Double A.

19.

Remember those walls I built, well baby they're tumbling down..

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• Changement de point de vu. (Amy)

Six mois sont passés avant que la Belle au bois dormant n'ouvre les yeux.. Six putain de longs mois avant de revoir son visage s'animer. Bordel j'ai cru devenir folle.

- Tu lui en veux ? je lui demande, assise en tailleur au bout de son lit d'hôpital.
- À ? elle me répond en penchant sa tête sur le côté.
- Emre.
- Non.. Enfin.. C'est bizarre en fait.
- Y'a pas un soir où il venait pas tu sais il [...]
- Oui je sais qu'il m'aime, elle me coupe. Mais.. Je.. Pourquoi ? Tu vois je veux juste savoir pourquoi. On le faisait déjà lui et moi, alors simplement pourquoi ? Pourquoi aller piner ailleurs ? Pourquoi chez nous ? Dans notre lit ?
- Il en a parlé avec Ahmed. Enfin je les ai entendu en parler. Il voulait plus de ça avec toi, t'est trop pure paraît-il. T'es un ange tombé du ciel pour lui. Je sais pas ce que tu veux faire, dans tous les cas je respecterai ton choix, mais fais pas la conne Sassita, il crève pour toi..
- Dans ces cas là fallait qu'il me le dise, j'préfère être vexée et faire la gueule que d'me retrouver à l'hôpital. *soupire* Bref.. Sinon toi avec ton Playboy ?
- Relation brisée, je lâche en regardant ailleurs.
- Qu'est ce que t'as fait ?!
- J'me suis éloignée, peut-être même trop..
- S'il chope une meuf t'auras l'air d'une abrutie parce que crois moi que t'es piquée ma petite, elle me dit en me lançant une cuillère dans la gueule.
- Mais ça va pas ou quoi ?! je lâche en me frottant le front.
- T'attends quoi ? elle me menace avec sa compote dans les mains.
- Assa sur ma mère que si tu [...]
- Va le voir, dit-elle en soupirant.

Je me lève en boudant et elle ré-enchaîne :

- Et t'as intérêt à y aller Diallo, j'te le dit.
- Ohlala, t'es mieux les yeux fermés toi, je souffle en boudant.
- *rires* Allez vire de là connasse va.
- *rires* Saloperie.

Je vais lui faire un gros bisous avant de partir quand même, vous savez pas le bien que ça peut me faire de la revoir et de lui parler. Une fois dans ma voiture, je fonce jusqu'au Choice. Ma main à couper qu'il est là-bas. J'ai la boule au ventre et j'ai chaud. J'ai le pressentiment que ça va pas être aussi simple que ce que je crois.

*souffle* Amy depuis quand tu stresses ? Arrête de faire ta pédale, de toute façon ça passe ou ça casse, y'a pas trois cent mille solutions à ce problème.

Je me gare sur le parking et j'essaie de me calmer comme je peux, j'avoue que j'ai un peu peur. Je compte jusque trois avant de sortir de ma caisse. Que la force, le courage et la chance soient avec moi. Je vais direct à l'accueil et je demande après Ahmed mais le gars me fait des manières.. Comme si j'étais une grosse clocharde et que j'demandais à voir Paris Hilton. C'est juste la gueule d'arabe d'Ahmed Emiri que j'veux voir, faut arrêter de toujours vouloir aller plus loin dans la connerie.. Bref après l'avoir soulé pendant facilement une demie heure il a finit par me dire qu'il était à la salle de boxe.

Tout ce cinéma pour en conclure à ça. Je rêve. Là clairement j'hallucine.

Encore s'il avait été dans son bureau j'aurai pu comprendre, mais là.. Quel pauvre con son employé d'accueil. Je sors du hall pour directement aller à la salle de boxe, parce que sinon j'ai toute la salle de sport à traverser et franchement non merci. Je pousse la porte et je m'avance un peu pour le trouver.

J'avais cas ouvrir les yeux, il est là, sur le ring en face de moi.

Un sentiment que je connais bien me monte à la tête et me donne directement les larmes aux yeux.. La haine. Fallait que ce soit lui qui entraîne la bonne blondasse de service. Il à l'air d'y prendre plaisir, de.. De m'avoir oubliée. Il rigole avec elle comme il aurait pu rigoler avec moi, on même voit ses putains de focettes.. Cette connasse est presque à poil. Son haut la serre tellement que ses nibards veulent se barrer et son short ressemble à ceux qu'on mets sous les robes. Cette putain est en tenue légère à la salle de boxe, devant le mec que je cible. Et je dois rester calme là c'est ça ? Elle est bonne en plus, et ça m'énerve qu'il soit aussi proche d'elle.. Je croise son regard, on se fixe un instant et c'est comme si la Terre ne tournait plus et que le temps s'était arrêté. Je ramasse mon sac et j'me casse, il a pas besoin de moi, ça s'voit.

Une fois dans ma voiture je laisse mes larmes de rage sortir.. Encore une fois j'ai fait fuir une des personnes que j'aimais, tout ça parce que je sais pas aimer. Je fais fuir les gens que j'aime, ceux qui m'aiment. Je les fais fuir comme une galleuse, comme une meuf atteinte de la peste. J'aggripe le volant car je m'affole, j'ai mal. Respirer me fait mal, vivre me fait mal. J'attrape ma ventoline et je fais ce qu'il faut.. Je repars follement quand je comprends qu'il sortira pas pour me rattraper. J'ai tout fait foirer. J'ai tout fait merder. J'ai tout fouttu en l'air. J'ai fais la conne. Je sais que ce soir Emre dors à l'hôpital pour rester avec Assa parce qu'elle repars de ce sanctuaire à cadavres demain, alors j'vais les laisser tranquille, j'vais pas gâcher leur soirée.

J'suis passée au Super U me prendre un pot de glace que j'ai mangé devant Breaking Bad. J'ai pas cala mon téléphone de la soirée, et j'me suis endormie avec le cœur sombre et des sentiments noirs..

• Changement de point de vu. (Ahmed)

Sur tous les jours où je galérais comme un con ou que j'entraînais des petits, fallait qu'elle vienne quand j'suis avec Camille. Ouais, l'agent comptable. Ça doit faire un an que j'lui donne cours et franchement elle se débrouille pas mal. Mais là, j'sais pas pourquoi, mais j'sens que j'suis bien dans la merde. Pourtant j'ai rien à devoir à personne, mais quand tu veux quelqu'un, faut surtout pas baisser dans son estime. C'est dangereux pour la suite ça.

- T'es plus concentré Ahmed. C'était ta copine ? elle me demande essouflée en retirant ses gants.
- Qui ça ?
- La bonne ptite black qui était là y'a un quart d'heure.
- T'as craqué comment tu parles toi, je dis en fronçant les sourcils.
- Alors c'est ta copine oui ou non ? insiste Camille en rigolant avec sarcasme.
- Ça c'est ma vie privée ptite blonde, je lâche en retirant mes cibles, Et ma vie privée elle te regarde pas.

Elle fait mine de bouder, ramasse ses gants et s'en va en direction des vestiaires.. Quel boulard bordel, dommage que ma tête et mon coeur soient ailleurs. Ses sappes de sport sont tellement collées à son corps qu'elle donne l'impression d'avoir rien mis.. Comme une espèce de seconde peau. C'est pas vraiment vulgaire, mais pour revenir à une de mes expressions en restant soft, ça donnerait le barreau à un moine. En fait si c'est carrément vulgaire, on voyait toutes ses formes bien comme il fallait, comme si elle était à oil-pé.

Ça fait un moment qu'Aminata s'est barrée, j'sais pas si je l'appelle ou si j'vais directement chez elle.. La connaissant elle va faire sa bebom au téléphone, alors j'préfère autant me déplacer. Quitte à m'en prendre dans la gueule, que ce soit en vrai ou à l'autre bout du fil j'suis plus à ça près franchement. Je vais remettre les cibles au dépôt, je récupère mes affaires dans mon bureau et je fonce au quartier avec mon bolide.

Une fois chez moi je me suis douché, changé et parfumé et je décide d'aller chez elle, le bâtiment juste à côté, le A. À peine entré dans le hall on peut entendre des cris à en réveiller un mort. Et parmi toutes les voix du monde je reconnaitrais la sienne, je la connais par cœur. Impossible de m'avoir là-dessus. En parlant de cœur, comme j'sais pas trop ce qui lui arrive, le mien palpite grave. J'monte les marches quatre par quatre, une fois arrivé à son pallier je vois sa porte déjà ouverte.. Bordel de merde. J'peux pas la voir comme ça et rester tranquille. Impossible. Mon sang fait qu'un tour avant que j'ai l'envie de tout foutre en l'air. La haine m'a eu, j'vais tout rafler sur mon putain de passage.

Ouais j'ai la haine comme Cassel.