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Yo no creo en los homres.

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• Changement de point de vu. (Amy)

Il est exactement dix-huit heures, et à part regarder Les Marseillais en replay j'ai pas fouttu grand chose aujourd'hui.. Lunettes sur le nez, short et gros pull, pas la peine de préciser, chez moi j'ai aucune dégaine.. Bref. Hier soir j'étais de sortie avec la clique et franchement c'était.. Étrange. J'ai beau avoir mangé deux/trois fois avec Ahmed, ce soir là c'était comme si je l'avais jamais connu. Comme si c'était un parfait inconnu. Un mec que j'avais jamais vu de ma pitoyable vie. Je sais pas si c'était de la gêne ou de la honte, mais j'osais pas le regarder. Alors sourire c'est même pas la peine.. On s'est échangés de brefs mots indirectement en début de soirée, sans plus. C'est pas question que j'ai pas confiance, seulement j'ai peur de m'attacher pour rien. Qu'il y ait rien en retour, d'avoir des sentiments sans réciproque. J'crois que c'est bien une de mes plus grandes peur.. Je refuse de devoir souffrir en amour en plus de souffrir en famille. Je refuse complètement. C'est mort, faut même pas y penser.

Je chope mon téléphone pour envoyer un message à Assa mais il se met à sonner dans mes mains - ce qui a faillit me déclencher une crise cardiaque -. Bah c'est elle qui m'appelle en fait, *rires* on est trop connectées fallait même pas s'étonner.

- Ouaaaais ma go, je lâche en rigolant.
- Wesh le saaaang, elle dit morte de rire.
- Que me vaut cet appel ? je demande.
- J'ai du gros lourd à te rara, j'arrive chez oit là prépare le plateau de bouffe !
- À ce point crari ?
- *rires* Tout à ton avantage si tu veux tous les détails.
- *rires* Bah vas-y ma grosse j't'attends alors..

À peine dix minutes après que j'ai raccroché elle frappe à ma porte comme une abrutie *rires* - exactement comme Sheldon dans The Big Bang Theory -. Je la fait entrer et à peine le temps de se poser qu'elle commence déjà..

- Tu vas être RE-FAI-TE.
- *rires* Sassita parle !!
- *rires* J'ai mené ma petite enquête, et je sais que..
- *morte de rire* Assaaaa !!
- T'as tes chances avec Ahmed, elle me balance en rigolant.
- Juuuure ?
- wAllah ! En fait je t'explique. Au départ il voulait tenter rapprochement avec toi, sah il avait la volonté béton, mais comme tu fais trop ta bombe avec ta grosse bouche salée là, il est à court donc de son côté il ira plus vers toi de lui même.
- Comment ça ? je demande parce que je comprends pas trop.
- Baaaah genre t'es pas réceptive quoi, en mode des fois tu lui souris, des fois tu lui parles, des fois rien genre comme à l'anniversaire de mon bébé. Ou quand il tente des trucs tu réagis chelou quoi. Il sait pas trop sur quel pied danser en fait c'est comme si tu faisais l'inaccessible en gros.
- Il est marrant lui aussi il veut que j'fasse quoi ? Tu sais pas toi il m'intimide grave, fin j'sais pas comment réagir devant lui moi. Tu trouves j'abuse sérieux ?
- Bof, soit moins sur la défensive j'pense c'est tout. C'est un mec bien donc soit tu rentres dans le délire à fond soit tu laisses tomber dès maintenant Amy, fais pas la conne.
- *rires* Euh c'est lui qui parle à Sabrina et Kenza pas moi.
- *rires* Bah attends tu vas être émerveillée de c'que j'vais te dire là.
- Quoi ??
- Il touche plus d'meufs depuiiiiiis, plus d'un an.
- Arrête ??
- J'te jure !
- C'est mon H c'est bon, je crie en tapant une fois dans mes mains.
- *rires* Donc fais vraiment pas la conne Aminata !
- Eh mais attends, comment tu sais touuuuut ça toi ?!
- J'ai GA-LÉ-RÉ pour avoir ces infos là. J'ai soudoyé Emre comme jamaiiiiin, et encore il m'a pas tout dit c'est sur que ça c'est bidon par rapport à ce qu'il sait vraiment, elle lance en rigolant.

