Eternally Mine (Terminée)

Troisième tome - Sixième chapitre

Seth est le premier d'entre nous à réagir. Il pose sa main près de mon cou et il m'éloigne doucement de lui alors que je me rends compte de ma stupidité. De mon erreur. De ce que tu me fais faire. J'évite le regard de Seth en retrouvant ma place initiale, et je sens mes joues rougir de honte. Je n'ai quand même pas fait ça ? Si ? Si. Je ne sais pas quoi faire, alors je tords mes doigts nerveusement. En cet instant, l'élève  la plus intelligente de Poudlard est bien loin de moi.

- Ne fais pas ça, commence Seth.

Je m'obstine à ne pas répondre, à ne pas le regarder. Il n'a rien fait, il n'y est pour rien. Je suis la seule fautive, la seule responsable. J'ai embrassé Seth Cubbins. Et pourquoi ? Parce que je t'ai vu si proche de cette fille. De cette Iris. Et si loin de moi. Tellement loin de moi. Les doigts de Seth passent sous mon menton, et il me force à tourner le regard vers lui.

- Ne fais pas celle qui m'ignore, reprend Seth. Je comprends, je ne te reprocherais pas ce que l'on vient de faire.
- Ce que je viens de faire..., je rectifie en murmurant.
- Pour s'embrasser, il faut être deux.

Je me sens plus fragile que jamais. J'ai l'impression d'avoir perdu tous mes repères. Mes parents, Poudlard, Dumbledore, toi, et peut-être maintenant Seth. C'est comme si j'enchaînais les faux pas, les mauvaises décisions, les peines. Je pince mes lèvres alors que Seth esquisse un sourire en me regardant. Sa compassion me fait presque autant de mal que  tous les reproches qu'il pourrait m'envoyer à la figure. Que tous les reproches que tu pourrais m'envoyer à la figure. Mais tu ne dis rien. Seth ne dit rien. Personne ne me dit rien, alors que j'ai juste besoin  que l'on me remette sur le bon chemin. Mais tu t'obstines furieusement à ne rien me dire. Et c'est là que je me rends compte que tu as abandonné. Que tu nous as abandonnés, comme je l'ai fait il y a quelques mois. J'ai baissé les bras et j'ai cru que tu serais suffisamment fort pour nous deux. Je n'avais pas prévu que tu baisserais les bras à ton tour. Avec tellement plus de facilité que moi. Tellement...

- Seth, je suis désolée..., je murmure, au bord des larmes.

Je peux voir ses sourcils se froncer, mais ce sont les tiens que j'aimerais voir. Quand il s'approche, je comprends qu'il va me prendre dans ses bras, mais ce sont les tiens que j'aimerais sentir autour de moi. Quand il me murmure que ce n'est rien, qu'il ne m'en veut pas, je donnerais tout ce que j'ai pour que ce soit toi qui me prononces ces mots. Que ce n'est rien. Que tu ne m'en veux pas. Mais tu te tais, tu te tais si fort que tu es entrain de me rendre sourde.

- On va reprendre là où nous nous étions arrêtés, et nous allons faire comme si rien de tout ça n'avait existé, annonce Seth.

Il s'allonge alors, retrouvant la position qu'il avait adoptée il y a dix minutes, et le vieux livre de la librairie se retrouve de nouveau entre ses doigts. Épuisée, lessivée, fatiguée si loin de toi, je décide de  m'allonger à mon tour, et ma tête part reposer contre celle de Seth. Il tourne la deuxième page du livre, et lorsqu'il commence à lire à haute voix, je ferme les yeux. On va reprendre là où nous nous étions arrêtés, et nous allons faire comme si rien de tout ça n'avait existé...

"Me taire, te regarder.
Sentir ton amour en moi, comme un fer rouge, ne pas crier.
M'étourdir à contempler ton visage, ne pas chanceler.
Suivre la ligne longue de tes mains, sans les toucher.
Voir ton corps provoquant, tout près, tout près, sans approcher.
Souffrir d'un torturant bonheur : me taire, te regarder."