Deuxième Tome - Prologue

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Avant même que je ne sois né, j'étais le principal sujet de conversation. Serais-je une fille ou un garçon ? Serais-je blond ou brun ? Est-ce que j'allais avoir les yeux verts de ma mère, ou ceux marrons de mon père ? Comment serais-je ? Qui serais-je ? Que deviendrais-je ? Ma mère voulait une fille blonde aux yeux verts. Mon père voulait un garçon brun aux yeux marron. Et c'est finalement ma grand-mère qui a tranché. D'après ses dires, j'allais être un garçon aux cheveux bruns et aux yeux verts. Et quand grand-mère tranche, les spéculations n'ont plus lieu d'être. Deux mois plus tard, j'ai fais mon apparition. Grand-mère a relevé fièrement la tête en me regardant. Tout y était. J'étais un garçon. Un garçon aux cheveux bruns et aux yeux verts.

- Bon garçon, avait-elle dit.

Comme si j'avais décidé d'avoir les cheveux bruns et les yeux verts après avoir entendu ses prédictions. Pourtant, il y a une chose qu'elle n'avait pas prédite. Mon teint de peau. Ce teint hâlé, basané, qui n'appartient à aucun de mes parents ou grand-parents. Ma mère m'avait regardé, attendrie, tout en passant ses doigts délicatement sur mes joues. Je ne m'en souviens pas, bien entendu, mais j'ai entendu l'histoire de ma naissance tellement de fois que je la connais par cœur.

- Il a son petit truc à lui, avait-elle dit.
- Ce n'est pas son petit truc à lui. Mon père avait ce teint qui visiblement a décidé de sauter deux générations. 

Grand-mère a toujours été de bonne humeur. Ironiquement, bien évidement. Elle est rangée dans la catégorie des personnes aigries qui trouvent toujours les mots pour créer des tensions et apporter une ambiance pesante. Mais malheureusement, tout le monde écoute grand-mère. Elle est considérée comme parole d'évangile. Pourquoi ? Car ses prédictions sont exactes, la plupart du temps. De nombreuses personnes du village venaient à notre porte pour demander des conseils à grand-mère. Ils n'obtenaient cependant jamais de réponses puisqu'ils étaient renvoyés chez eux à coup de balai. Ma grand-mère, cette personne aigrie que l'on apprécie tant.

Quand j'ai été en âge de commencer à parler, elle a annoncé à mes parents que j'allais dire mon premier mot dans la semaine. Si bien qu'ils ne m'ont pas lâchés un seul instant. J'ai été constamment dans les bras de l'un ou l'autre, et dès que j'ouvrais la bouche, ils étaient suspendus à mes lèvres, attendant mon premier mot. Je ne m'en souviens pas non plus, évidement, mais cette période de ma vie fait partie des nombreuses autres que je connais par cœur à force de les entendre. Alors que mes parents commençaient à perdre espoir, j'ai finalement dis mon premier mot lors du dernier jour de la semaine. Une semaine d'attente et d'espoir pour m'entendre dire « Angu ». Je ne sais pas ce que Angu signifie, mais après l'avoir prononcé une fois, je n'ai pas arrêté de le dire, au grand damne de mes parents.

- Et c'est supposé être son premier mot ? Avait demandé ma mère.
- Quoi ? Tu t'attendais à ce qu'il te demande de lui passer le sel ?

Ma grand-mère et son tact naturel. Pendant plus d'un mois j'ai carburé au « Angu » jusqu'à ce jour. Grand-mère me portait dans la cuisine pendant que maman se trouvait ailleurs dans la maison. Me porter l'ennuyait fermement, jusqu'à ce que je prononce autre chose qu'Angu. Mon deuxième mot fut « chien ». Nous avions un chien, un tout petit, minuscule chien au pelage noir qu'on voyait à peine. Il était passé entre les jambes de grand-mère et alors qu'elle lui mettait un coup de pied pour qu'il s'en aille, j'ai pointé mon doigt vers lui et j'ai dis « chien ». Grand-mère n'a pas été étonnée, alors que ma mère s'est reproché pendant des jours de ne pas avoir été là.

Quand j'avais six ans, une sortie scolaire était organisée. Grand-mère avait prédit qu'un accident allait m'arriver, et que j'allais revenir avec un bras cassé. Du coup, ma mère a refusé que j'y aille, et malgré toutes mes supplications elle n'a pas changé d'avis. Quand j'ai eu onze ans, elle a bien évidemment annoncé que j'allais avoir une lettre de Poudlard, et quand je l'ai ouverte, elle m'a dit que j'allais atterrir à Poufsouffle. Lors de ma première année, elle a dit que je n'aurai pas beaucoup d'amis. Lors de la deuxième, elle a annoncé que cette année allait être dangereuse et ma mère ne voulait carrément plus que j'y aille. Je ne sais pas si elle avait prédit le basilic et la chambre des secrets, mais toujours est-il qu'elle avait encore une fois raison. Chaque année elle a prédit que notre maison ne gagnerait pas la coupe. Cette année, qui est la cinquième, grand-mère a prédit que je n'aurais pas mes examens. J'attends encore de voir si elle avait raison ou non.

Mais ce que je ne savais pas encore, c'est que la pire prédiction de ma vie allait avoir lieu lors de ma sixième année.

À suivre...

Eternally Mine (Terminée) Where stories live. Discover now