Eternally Mine (Terminée)

Troisième tome - Dix-septième chapitre.

Tu peux ouvrir les yeux, ça ne fera pas mal. Tu peux y aller, tu ne crains rien. Ne t'inquiètes pas, tu ne risques rien. Toutes ces phrases rassurantes que l'on a déjà tous entendu une fois dans sa vie. Tous. Tu peux ouvrir les yeux, ça ne fera pas mal. Tu peux y aller, tu ne crains rien. Ne t'inquiètes pas, tu ne risques rien. Mais aujourd'hui, qui est capable de m'affirmer avec certitude que je n'ai aucune raison d'avoir peur ? Qui peut me dire que ça ne sera pas douloureux ? Que je n'en sortirais que grandie, pas si meurtrie que ça. Qui peut affirmer que l'on ne va pas mourir ce soir ? Qui est assez courageux pour nous dire à tous que l'on peut ouvrir les yeux, que l'on ne risque rien. Que l'on peut y aller, qu'on ne craint rien. Que nous n'avons pas à nous inquiéter, que nous ne risquons rien.

Je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Je n'arrive plus à avancer. Je suis pétrifiée, glacée par la voix du Seigneur des ténèbres qui résonne encore à mes oreilles. Je ne veux pas regarder autour de moi et voir toutes ses personnes, bien que le danger soit temporairement écarté. Temporairement. Jusqu'à ce que le mage noir décide qu'il a suffisamment attendu après Harry Potter. Harry qui se trouve dans le bureau de Dumbledore, accompagné d'une larme de Severus Rogue. Harry sur qui tout repose. Harry qui supporte tellement de poids. Et c'est pourtant moi qui me trouve pétrifiée sur les marches en ruine du château, l'attendant, attendant n'importe quoi, attendant une fin miraculeuse à tout ça.

Certains élèves passent parfois à côté de moi, mais la plupart des personnes présentes sont réunies dans la grande salle, le temps de cette trêve gracieusement accordée. J'essaye de ne pas penser au fait que certaines personnes présentes dans la salle ne sont plus vivantes. Je repousse cette idée le plus loin possible. Je ne veux pas savoir qui a perdu la vie, ni dans quelle circonstance, ni combien c'est injuste. Je ne veux rien savoir. Seulement attendre Harry.

J'entends les pas de Ron qui descend les escaliers pour me rejoindre. Il s'assoit à mes côtés, sur les marches pleines de poussières et de débris. De sang aussi, peut-être. Je ne veux pas savoir. Il soupire, d'un soupir dont seul Ron Weasley a le secret, tout en regardant autour de lui. A l'inverse de moi, il veut voir, il veut savoir. Ron est bien plus courageux que moi, sur certains points.

- Ça fait au moins dix minutes qu'il est dans ce bureau.
- Je sais.
- Qu'est-ce que Rogue pouvait bien avoir à lui montrer de si important ?
- Je ne sais pas, Ron.
- Tu crois qu'il va faire quoi ? Il n'arrêtera jamais tant que Harry ne se sera pas rendu.
- Alors connaissant Harry il voudra se rendre...

Ron me regarde, comme avec l'espoir que je lui dise que c'était une blague, que Harry ne serait pas assez bête pour aller se rendre. Mais le rouquin a raison, le seigneur des ténèbres ne mettra fin à tout ça que lorsqu'il aura Harry, et Harry préférera se rendre que de nous laisser en endurer davantage. Son courage et sa témérité finiront par le perdre.

Un frisson me parcours et je ressers les bras autour de moi en me rendant compte que j'ai les mains gelées. Je pense alors à toi, et je me demande où est-ce que tu te trouves, dans le château. J'espère que tu es dans la grande salle, avec tous les autres, et que vous allez tous bien. J'espère naïvement que la plupart des dégâts ne seront que matériels.