Pour le coup, j'sais pas si je baisse les armes et je laisse faire les choses ou si je continue comme je fais et que j'prenne le risque qu'il me passe sous le nez.. J'pense qu'il vaut la peine de tenter le coup. Mais là dans ma tête, ma raison se bat avec mon coeur. La raison veut que je reste sur mes gardes, le coeur me dit de me laisser aller, de laisser tomber ma carapace, mes préjugés.. Les deux se battent fort, ma raison à tout les arguments pour que j'le laisse à une autre et mon coeur pour que je tente la chose. Puis au final y'a cette voix qui me rabaisse sans arrêt qui se fait entendre.. J'ai l'impression d'être folle et d'avoir des gens qui parle dans ma tête, alors que c'est juste mon inconscient qui me fait ressortir ce que je pense au fond d'mon misérable être. À force de prendre en compte les arguments de chacun, j'ai fini par m'endormir sur le canapé comme une trimarde.

Et je rêve. Et j'en rêve. Ouais j'en rêve, que tout aille mieux dans ma vie, que tout aille mieux dans ma tête. Je rêve d'avoir confiance en moi, d'envoyer valser au diable ma carapace à la con. Je rêve de trouver quelqu'un qui m'aime et de me barrer loin de ce fou d'Idriss. Je rêve de lui voler son âme à ce connard, la lui voler et la laisser errer. Je rêve de lui brûler la langue pour toutes les saloperies qu'il a pu me dire et de le laisser souffrir de douleur. Je veux le voir mal, sous mes yeux. Qu'il me supplie de pardonner tout ce qu'il a pu me faire.. Putain j'en rêve tellement. Même dans mes rêves ma haine pointe le bout de son nez.. C'est tellement noir, tellement glauque et salace.. Oh mon Dieu comme mes ténèbres sont profondes, j'me demande comment en sortir. D'un autre côté je rêve aussi de faire ma vie ailleurs, de quitter Paname, de réellement vivre ma vie, de fonder une famille.. Je rêve comme une personne enfermée entre quatre murs. Les quatre murs de ma prison dans laquelle j'me suis renfermée après avoir perdu le peu de confiance que j'avais envers ma propre personne.

« Flash-back - Quelques années plutôt.

Ce soir d'hiver était l'un des plus glacial que pouvait connaître Paname.. Le coeur bouffé de remords, j'ai déposé mes parents à l'aéroport : direction le Sénégal pour eux. Sur le parking ma voiture est recouverte de neige, après avoir tout retiré voilà que mon vieux bolide refuse de démarrer. En transport j'en ai facilement pour trois bonnes heures.. Génial. Après avoir harcelé mon frère d'appel, je fini par appeler un de ses amis dont j'sais même plus comment j'ai eu le numéro.

- Ouais c'est qui là ? il me demande.
- C'est Amy, Idriss il est avec toi ?
- Ah ma ptite, euh, ouais pourquoi ?
- Y'a moyen que tu m'le passe ? J'arrête pas de l'appeler il répond pas.
- Y'a un problème ? il me demande comme s'il avait pas entendu c'que je venais de dire.
- Ouais ma voiture démarre plus j'suis quéeblo à l'aéroport là c'est une horreur, demande lui si y'a moyen qu'il vienne me chercher, je gèle.
- Qu'elle y crève sur son parking, j'bouge pas mon cul pour sa gueule de pute, j'entends Idriss dire derrière.
- *raclement de gorge* Euh.. Il a dit qu'il était occupé en f...
- Vas-y c'est bon te fatigue pas à mentir, dis lui merci d'ma part va.

Fin du flash-back. »

Ce soir là j'suis rentrée en transport. Morte de froid. J'avais tellement pleuré et tellement rien à foutre qu'on me voit chialer que j'avais les yeux encore plus rouge qu'une toxicomane. C'était même pas son changement de comportement qui m'avait blessée, c'était la puissance de ses mots. Ça, plus le fait qu'il me dise que j'serve à rien à répétition, plus le fait de l'entendre me dire qu'il me déteste et que personne m'aime à longueur de journée.. Tout à fini par rentrer dans ma tête. Aujourd'hui dans le miroir j'vois le reflet d'un monstre qui a fait fuir ses parents et qui provoque la haine dans les yeux de son frère.. Rien de plus. Au final tout s'est accumulé. J'ai tellement l'habitude du venin d'Idriss Diallo, que ça me fait plus rien. Pire encore, à mon tour je le déteste encore plus que lui prétend me haïr. Si seulement je pouvais lui planter des aiguilles dans les yeux et le laisser brûler devant moi.. Bon Dieu, j'en prends plaisir rien que d'y penser. C'est totalement fou. Franchement c'est fou comme toutes ces conneries m'ont rendue complètement folle.

J'ai les idées sombres et noires.. Sombres et noires comme Jafar.

Double A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant