Double A.

05.

Elle était si belle, elle était trop fraîche..

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• Changement de point de vu. (Ahmed)

On est jeudi, il est huit heures du mat', j'suis dans mon bureau au bout du couloir, et si vous voulez tout savoir : j'suis claqué. J'ai passé ma soirée à chercher toute la paperasse nécessaire pour faire les comptes et simuler des trucs chelous avec l'agent comptable.. Faut bien que j'sache si je fais des investissements rentable ou pas, j'ai pas que ça à faire de jeter mon oseille par les fenêtres. J'ai même pas commencé que j'en peux déjà plus de la journée. Là tout de suite j'ai qu'une envie : me barrer et m'coucher, j'suis au bout de toute ma fatigue, de toute la fatigue du monde.. J'suis au bout d'ma vie, j'ai besoin d'sommeil.

J'regarde l'heure sur ma montre et j'soupire assez fort quand j'remarque qu'elle est encore en retard. Affalé sur ma chaise à roulettes, j'octroie une pause à mes yeux qui luttent pour rester ouverts depuis tout à l'heure, jusqu'au moment où j'entends sa voix aiguë défoncer mes tympans..

- Dé-so-lée ! Je sais c'que tu te dis, ouais, t'abuse Cam' t'es tout le temps en retard, mais là ça partait vraiment de bon coeur, j'voulais ramener le petit déj !
- Camille...
- *chut* N'en dit pas plus, tient, mange, tu m'en diras des nouvelles !
- *soupire* C'est à quoi ?
- *en retirant ses lunettes de ses cheveux pour les mettre sur son nez* Oulaaaah ! T'as l'air bien mort vieux père il t'arrive quoi ?!
- *rires* Putain tu me gonfles et tu me bourres le crâne, assis-toi, cimer pour le café et le reste, maintenant pose ton cul sur ta chaise qu'on commence.
- *rires* Ouais bah j'ai bien fait t'es tout ramollo !
- Cam...
- Ça va, j'arrête !

Camille c'est une petite gweria avec qui j'fais affaire.. J'fais pas vraiment affaire avec elle, c'est mon agent comptable. C'est pas que j'ai pas été à l'école mais faut dire ce qui est, j'aime pas les maths donc honnêtement si j'peux payer quelqu'un pour le faire à ma place.. J'vais m'gêner.
C'est une jolie blonde aux yeux bleus, assez tête en l'air j'dirais, des ptites mimiques attachantes, et un sacré corps.. Elle est bien foutue du haut de ses vingt-six balais ça c'est chose sûre. Elle a beau avoir un an de plus que moi, sa taille de lilipucienne fait carrément pas le poids face à mon mètre quatre-vingt. Mais franchement elle est canon Cam. Ouais, sah elle en jette quand même hein. Une espèce de femme parfaite.. Physique avantageux, intelligence, beauté, agréable, mais moi personnellement j'la vois comme rien de plus que comme une associée. C'est Cam' quoi, ma petite si vous préférez.

Après trois bonnes heures, on a enfin fini.. Y'a qu'elle que ça intéresse ce genre de choses, moi personnellement ça me fait vite chier. Bref avec ses calculs savants et j'sais plus quelle autre connerie on a pu déterminer qu'en gros les nouvelles machines vont forcément attirer plus de monde, du coup j'vais pouvoir faire un étage au-dessus rien que pour les minettes. Au départ j'étais pas trop pour, mais bon j'ai eu quelques plaintes et j'vais pas risquer de l'oseille pour trois/quatre daleux qui savent pas rester tranquille : c'est mort.

Ça fait une vingtaine de minutes que la ptite blonde est partie, aujourd'hui j'ai pas grand chose à faire donc j'pense que j'vais rester dans les locaux.. J'décide de m'changer en balle avant d'aller faire le tour voir si tout se passe comme j'veux : c'est à dire bien. J'sors de mon bureau et passe par l'accueil où Foued fais les inscriptions et toute la paperasse pour avoir la carte. J'me dirige direct dans la salle après lui avoir serré la main. Comme d'hab y'a du monde, des jeunes, des adultes, des hommes, des femmes.. Ça j'aime bien, ça c'est cool, ça m'fait plaisir. J'fais le tour histoire d'aider les deux/trois personnes que j'vois en galère, jusqu'au moment où j'la vois Elle.

Elle est là, dans son legging de sportive avec un long débardeur Nike™.. Bon y'a sa copine à côté mais voilà clairement elle m'intéresse pas. C'est une belle femme hein, mais voilà, nan, c'est pas pour moi. Mon objectif c'est Elle, pas sa copine, j'en ai rien à foutre de sa copine. J'allais m'avancer vers elles, voir si tout allait bien quand Kenza et Sabrina ont débarqués sur ma route.. C'est des filles gentilles, ok, bien qu'elles soient pas très respectable, ok.. Mais honnêtement y'a une partie d'ma tête qui sait très bien que si Elle me voit leur parler, j'vais être fiché S. Et pour un bon moment.. Une fois fini j'avance vraiment dans l'optique d'y aller, vraiment j'suis déterminé, mais Wafid un des coachs sportifs m'a devancé.

Bâtard.

Mon but du jour anéanti j'suis parti voir les têtes que j'connaissait et j'suis sorti pour aller dans la salle de boxe juste à côté, qui est à moi aussi. Ici les catégories se varient largement moins, on vacille entre les ados et les trente/trente-cinq ans maximum il me semble et c'est quasiment que des hommes. Autant à la salle de sport y'a souvent des nouvelles tête, autant ici c'est que des fidèles, toujours les mêmes gueules wesh.

Autour d'un ring ils sont au moins dix à observer le spectacle, la Bête Humaine, ou celui qu'on appelle la Masse, entrain de défoncer le sac sans répit, comme d'habitude j'ai envie de dire.

- Emre tu nique le sac c'est à tes frais gros, j'crie en montant sur le ring avec mes cibles.
- *rires* Tu crois qu'c'est ça qui va me mettre sur la paille enculé ?
- *rires* Va boire tu sors pas d'là tant que t'es pas au bout du bout aujourd'hui.
- Les défis comme ça j'aime, tu vois c'est ça qu'on aime Médos, sortir d'la salle lessivé, dit-il en rigolant.

Autant vous l'dire j'l'ai pas ménagé *rires*.

Comme chaque homme il a son passé, son histoire, plus ou moins percutante mentalement. Sa manière de l'extérioriser, c'est de ressortir sa haine sur les sacs de frappe. C'est ça qu'il aime, faire sortir sa haine, sa rancune, comme il peut..

En vérité c'est tous c'quon fait. Ouais on fait tous ça, c'est tout c'quon a à faire aussi.. C'est bien pour ça que y'a des mecs taillés comme des monstres, on fait sortir la haine au sport comme des acharnés.. À défaut d'la famille, c'est tout c'qui nous reste pour évacuer, quitte à passer pour des putain d'Bêtes Humaines. La rage, la haine, faut tout faire sortir.. Ces sentiments là rendent ouf, ça fait vriller les âmes dans le mal. C'est les sentiments du Diable, ceux qui t'poussent à faire d'l'a merde. Ceux qui laissent sombrer ton âme sans espoir, seule, dans tes putains de ténèbres.