Une Lueur d'Espoir

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- C'est ainsi que se clôture cette cérémonie. Je ne connaissais pas personnellement ces courageux soldats, ceux qui sont vos fils, vos frères, ou ceux que vous avez aimé. Mais je partage votre douleur. Nous retiendrons leur bravoure, et leur loyauté à ceux qu'ils ont aimé. En mémoire de Enry, Caydan, Aran, Gilert, et Francy.

Nous entonnons le chant funéraire.

Nos voix s'élèvent, tantôt brisées, tantôt secouées par les sanglots, ou alors simplement très basses. Je ferme les yeux pendant que je chante.

Quand je les rouvre je ne peux m'empêcher de poser un regard triste sur ce qui m'entoure : Devant moi se trouvent cinq linceuls blancs, qui contiennent les restes de chaque soldat. Il était impossible de savoir à quel soldat appartenait chaque bout d'armure, alors les familles se les sont réparties, et se contentent de pleurer ça. Il y a quatre femmes d'un certain age, sûrement les mères, trois hommes auprès de trois d'entre elles, des femmes de l'âge de ces soldats, c'est à dire une trentaine d'années, et des enfants. Leur douleur me transperce le cœur.

Le ciel est noir, et il y a beaucoup de vent.

Nous aussi, nous sommes tous vêtus de noir. Je me tiens sur une butte, et ma robe s'agite au vent. Les membres de chaque famille sont blottis les uns contre les autres, pleurant en silence, ou hurlant leur douleur.

Je regarde sur ma droite. Alec se tient là, il a la tête baissée, les yeux fermés, les mains croisées dans le dos. Il me semble voir une larme couler le long de sa joue. Il doit faire le deuil de ses frères d'armes, mais aussi de l'espoir de retrouver sa sœur.

Je descends de la butte et vais exprimer mes condoléances à tous les membres de chaque famille. Alec lui va se recueillir auprès de chaque linceul, et va parler aux membres de toutes les familles.

Une fois qu'il me semble avoir fait le tour de toutes les personnes à qui je devais parler, je tombe nez à nez avec deux enfants. Il y a une petite fille et un petit garçon. La fille a des cheveux châtains clair très sales noués en une queue de cheval basse. Elle a un joli visage, délicat et doux. Elle porte une robe beige simple trouée et tachée, et des chaussures rapiécées trop grandes pour elle. Le petit garçon est blond, et il porte juste un pantalon tout déchiré. Il est pieds nus. Et tout sale lui aussi.

Mais ce qui attire mon attention c'est qu'ils ont tous les deux de beaux yeux bleus, mais qu'ils sont aussi très maigres.

Mon premier réflexe en les voyant est de me demander d'où ils peuvent bien venir, personne dans mon royaume ne peut être dans un état pareil. Je suis peut-être très confiante, mais je me dis que mon système est solide, et que personne n'est laissé dans la misère. Et ces deux là viennent de la misère, ça ne fait aucun doute.

Ils sont serrés l'un contre l'autre, et ils me regardent de leurs grands yeux bleus.

- Bonjour, je m'appelle Yliana, me présentais-je avant de demander, que faites-vous là ?

J'ai parlé de ma voix la plus douce, et je me suis mise à genoux devant eux pour ne pas leur faire peur.

Je remarque que le petit garçon a l'air légèrement plus vieux que la fille, et il tient sa petite main fermement serrée dans la sienne. Il a un regard adulte, tellement mature que ça me fait un drôle d'effet.

Il me regarde droit dans les yeux et me répond d'une voix éraillée, mais affirmée :

- Nous savons qui vous êtes, vous êtes notre Reine. Moi je m'appelle Caleb, et voici Aglaé, ma sœur. Nous sommes venus pour l'enterrement de notre frère, Caydan.

La Danse du Dragon et de l'ÉtoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant