Troisième tome - Douzième chapitre

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HERMIONE GRANGER

Courir. Ne pas trébucher. Ne surtout pas ralentir. Lancer des sorts sans viser. Sans se retourner. Sentir sa respiration s'arrêter. Ses jambes devenir incontrôlables. Continuer à courir. Encore. Viser. Encore. Trébucher. Se  relever. Courir. Viser. Manquer. Entendre leurs voix se rapprocher. Leur course effrénée raisonnant à nos oreilles. Courir. Courir.

Je n'ai jamais aimé courir. De mes plus jeunes années à aujourd'hui. Je détestais les cours de sport en primaire et j'ai été ravie d'apprendre  qu'il n'y en avait pas à Poudlard. Je ne sais pas ce que j'aime le moins entre courir ou bien monter sur un balai. Le balai, peut-être. Un balai qui m'aurait pourtant été bien utile en ce moment pour pouvoir fuir plus rapidement.

Courir. Ils se rapprochent. Nos gorges sont brûlantes, nos poumons douloureux. Nos corps nous réclame la fin de cette course effrénée. Mais nous ne pouvons pas ralentir. Nous ne pouvons pas nous faire prendre. Pas au risque de perdre le peu de chose que nous avons réussi à accomplir durant cette chasse aux horcruxes. Courir.

Ron est parti. Il nous a laissés seuls, Harry et moi. Il a fini par atteindre ses limites et je savais que ça allait arriver tôt ou tard. Il est parti en me laissant avec mes larmes, et Harry avec sa colère rapidement transformée en culpabilité. Ron est parti, mais il est revenu. Nous laissant le temps de nous rendre à Godric's Hollow sans lui. De voir l'ancienne maison des Potter. De tomber nez à nez avec  Nagini. Quand Ron est revenu, il a aidé Harry à trouver l'épée de Gryffondor, nous permettant ainsi de détruire le médaillon de Ombrage qui commençait à tous nous rendre fous. Ron est parti, mais il est revenu.

Courir. Ne pas flancher. Envoyer des sorts. Comprendre que nous n'y arriverons pas. Ils sont plus rapides, plus nombreux. Ils sont déterminés à recevoir la récompense tant attendue. Nos têtes sont mises à prix, et je  suis bien contente que mes parents n'en sachent rien. Qu'ils ne sachent plus rien du tout me concernant. Courir encore un peu. Commencer à flancher. Trébucher davantage. Se rendre compte que c'est la fin. Envoyer un sort sur Harry Potter.

Je n'ai jamais ressenti le contact de tes doigts sur ma peau de la même manière. C'était à chaque fois différent. Terrifiant, au début de la  cinquième année, quand tes doigts s'égaraient quelques secondes sur mes  hanches ou mes bras pour me déstabiliser. Angoissant, lorsque nous étions ensemble mais que personne n'était au courant. Tendre, lorsque nous étions seuls dans la salle commune ou dans la grande salle. Amoureux, lorsque tu m'embrassais. Fuyant, lorsque tu as compris que je voulais te quitter. Seulement dans ma mémoire, lorsque j'étais sans toi.  Puissant, lorsque je t'ai retrouvé la veille du mariage. Hésitant, lors de mon départ. Tellement de contacts différents.

Mais aucune sensation n'est semblable à celle que je ressens en ce moment, prisonnière entre les mains sales de ce rafleur.

Tu sais, j'ai entendu ta voix. Pas seulement en rêve, pas non plus dans ma mémoire. J'ai réellement entendu ta voix à l'aide de cette petite radio que Ron transporte partout. Potterveille. Cette station de radio formidable qui m'a presque donné envie de pleurer de joie. Pour la première fois, nous n'avions plus l'impression d'être seuls. Entassés tous les trois autour de cette petite radio, nous étions de nouveau en contact avec une partie du monde. Nous avons entendu Lee, Kingsley,  Lupin, et enfin, toi. De ton nom d'emprunt, Rapière. Je ne me souviens même plus de ce que tu as dit. Je me concentrais sur le son de ta voix, me retenant de ne pas fermer les yeux pour en profiter davantage. Tu sais, tu as réussi à faire rire Harry, pour la première fois depuis des semaines et des semaines. Je te remercie pour ça. Je te remercie d'être toi, et d'être toujours en vie.

Des doigts puissants me retiennent par le bras alors que je vois Ron recevoir un coup de poing à quelques mètres de moi. Les traits de Harry sont devenus méconnaissables, tirés, enflés, bouffis. Au moins, ce sort était une réussite.

- Laissez le tranquille !
- Ton petit-ami va connaître bien pire que ça si son nom n'est pas sur ma liste... Délicieuse jeune fille... Quel régal. J'aime beaucoup la douceur de la peau...

Eternally Mine (Terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant