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Que de la vie.

en multimédia : Ahmed.

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• Point de vu omniscient.

Ce doux week-end de fin juin tombait à pic pour nos deux amoureux. Deux semaines qui avaient été drôlement dynamiques, plutôt chargées et relativement longues étaient passées. Ahmed et Aminata s'étaient vus quelques soirs par-ci par-là, quelques coups de téléphone également, et ce pendant deux interminables semaines. Alors ce week-end là, ils allaient bien en profiter. D'ailleurs il était totalement mérité ce week-end en amoureux. Ils avaient prévus de dormir ensemble, chez Ahmed, et de profiter comme il se doit, car le lundi qui arrivait, la jeune femme partait en vacances chez sa meilleure amie, à Marseille.

À peine avait-elle sonné à la porte, qu'Ahmed lâcha les draps qu'il avait prévu de mettre et s'empressa d'aller ouvrir la porte. Aminata laissa tomber ses affaires au sol avant de sauter au cou de son bien-aimé. Il se mit à rire tout en la gardant contre lui et déposa un léger baiser sur son front. La belle rigola à son tour avant de déposer ses lèvres contre celle de son Prince.

- J'ai l'impression que ça fait un an que j'tai pas vu c'est atroce, lâcha-t-elle en faisant la moue.
- *rires* Pourquoi t'es mignonne comme ça d'un coup t'es malade ?
- Ouais bref t'enjaille pas non plus, eh sinon, j'ai grave la dalle c'est abusé !
- Am..
- Quoi ?
- T'as toujours faim..
- *rires* Va. Te. Faire. Voir.
- *rires* J'suis tellement drôle c'est un truc de ouf. Sinon tu rentres où tu dors sur le pallier ?
- Tu crois que je me suis déplacée pour admirer ta porte d'entrée ?

Ils se mirent à rire ensemble et Aminata entra dans la demeure de son conjoint. Une folle envie de regarder sa télé-réalité préférée la tentait fortement mais elle se tut car nombreuses étaient les fois où elle lui avait infligé de regarder ça en sa compagnie. Ils avaient regardé un film, Black précisément, et ça avait quelque peu réussi à les troubler..

- C'est les problèmes si on se marie tu le sais ça ? demanda Aminata d'un air abattu.
- Pourquoi ça ? il demande pensif.
- Gros, j'suis noire, tu vois pas clair ou quoi ?

Il avait compris ce qu'elle voulait dire, mais elle avait tort. Ça n'allait pas faire tant de problèmes que ça, puisque lui n'avait pas de famille.

- Ça en fera pas tant que ça. C'est pas méchant hein, mais s'il y a des problèmes, c'est que c'est ta famille qui les fera.
- Explique toi vite j'ai le sang qui monte là, dit-elle en le regardant dans les yeux avec incompréhension.
- J'ai pas de famille Am'.
- Q-Quoi ?
- Laisse tomber, dit-il en s'en allant dans sa chambre.

Là pour tomber de haut, c'était carrément la sensation qu'elle avait. Aminata s'attendait peut être à tout, mais sûrement pas à ce type de révélation, jamais elle aurait pu s'en douter. C'était trop inattendu, presque si elle n'y croyait pas. D'un pas décidé elle se leva le rejoindre dans sa piaule. Elle le trouva allongé à fixer le plafond, Amy l'embrassa alors longuement sur la joue avant de poser sa tête sur son torse et de lui caresser le bras.

- Ça va ? elle lui demanda timidement.
- Ouais.
- Menteur. Tu veux en parler ?
- Non.
- Bébé..
- Aminata steuplait..
- Okay, j'insiste pas, elle répondit simplement.

C'était la première fois qu'elle l'entendait prononcer son prénom au complet.. Elle n'aimait pas ça. Ça sonnait moche dans sa bouche, elle avait l'habitude qu'il l'appelle Am. C'était le surnom qu'il lui avait donné, pourquoi il l'appellerait autrement ? C'était insensé. Elle ne chercha pas à aller plus loin dans son questionnement, de toute façon elle s'était endormie. Ahmed la regardait, ou plutôt il l'admirait.. Maintenant qu'il l'avait pour elle fallait pas qu'il la perde. Mais comment dire.. Son manque de proche est un passage douloureux de sa vie, il préférerait l'oublier et ne plus jamais en parler. Il regardait cette femme, celle qu'il aimait, comme le plus précieux des bijoux, comme la plus belle de toutes les femmes. Il lui embrassa le front, et sans s'y attendre elle se réveilla.

