Chapitre 20 - Troubles

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- Point de vue de Thaïs -

Après l'enterrement, tout avait semblé s'accélérer. Je ne comptais plus les après-midi de libres et les week-ends que nous avions passé à vider la maison de Mme Devros. Cet endroit me faisait froid dans le dos, et je savais qu'Ethan avait du mal à faire face.

Le voir dans cet état de renfermement me brisait le cœur. J'essayai, du mieux que je pouvais, de lui apporter mon soutient et mon l'amour mais j'avais l'impression d'être totalement inutile, et ça me tuait véritablement. T'es même pas foutue de lui dire que tu l'aimes aussi. Ta gueule.
Ethan allait en cours, il mangeait, sortait, parlait. Mais il n'était pas vraiment là, et personne ne pouvait vraiment lui jeter la pierre. Il avait perdu son seul repère, qui était déjà peu fiable. Je savais qu'il se sentait perdu, mais il n'en parlait jamais.

Ethan ne parlait pas de sa mère, de cette perte douloureuse. Il m'avait annoncé son décès et puis plus rien. Je n'avais rien entendu d'elle sortir de sa bouche depuis. Et ce n'était pas une bonne chose, je le sentais s'éloigner peu à peu de moi, du monde qui l'entourait.

Cet après-midi, nous avions enfin rendu l'appartement. Toutes les affaires d'Ethan étaient désormais maladroitement entassées dans sa chambre. Dire qu'il habitait définitivement à la maison aurait dû être une super nouvelle mais en vu des circonstances, je ne pouvais vraisemblablement pas m'en réjouir comme je le voudrais.
J'étais couchée sur son lit à l'observer ranger ce qu'il pouvait sur ses étagères depuis dix bonnes minutes. Ses gestes étaient lents et son visage était nu d'expression. Mon cœur se serra. Il aurait dû être énervé ou agacé. Ou quelque chose, je n'en sais rien. Ses cheveux avaient poussés et retombaient légèrement sur ses yeux. Il était en short, buste nu à cause de la chaleur ambiante malgré le mois de janvier.
Il était incroyablement beau, ce mec et il me manquait. Je me redressai doucement et me dirigeai vers lui. J'enroulai mes bras autour de sa taille, collant ma poitrine contre son dos, en espérant qu'il ne me repousserait pas comme il le faisait souvent depuis la perte de sa mère. Comprends le. Et je le comprenais. Je l'embrassai avec tendresse sur l'omoplate. Je le sentis frissonner. Oh mon amour.

Ethan déposa la pile de livres qu'il tenait et me fit face. Il passa l'une de ses mains sur ma joue, et me souleva le menton afin de pouvoir planter son regard dans le mien. Ses yeux étaient si sombres, ils avaient perdus leur éclat. Mon souffle se coupa néanmoins sur ce que je vis. De la peine mais également de la culpabilité. Il s'en veut de me négliger.
Son regard était si pénétrant. Quand il se pencha pour poser ses lèvres sur les miennes, mon cœur eu un raté. J'avais l'impression qu'il ne m'avait pas embrassé depuis une éternité et je me rendis compte à quel point ça avait pu me manquer. D'un coup, toutes mes craintes et mes peurs se dissipèrent, et furent rejetées. Je ne pu contenir mes larmes.

Je ne savais pas ce que je ferais sans lui, et honnêtement, je crois que ce blocage était entrain de me bouffer. Je voulais lui dire que je l'aimais. Que j'avais besoin de lui. Mais à chaque fois, je me pétrifiais. Je devenais une putain d'aphone.

- Ne pleures pas mon ange. Je suis désolé, me murmura t-il.

De quoi s'excusait t-il au juste ? Il avait perdu sa mère et moi je chialais comme une abrutie alors que je n'étais même pas foutu de lui dire trois petits mots.
Je reculais quelque peu et séchais mes larmes.

- Je ne vois pas pourquoi tu t'excuses, Ethan.

Il croisa ses bras sur sa poitrine et m'observa. Je détournai le regard, sachant pertinemment qu'il lisait en moi comme dans un livre ouvert.

- Tu sais, ce n'est pas parce que tu n'arrives pas à me dire trois mots à la con que je ne sais pas ce que tu ressens.

Il avança et planta un baiser sur mon front.

Attach(i)ante (terminé)Where stories live. Discover now