Chapitre 23

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Après un matin plutôt difficile dans le motel abandonné, Lena avait fini par reprendre la route. Il ne lui fallut que quelques heures pour enfin rejoindre le village du Lynx. Mais elle ne s'attendait pas à trouver que ce qui s'y était passé était de sa faute.

Tout le village était ravagé, certaines maisons étaient encore en feu tandis que d'autres se faisaient ravager par ses chasseurs. Elle leur avait ouvert une entrée dans le monde humain, un escadron de chasseurs s'étaient échappés par sa faute.

Lena couru vers sa maison sans jamais regarder en arrière. Sans jamais croiser le regard des familles qu'elle avait brisées. Seule sa propre famille la préoccupait, elle avait peur de ce qui avait pu leur arriver.

- Papa ! Papa !

L'homme se retourna et attrapa dans ses bras sa fille qui venait de lui sauter dessus. Les larmes qui recouvraient déjà son visage se firent de plus belles. Il serrait son unique fille dans ses bras s'imprégnant de son odeur. Elle lui avait tellement manquée tous ces mois à pleurer sa disparition.

- Papa ? Ils vont bien, dit moi qu'ils vont bien !

Le père ne dit rien pendant quelques minutes, les yeux fixant le sol. Il finit par prendre la parole la voix tremblante :

- On ira bien tous les deux, on sera bien.

Lena ne comprenait pas ce qu'il voulait dire. Elle voulut le contourner pour rentrer dans la maison mais ses bras se resserrèrent autour de sa taille. Il ne voulait pas la laisser passer. Elle sentit ses larmes mouiller son t-shirt là où sa tête était posée.

- Ils...Ils sont tous morts. J'étais au travail et quand je suis revenu...ils...

Il s'arrêta de parler, prit par une crise d'asthme. Lena resserra ses bras autour de son père, pleurant à son tour au creux de son épaule. Ils étaient tous morts et s'était sa faute. Si seulement elle était restée au Loup Blanc.

____

Les jours passèrent, plus personne dans le village n'osait sortir par peur de se faire attaquer. Lena se sentait de plus en plus coupable chaque jour, voyant son père noyer sa tristesse dans l'alcool. Il ne parlait plus, ne souriait plus, ne mangeait plus. C'était devenu un fantôme. Il restait assis devant la fenêtre attendant qu'ils reviennent, mais ils ne revenaient jamais. Alors chaque soir il laissait la clef sous le paillasson et quelques bouts de pain sur la table avant d'aller se coucher. Et chaque matin il se réveillait, descendant en courant pour les voir, mais chaque matin le pain n'avait pas bougé, ni la clef.

Des fois il s'arrêtait devant leur chambre, reniflant le parfum de maman qui flottait toujours dans l'air. Il souriait en repensant à leur merveilleux souvenirs ensemble avant de se diriger vers la chambre d'ami. Son parfum, c'était tout ce qui le maintenait encore en vie, ça lui laissait l'espoir qu'elle allait revenir pour lui.
Mais un jour, le parfum se dissipa et l'enterrement arriva.

Il lui avait pris ses fleurs préférées, des roses rouges. Il s'était accroupi devant sa tombe et lui avait raconté une histoire. Maman adorait ses histoires. Il avait le sourire aux lèvres, et puis il prononça leurs vœux de mariage. Il lui confessa combien il l'aimait et qu'il l'aimerait toujours, que même la mort ne les sépareraient jamais. Il lui dit qu'il la rejoindrait un jour mais qu'il devait être un bon père pour Lena.
Il avait fini par embrasser la grave en lui promettant de revenir chaque matin.

Lena s'était tenue à l'écart, les larmes aux yeux. Elle ne put s'empêcher de s'effondrer au sol lorsqu'elle vit son père s'approcher d'elle, le regard remplit de chagrin. Elle lui avait brisé le cœur en voulant retrouver son bien-être. Elle avait été égoïste et pour ça, sa mère, ses frères et sœurs étaient morts. Les adieux durèrent encore quelques heures, le temps de passer sur les tombes de toute la famille.

Après l'enterrement, ils étaient rentrés sans se parler. Chacun était partit de son côté. Le silence de la maison ne les avait pas quittés depuis son retour. Lena était partie se coucher le cœur remplit de tristesse et les yeux lourds de fatigue. Mais en fond d'elle, même le sommeil ne pouvait faire disparaître sa douleur et ses regrets.

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