Les Battements de Nos Coeurs

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La fête bat son plein.

Lysandra marche dans le camp. Un nombre impressionnant de feux de joie ont été allumés, et les Ikars font la fête. La nuit est tombée il y a quelques heures maintenant.

Ses alliés portent des tenues de fête : majoritairement des toges, mais certains hommes sont en chemise et en pantalon. L'alcool coule à flot, et tout le monde est détendu. Il y a aussi beaucoup de Ikars qui fument, ils ont des bâtons plus ou moins longs dans lesquels sont fourrées des herbes qu'ils font brûler. Ils se font passer les bâtons, prennent des inspirations et recrachent des bouffées de fumée. Il y a une odeur agréable : un mélange de bois brûlé, d'herbes, de nourriture grillée et des parfums que les femmes mettent. Elles confectionnent des flacons d'eau à l'odeur puissante sur Antalya, et nombre d'entre elles les ont emmenés.

Cassiopée en a donné un à Lysandra, et elle a mis un peu de cette eau à la senteur enivrante dans son cou. L'odeur est celle d'un bouquet de fleur, mélangé aux épices, et la jeune Humaine adore ce parfum.

Depuis le début de la fête elle a bu quelques verres avec ses six amis, puis ils sont tous partis dans leur coin au fil des heures, et maintenant elle est seule.

Elle se sent bien. Elle est détendue, elle n'a pas froid, et elle est apaisée. C'est comme si demain il n'allait rien se passer, comme si elle retrouvait la sérénité de l'enfance, quand on a l'impression que rien n'est grave.

Elle sourit devant ses alliés qui rient, s'embrassent, dansent, fument ou boivent. Tout est dans la mesure et le respect. Ils ne se disputent pas, font tout pour ne pas blesser les autres avec leurs paroles, ils ne forcent personne à faire quelque chose que la personne ne voudrait pas, ils s'écoutent et essayent de s'intégrer mutuellement.

Lysandra se demande à quoi ressemble la vie en société sur Antalya, si c'est aussi exemplaire que le sont ces hommes et femmes.

Il y a aussi un drôle de rituel : Des grands bols en terre sont posés au sol un peu de partout dans le camp, et tous sont remplis de poudres de différentes couleurs : Rouge, jaune, vert, bleue et blanche.

Elles ont toutes une signification pour les Ikars : le rouge représente l'union charnelle, le jaune une union amicale, le vert l'espoir et la volonté de fonder une famille, le bleu la spiritualité et donc plus une union fraternelle, le blanc une union maritale.

Ceux qui le désirent plongent une de leurs mains dans la poudre de leur choix, et la posent sur la personne qu'ils désirent. C'est une manière de marquer la personne, et de lui dévoiler ce qu'on peut ressentir envers elle, ou ce que l'on attend d'elle. La personne ''marquée'' peut répondre à l'autre en la marquant à son tour, pour lui signifier son accord, ou ne rien faire, et signaler un refus. Dans tous les cas c'est plutôt bien reçu, et il n'y a pas de violence.

Lysandra, elle, a déjà été marquée par ses six amis, qui lui ont mit de la poudre jaune dans le cou, sur les épaules ou le visage. A chaque fois ce n'est qu'un point, ou un trait, donc c'est discret. En retour elle les a tous marqué de la même couleur.


Lysandra arrive devant la tente d'Antioche.

Ce n'est pas un hasard, elle veut absolument le voir avant le lever du jour, avant qu'ils partent pour les Terres Oubliées, et elle ne l'a vu nulle part dehors. Elle en a donc conclu qu'il se trouve dans sa tente.

Quand elle y arrive, les soldats qui la gardent habituellement ne sont pas là, et un pan de l'entrée est légèrement redressé.

Elle prend une profonde inspiration et rentre.

La Danse du Dragon et de l'ÉtoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant