Chapitre 6

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Lena bougeait lentement son bras blessé. Elle se réveillait peu à peu, ne sachant pas où elle se trouvait. Elle regarda de tous les côtés, mais elle ne voyait rien d'autre que des murs gris. La pièce où elle se trouvait était petite et ne possédait aucun meuble. Elle essaya de se relever mais retomba aussi tôt. Une chaîne était accrochée à sa cheville gauche ainsi qu'à sa hanche et l'empêchait de faire quelconque mouvement.

Des pas se firent entendre de l'autre côté du mur. Puis plus rien, le silence. Lena retenait son souffle sans s'en rendre compte. Elle le relâcha après quelques secondes car elle n'entendait toujours aucun bruit. Elle essaya de bouger une nouvelle fois mais ça ne fit que plus de bruit. Les chaînes tapèrent contre le mur et attirèrent l'attention de la personne qui se trouvait de l'autre côté.

La porte s'ouvrit doucement et laissa passer un homme, l'inconnu qu'elle avait suivi dans la forêt. Celui-ci ne semblait pas apeuré ni même blessé, il était blasé comme si tout ça était normal pour lui, du déjà-vu. Elle le fixa droit dans les yeux avant de parler d'une voix vide d'émotions :

- Pourquoi je suis attachée dans cette chambre ou prison, peu importe, et pas toi ?

Lena ne savait pas quoi faire, ni comment réagir à tous ce qui venait de se passer. Son esprit était vide de sentiments, ni peur, ni tristesse : juste du vide. Comme si la moindre émotion qui l'affectait pouvait la faire disparaître ou la détruire.

Tout comme son esprit, son corps était très faible. Elle n'avait pas mangé depuis deux jours, elle se sentait fatiguée. Plus aucune énergie ne l'habitait, rien que l'effort de parler devenait suffocant et insupportable pour elle.

- C'est normal.

L'inconnu posa une bouteille d'eau ainsi qu'un bol remplit de quelque chose qui ressemblait plus à de la pâtée que de la nourriture devant elle. Lena ne fit aucun mouvement pour les ramasser et continua de le fixer. Comme si un seul détournement d'attention pouvait lui coûter cher. Cet inconnu avait l'air d'en savoir beaucoup trop sur elle, mais Lena ne connaissait même pas son prénom. Elle soupira et bougea légèrement ses jambes qui firent remuer les chaînes.

- Pardon ?! C'est normal ? Oui bien sûr, après tout, c'est tous les jours que l'on voit une personne se transformer en bête devant nous. Et toutes ces personnes dans le camion ! Décapitées devant...devant nous. On se réveille tous un matin enchaîné contre un mur, dans un lieu dont on n'a sûrement aucune idée d'où nous nous trouvons !

Il ne dit rien. Il resta debout à sa place, pas un mouvement, pas un bruit. Il semblait la regarder sans vraiment être présent.

- J'ai peut-être omis quelques détails sans importance.

Lena ne s'attendait pas à ce qu'il finisse par lui répondre. Et encore moins à cette réponse.

- Quelques détails ? Si c'est ce que tu appelles quelques détails...

Lena sourit et se hissa pour s'asseoir. Elle se força à ignorer la douleur dans sa jambe. Elle attrapa la bouteille d'eau et bue le contenu d'une traite. Elle ne fût jamais aussi heureuse de boire de l'eau.

- Pourquoi tu souris ?

Il haussa un sourcil, la pensant folle. Lena ne pût se retenir de sourire encore plus suite à sa réaction. À vrai dire, elle-même ne savait pas pourquoi elle souriait. C'était comme si une soudaine hystérie lui avait prise.

- Avery, les âmes sœurs, tout ça, c'était un mensonge ? Et dire que j'allais y croire. Que j'allais te croire.

Elle sourit une énième fois avant de se renfrogner. Elle se sentait stupide. Une longue trainée de sang partait de la porte et s'arrêtait juste sous sa main. Elle regardait autour d'elle et essayait de voir d'où il provenait avant de se rendre compte que s'était le sien. Lena laissa tomber ses yeux sur son abdomen ou une longue plaie le traversait. A première vue, rien n'avait était fait pour la soigner. Mais elle finit par remarquer le tissu couvert de sang qui la serrait. Elle remarqua également sa blessure à l'épaule qui semblait s'être refermée peu à peu. Elle ne releva pas la tête quand elle l'entendit parler.

- Non, tout est vrai. Je n'ai pas eu le temps de tout t'expliquer. Ils sont arrivés. Ils ne devaient pas arriver aussi vite.

Lena le fixa du coin de l'œil. L'inconnu faisait des allers-retours sur les trois petits mètres qui séparaient l'entrée du mur. Cette pièce était bien trop petite. Elle ne supportait pas de le voir si proche. Lena n'avait jamais était très fane des contacts humains ou animaux. Elle n'était pas dépressive ou encore triste dans sa vie et avait quelques connaissances par ci et par là mais elle préférait la solitude à l'affection. Elle se sentait revivre quand elle n'avait pas à se soucier de tout ce monde autour d'elle.

Une forte douleur la fit se cambrer et gémir. Elle ne voulait pas crier et attirer l'attention d'autres personnes, mais la douleur s'intensifiait chaque seconde. Il lui fallut quelques bonnes minutes avant qu'elle ne puisse articuler des mots.

- Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Lena releva la tête et essaya de le fixer. Il s'était entre temps arrêté de marcher. Il se concentra sur la porte. Et elle finit par les entendre, les pas qui venaient dans leur direction, avant que la porte ne soit brusquement ouverte. La porte claqua contre le mur mais resta entière à la stupéfaction de Lena. Après tous ce qu'elle venait de voir, quelqu'un qui cassait une porte en l'ouvrant était la chose la plus normale au monde.

Personne n'entra dans la pièce. Bien que la porte lui cachait la vue, Lena put distinguer une ombre. Celle-ci reflétait une personne d'apparence humaine, mais elle ne put dire si c'était un homme ou une femme, car la silhouette avait disparue, comme si le regard de la jeune fille l'avait brûlé.

Lena eue à peine le temps d'entendre l'inconnu parler et sortir de la pièce avant que la douleur ne revienne.

- Tu es en train de mourir Lena.

La douleur ne dura pas longtemps, la fille était retournée dans l'obscurité, elle avait perdu encore une fois connaissance.

Elle se réveilla quelques fois les jours d'après voyant de l'eau et à manger devant elle. Lena reprenait peu à peu de l'énergie malgré ses blessures.

Chaque jour qu'elle passait enfermée devenait de plus en plus dur pour elle. La douleur s'intensifier à chaque fois qu'elle revenait. Lena ne reçut aucune autre visite. Elle se retrouvait seule, seule avec ses pensées, seule avec sa douleur, seule avec ses démons. Des démons qui prenaient chaque jour de plus en plus le contrôle de son esprit. Des démons qui se nourrissaient de sa peur, de sa haine, de sa peine la laissant vide de toute émotion.

Son corps bougeait toujours, son cœur battait au rythme de sa respiration et la maintenait en vie, mais son esprit n'était plus là. Il se cachait dans l'obscurité.

Elle semblait en vie mais si on prenait le temps de bien la regarder et pas seulement la voir, elle était détruite.

Lena n'était pas en train de mourir comme l'inconnu l'avait si bien dit.

Non, la mort n'allait pas venir la chercher, elle était déjà là.

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