jamais paru aussi lent et long, à la fois

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Le temps ne m'a jamais paru aussi lent et long, à la fois. Si jusqu'ici je vivais à cent à l'heure, n'ayant pas assez d'heures dans une journée pour faire ce que j'ai à faire, là j'ai plus que le temps de tourner en rond et de me mettre à cogiter sur des trucs sans importance mais qui me prennent la tête. Qui aurait cru qu'avoir du temps devant soi, pouvait être si ennuyant  ? Si encore je pouvais bouger librement, ça serait différent mais là mes seules interactions avec le monde extérieur, c'est par téléphone. Je donnerais tout pour être à nouveau sur la tournée, être sur scène devant des milliers de fans en délire. Nous sommes le samedi treize avril, nous devrions être sur scène à Montréal, au lieu de ça je suis cloué dans un putain de lit. Je tue le temps en zappant sur les réseaux sociaux où évidemment ça parle de l'arrêt de notre tournée, de ma chute et de l'accusation d'agression sexuelle contre moi.

J'ai bien proposé à April d'appeler moi-même cette mytho pour trouver un arrangement mais elle a rétorqué que c'était la pire idée qui soit et que ça ne ferait qu'aggraver mon cas. Alors quoi  ? Je suis censé fermer ma gueule et me laisser être accusé d'une telle horreur, sans pouvoir me défendre  ? C'est pas juste putain  ! Je n'ai rien fait  ! Je suis un queutard, je le reconnais mais là en l'occurrence, je ne l'ai même pas touché cette fille et ça me rend fou qu'on puisse me penser capable de faire un truc aussi dégueulasse. D'habitude les rumeurs me passent par-dessus la tête mais là, ça coince. Les journalistes n'arrêtent pas d'essayer de me joindre mais je ne décroche à aucun appel quand je ne connais pas le numéro. Ces fouilles merdes ne cherchent que le scoop et s'en branlent des émotions des concernés ou bien de la vérité.

Je vais péter un câble, enfermé ici, pendant des mois. Peut-être qu'il se trompe l'autre bouffon et peut-être que je vais me rétablir plus vite que prévu. J'ai presque plus mal. Bon d'accord, c'est un mensonge car la douleur est toujours plus que présente mais les anti-douleurs m'aident bien à supporter son intensité. On pourrait d'ailleurs me remettre la palme du plus grand effort fourni car je laisse l'autre trouduc, faire son taff, en admettant qu'il soit vraiment pro. J'ai compris que moins je rentrais en conflit avec lui, moins j'étais en guerre avec Granny. La seule bonne chose qui ressort de cette terrible chute, c'est qu'on peut passer du temps ensemble. On parle du bon vieux temps, de mon enfance, elle me raconte ce que j'ai raté depuis mon départ.

J'adore ma grand-mère mais disons que j'aimerais bien fréquenter des gens de mon âge car nous n'avons pas spécialement les mêmes centres d'intérêts. Elle fait l'effort d'essayer de me comprendre et d'apprécier ma musique mais je sais que ce n'est pas son style, l'attention me touche quand même. Ce qui est plus problématique, c'est que je n'ai pas écrit une foutue ligne depuis mon retour à Middleston. Je suis en train de dépérir à vu d'œil et en plus de ça, je fais face au foutu syndrome de la page blanche. Comment je vais pouvoir me sortir de cette merde  intersidérale ? En même temps, comment pourrais-je composer quand je n'ai rien qui m'inspire  ? Ce n'est pas en restant entre les murs de cette baraque, que j'y arriverais.

The Show Must Go OnWhere stories live. Discover now