Eternally Mine (Terminée)

Deuxième tome - Vingt-et-unième chapitre

Il arrive toujours, au cours d'une vie, que les chemins bifurquent. Il arrive forcément que tu prennes le mauvais chemin. Que tu fasses le  mauvais choix. Tu le vois, ce moment de ta vie ? Personnellement, je le vois clairement. Je suis même en plein dedans.

En un temps record, tout a basculé. Tout s'est émietté. Tout a changé. Il y a un avant, et un après. Un avant toi, et un après toi. Notre histoire  n'était au départ qu'une braise, et je l'ai laissée devenir une flamme. Et sans que je ne puisse plus rien contrôler, la flamme est devenue un feu ardent. Un feu où je me suis brûlée.

J'ai l'impression d'avoir un trou béant dans la poitrine. Comme si une part de moi était restée auprès de toi. Et d'un sens, je peux comprendre  qu'elle ait souhaité rester là-bas. Moi-même, parfois, j'aimerais y retourner. Faire machine arrière, par n'importe quel moyen. Réparer ce que j'ai cassé. Soigner ce que j'ai blessé. Consoler ce que j'ai peiné. Aimer ce que j'ai délaissé.

Je suffoque. Il m'arrive parfois de me rappeler qu'il faut que je respire. J'ai beau fermer les yeux, penser à autre chose, lire un tas de livres, rédiger les devoirs les plus longs qui soient, rien ne t'éloigne de moi. Ta présence silencieuse, muette, aveugle, me fait perdre pied. Je m'enfonce. Je suffoque. Je ne sais plus comment respirer.

Oubliettes. Les choses seraient tellement plus simples, si je pouvais t'oublier. Si je pouvais tout oublier. Si je pouvais retrouver la fille que j'étais,  en début de cinquième année. Si mon unique problème pouvait seulement être la réussite des examens. Et le retour du Seigneur des ténèbres. Si  tu pouvais disparaître. Est-ce que je t'en demande trop ?

Je suis rentrée à Poudlard avant tous les autres. J'ai tenu bon, pour passer Noël avec mes parents. Pour ne pas les décevoir également. J'ai aidé ma mère à décorer le sapin. Les guirlandes rouge et or ont illuminé le salon de notre petite maison. J'ai essayé de sourire, de rire, de profiter d'eux. J'ai essayé de ne pas les inquiéter, eux qui étaient au  courant de tout. Et puis finalement, deux jours après Noël, je n'en ai plus été capable.

Je n'étais plus capable d'éviter les appels venant du Terrier. Je n'étais plus capable d'entendre ma mère ou mon père dire à George, à Molly, ou bien à Harry que je n'étais pas là, que j'étais sortie en promenade Merlin sait où. Je n'étais plus capable de faire face à ton silence. Je n'étais plus capable de faire face à mon propre silence.

Alors quand ma mère eut raccroché le téléphone fixe en disant pour la énième fois que je n'étais pas disponible, je suis allée la voir. Je lui ai  expliqué que ne pouvais plus, que je ne voulais plus rester ici. Que c'était trop compliqué. Mes parents n'ont pas rechigné. Non, ils ont été  infiniment compréhensifs. Et je m'en suis voulu de leur infliger ça, infiniment.

Nous nous sommes arrangés avec le professeur McGonagall pour que je puisse retourner à Poudlard une semaine avant la rentrée. Assise à la table de la cuisine avec mes parents, elle n'a pas posé de questions. Elle s'est contentée de m'observer un petit moment, avant de m'annoncer que je pouvais aller faire mes affaires. Deux heures plus tard, j'étais de retour à Poudlard.

À cet instant, il n'y avait pas encore de point final à notre histoire. Tout était entre mes mains, mais il me semble que mes silences parlaient pour moi. J'ai essayé de faire la part des choses. De me ressaisir. De me faire entendre raison. Mais ça me semblait au-dessus de mes forces. Je n'étais plus capable de continuer ainsi.

À ma grande surprise, Lavande Brown fut de retour à Poudlard trois jours après moi. Le château était pratiquement vide, je passais mes journées à  la bibliothèque, ou bien sur mon lit, à essayer de ne pas m'enfoncer trop profondément dans le trou béant formé dans ma poitrine. Quand Lavande est entrée dans le dortoir, j'avais l'impression de ne pas avoir utilisé ma voix depuis des jours.