Chapitre 39 - Soupçons

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- Point de vue d'Ethan -

Je n'y arriverais pas. Ce sont les premières pensées qui m'assaillent. Je m'étais donné du mal, j'y avais vraiment cru. Il fallait que je le fasse mais à cet instant, c'était tout simplement impossible. Elle m'avait dit qu'elle serait à mes côtés, mais elle avait menti. Je m'étais fais avoir comme un gosse, et maintenant, je savais que je n'y arriverais pas. Putain.

Nous sommes arrivés au sommet de la colline. La panorama qui s'offre à nous est tout simplement transcendant. Malgré l'obscurité du soir, je peux distinguer les milliers de maisons qui s'illuminent, comme un sapin de Noël. C'est incroyable. Autour de moi, Clément et les autres s'affairent. Je devrais les aider mais la peur me tétanise. C'est bien ce que tu voulais, non ? Bien-sûr, mais maintenant, j'appréhende. Pourtant, je sais que je suis prêt, j'ai la méthode, j'ai tout. Il ne manquait qu'elle, à vrai dire, et ça me coûtait de devoir l'avouer.

Sérieusement. Je n'arrive pas à croire que Naomie m'est réellement laissée tomber sur ce coup. C'est sensé être mon binôme, quand même ! Je mettrais ma main à couper qu'elle se marre bien, dans l'une de ses maisons scintillantes, à m'imaginer entrain de me défiler. Et bien je ne lui ferais pas ce plaisir. J'ai intérêt à me ressaisir. Il me suffit de dévaler la pente qui s'étale juste devant moi et de me laisser porter dans les airs, après tout. Un jeu d'enfant. Je prends une grande inspiration et décide de m'équiper. J'enfile mon casque et je vérifie une dernière fois mon sac à dos. Clément m'observe du coin de l'œil.

- Pas trop stressé l'handicapé ? me vanne t-il

Je maudis intérieurement Naomie. Le surnom stupide qu'elle m'a affublé s'est répandu au Brave comme une traînée de poudre. J'ai beau savoir que ce n'est qu'une plaisanterie, je ne l'aime pas beaucoup. L'handicapé, non mais tu parles. Elle me le payera.

- Rien d'insurmontable, répondis-je avec un peu plus d'assurance.

Il m'adresse un clin d'œil et retourne à ses occupations. Nous sommes quatre à sauter ce soir. Clément et un autre confirmé, ainsi qu'une fille que je n'ai jamais vu. Tous paressent sereins. J'examine encore la pente qui s'étend à mes pieds ; elle est raide, et le vide à l'arrivée est impressionnant. Je suis prêt.

L'instant fatidique arrive et l'excitation a repris possession de moi. Je ne tiens plus en place. J'ai une chance incroyable. La fille inconnue est la première à sauter. Un énorme sourire fend son visage, et elle s'élance sans aucunes hésitations, le parachute planant au-dessus d'elle. Je crois sourire, moi aussi. Elle disparaît rapidement dans la nuit. Le gars confirmé la suit, et mon tour vient rapidement. Clément me remémore l'essentiel mais je ne l'écoute plus. Je veux sauter.

J'ouvre mon parachute et je sens l'adrénaline m'emplir. Mon souffle est court, mon coeur bat à m'en crever la poitrine. C'est parti. Sans réfléchir une seconde de plus, je dévale la colline. Au moment où le sol se dérobe sous moi, je ne peux m'empêcher de pousser un cri. Mon rire retentit dans l'obscurité. Je vole. Je n'ai jamais ressentit quelque chose d'aussi intense. J'ai la sensation d'être plus en vie que je ne l'ai jamais été. Je ne crois plus pouvoir m'en passer. Putain de merde.

**

Quand je rentre finalement, il est minuit passé et mon euphorie ne s'est pas atténuée. Nous sommes restés célébrer notre baptême de l'air à Samia, la fille inconnue, et à moi-même. J'avais trop mangé et trop bu, mais je me sentais affreusement bien. Bien.

Attach(i)ante (terminé)Where stories live. Discover now