La Danse du Dragon et de l'Étoile

Ravisement et Entrevue

- Majesté ?

Je lève les yeux du livre que je lis et découvre un garde à l'entrée de la pièce.

Il me regarde, impassible.

- Qu'y a-t-il ?  demandais je.

- Un messager du Roi Thofrok est là. Il demande à vous parler.

C'est inattendu.

Un messager du roi des Nains, qui demande une audience aussi tard le soir.. Ça fait plusieurs heures que le soleil est couché.

Je quitte le fauteuil sur lequel je suis installée, et dépasse le soldat.

- Où est-il ?

- Dans la salle du trône, me répond mon garde en se calquant sur mon pas rapide.

Je traverse les couloirs avec de grandes enjambées, et arrive devant la porte de la salle du trône, qui est grande ouverte. J'entre.

Un homme de petite taille est là, face à mon trône. Je passe à côté de lui, le dépasse et vais m'asseoir sur mon trône. Je ne m'y installe pas souvent, mais ce soir je décide de prendre place dessus. Une fois là, j'étudie mon visiteur.

Il est petit, et musclé. Ses longs cheveux bruns sont séparés en plusieurs tresses, et il porte une longue barbe de la même couleur. Son visage est dur, mais il arbore une expression de respect, et il s'incline devant moi.

- Reine Yliana.

Sa voix est grave, et il se redresse. Il me regarde droit dans les yeux, de ses orbes noires.

- Veuillez m'excuser de faire irruption à une heure aussi tardive dans votre palais, cela fait des jours que je voyage. Je me nomme Fenryr, et j'ai été envoyé par mon Roi, m'explique-t-il posément.

Je hoche la tête, intriguée. Je lui réponds :

- Pourquoi êtes-vous là ? J'espère qu'il n'est rien arrivé de fâcheux à votre Roi.

Je perçois dans ses yeux quelque chose qui s'apparente à de la..gêne ?

Fenryr marque un temps de silence, puis me livre la raison de sa venue.

- Mon Roi m'a envoyé vous prévenir qu'il retire ses troupes de la campagne militaire contre les Ikars.

Je me fige.
J'ai forcément mal entendu.

- Pardon ?  m'écriais-je, les yeux écarquillés.

D'un coup il évite mon regard, s'intéressant au sol comme au plus beau des trésors qu'il ai vu.

De toute évidence, j'ai bien compris.

- Cinq messagers sont partis pour les autres continents, lance-t-il au bout d'un moment, comme si ça pouvait m'apaiser.

Je m'enfonce dans mon trône, posant mes mains sur les accoudoirs, le menton levé.

- Je dois comprendre que votre Roi se dégonfle et nous laisse nous débrouiller seuls ?

Ma voix résonne fort, et il replonge son regard dans le mien. Son visage est fermé maintenant. C'est connu, il ne faut pas toucher à la fierté des Nains, et mon ton laisse entendre tout ce que je pense de la situation.

- Mon Roi refuse de perdre des hommes dans cette guerre, me répond-il, les dents serrées.

Je pense que si mon regard pouvait brûler, il serait actuellement à l'état de cendres.