Chapitre 35 - Something new

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- Point de vue d'Ethan -

Deux semaines. Deux putains de semaines durant lesquelles j'ai été coincé dans cette satanée chaise roulante. Quatorze jours durant lesquels Thaïs, Liam et absolument toute la planète n'avaient pas arrêté une seule seconde de me prendre pour un démuni. "T'as besoin d'aide ?" ; "C'est définitif ?" ; "Oh mon pauvre !" .. Bordel. Je ne savais vraiment pas ce qui avait pu m'empêcher de tous les envoyer se faire foutre. Peut-être bien la petite voix casse-pieds présente dans ma tête qui me rabâche jour et nuit que ce n'est que de la gentillesse. De la gentillesse, tu parles. Je n'avais pas besoin de leur pitié.

J'avais passé le plus clair de mon temps à faire la gueule, et à ignorer tout le monde. Y comprit Thaïs. Super idée. Cette situation était un véritable cauchemar, je n'arrivais plus à supporter les regards compatissants de ma copine. Fierté mal placée ou débilité profonde, le résultat était le même : je ne lui servais plus à rien.

Mais fort heureusement, c'est aujourd'hui que mon calvaire s'arrête. Dans quelques petites heures, je serais débarrassé de cette chaise de malheur et de ce plâtre lourd comme une pierre. Le médecin avait accepté de changer ce dernier et de me laisser utiliser des béquilles. La délivrance. J'allais enfin pouvoir me débrouiller sans l'aide de quiconque et retrouver un tant soit peu de virilité. Il était temps pour moi de retrouver ma routine d'avant, qui commençait étrangement à me manquer. Le lycée, par exemple. Je n'y avais pas mis les pieds depuis l'accident, et les interminables heures de cours de Mme Bourg me manquaient de façon inexplicable. Non, impossible. Ou peut-être était-ce mes amis ? Et pourquoi ? Ils passaient me rendre visite tout les jours.

Sans pouvoir l'expliquer, je ressentais ce vide intérieur qui me bouffait littéralement et me rendait invivable. J'avais besoin de faire quelque chose, de changer d'air. Cet accident avait faillit me coûter la vie et j'avais eu des jours et des jours pour y repenser. La vie est précieuse et bien trop courte. Je n'en profite clairement pas assez.

Plongé dans mes pensées, je n'entends pas Thaïs entrer dans ma chambre. Quand je pose enfin mon regard sur elle, je tressaille. Depuis combien de temps a t-elle cette tête d'enterrement ? Elle a l'air fatigué. Ses jolis yeux sont cernés et son teint est livide. Il me semble même qu'elle a perdu un peu de poids. Ce constat me glace le sang.

- Le docteur Morano est arrivé, m'annonce t-elle doucement avec un minuscule sourire

J'essaye tant bien que mal de lui retourner sa mimique, mais c'est peine perdue. A l'évocation de ce crétin de Morano, mon corps s'est tendu comme un arc. Thaïs et le bon docteur s'entendaient à merveille, ce qui avait le don de m'irriter au plus haut point. Ce type était définitivement trop jeune pour son métier, et ma petite-ami bien trop éblouis par son "talent". Tu le sais, il lui faut un homme brillant, pas comme t.. Bref.

Je marmonne que je la rejoins de suite, et elle s'éclipse sans un mot. Nous n'étions pas au beau fixe. Était-ce de ma faute ? Pouvais-je encore arranger les choses ? J'avais l'impression d'avancer d'un pas et d'en reculer de deux.

Comme d'habitude, Morano ne s'est pas encombré de sa blouse blanche pour cette visite à domicile. Il porte une affreux pull kaki bien trop serré pour lui et un jean tout droit sorti des 90's. Quel âge a-t-il, bon sang ?

- Bonjour Ethan, j'espère que tu es fin prêt, me lâche t-il après un moment.

Il n'a pas l'air de m'apprécier, lui non plus. Tant mieux. Il congédie Thaïs, avec un certain regret, pour enfin me délivrer. Si il ne s'agissait pas de mon médecin, je crois que je lui aurais déjà foutu mon poing dans la gueule. A la mater comme ça, il dépassait clairement les limites.

Attach(i)ante (terminé)Where stories live. Discover now