- Je dormais pas, se défendit-elle.
- T'as ronflé comme une j'sais pas quoi zehma tu dormais pas ? dit-il amusé.
- Tu fais plus la gueule ?
- Tu changes de sujet ronfleuse..
- Je ronfle pas déjà alors arrête de m'inventer une vie, merci.
- Tu ronfles, dit Ahmed en riant.
- *rires* Faux.
- Vrai.
- Non.
- Si.
- T'es ultra chiant rappelle moi ton âge s'il te plaît Emiri ?

Comme simple réponse il lui tira les cheveux, puis se fut le début de la guerre.. Jusqu'à ce que les choses sérieuses reprennent.

- Je vais t'expliquer, mais tu me diras le problème avec ton frère.
- Vas-y, on fait comme ça.
- J'suis orphelin de base, j'sais pas c'que mes darons ont foutu quand j'étais minot mais voilà j'ai grandi là-dedans. J'étais là à l'orphelinat pas loin du quartier, j'ai toujours baigné à la Cité d'Or. Ensuite à huit ans j'ai été adopté, une famille en or j'aurais donné ma vie pour eux, sept ans plus tard je retourne d'où je viens ils sont morts dans un accident de voiture.
- T'es pas forcé de tout me dire si tu veux pas je comprends, dit Aminata les larmes aux yeux.
- Pleure pas.. J'aime vraiment pas ça.. J'te jure.
- Continue, dit-elle en se mordant le pouce.
- *soupire* Quelques mois plus tard, mon oncle récupère ma garde. Cinq ans plus tard il me lègue tout parce que c'est son tour de partir, ses projets, sa salle de sport, tout. Et maintenant bah voilà, j'suis là quoi. Avec la plus belle femme du monde, j'ai pas à me plaindre j'dirais..

Aminata esquissa un sourire avant de se mordre très fort la lèvre et d'enlacer Ahmed du plus fort qu'elle pouvait. Ils s'embrassèrent longuement puis se fut à son tour de tout déballer.. Elle n'allait certainement pas y échapper.

Lorsqu'elle eut fini, elle baissa la tête, par peur ou sûrement par gêne. C'était pas rien ce qu'elle venait de lui dire, alors elle s'attendait au pire. Pour elle, s'il partait, s'il la fuyait : il avait raison. Elle se sentait folle d'avoir pu faire des choses pareilles, elle se sentait dangereuse.. Alors oui elle s'attendait au pire concernant la réaction d'Ahmed. Peut-être même qu'elle s'y attendait trop, parce qu'il aurait eu l'air de quoi le grand Emiri s'il laissait tomber la femme de ses rêves juste parce qu'elle a la colère violente ? Ça faisait combien de temps qu'il la voulait ? Combien de temps à travailler subtilement pour enfin la posseder ? Tout ce travail, toutes ces embûches, pour finir par fuir ? Aucune crédibilité. Et la fierté on en fait quoi ? Ça valait bien le coup de jouer le bonhomme qui porte ses couilles pour s'en aller au moindre petit problème. Bref non, il ne s'en ira pas pour si peu Ahmed. Au contraire, pour lui un homme se calme face à sa femme si c'est la bonne, alors ça devrait aller dans les deux sens, y'a pas de raison. C'est ce qu'il pensait réellement, c'est d'ailleurs comme ça qu'il avait toujours pensé. Pour la bonne personne tout le monde peut changer..

- J'te lâcherait jamais Am, lui dit-il en lui relevant la tête.
- Mon mec à vie, dit-elle avec un léger sourire.
- *petit rires* Ma meuf à mort, lança-t-il avant de l'embrasser fougueusement..

Double A.Where stories live. Discover now